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Société

Les héroïnes de 2018, celles qui changent le monde et ne se laissent pas faire

2018, année #MeToo, mais surtout année de sororité et de luttes collectives. Hommage à toutes celles qui se sont levées pour la justice, l’égalité, la sororité. Hommage aux Survivantes, aux héroïnes, aux anonymes.

2018, année #MeToo.

L’Histoire commence avec des « moi aussi », et se poursuit par des #NousToutes : des dizaines de milliers de personnes dans les rues de Paris et ailleurs en France. Si le féminisme était le mot de l’année 2017, les féministes ont été les actrices de l’année 2018.

Cette rétrospective est dédiée à toutes celles — et ceux — qui contribuent à changer le monde, un petit pas ou un grand coup de gueule à la fois.

Elle est aussi dédiée à tous les collectifs, toutes celles et ceux qui ont allié leurs forces et leurs convictions pour faire bouger les lignes, parce qu’il faut souvent se mettre à plusieurs pour réussir à les déplacer.

Et en 2018, ensemble, on a fait trembler pas mal de frontières.

Les collectifs qui font bouger les lignes

L’union fait la force, et elles en sont l’incarnation. Big up à celles qui ont trouvé leur propre puissance aux bras des autres.

Les survivantes de Larry Nassar prennent la parole

L’ancien médecin de l’équipe américaine de gymnastique a agressé sexuellement plus de 260 jeunes gymnastes. En juillet 2018, alors que son procès était en cours, les victimes de Larry Nassar ont pris la parole.

Emmenées par le courage d’Aly Rayman, elles s’expriment sur la scène des Arthur Ashe Courage Awards :

« Nos actions, ou notre inaction, peuvent avoir d’immenses effets, qui se ressentent pendant plusieurs générations.

Peut-être que le pire, dans ce tragique cauchemar, c’est qu’il aurait pu être évité. C’est dans le silence que s’épanouissent les prédateurs.

Trop souvent, les gens décident de ne pas s’impliquer. Mais que vous choisissiez d’agir, ou de ne rien faire, vous modelez le monde dans lequel on vit, vous avez un impact sur les autres.

Tout ce qu’il nous aurait fallu, c’est qu’un adulte soit assez intègre pour se dresser entre nous et Larry Nassar.

Tout le monde traverse des périodes difficiles. C’est grâce à l’écoute, grâce à l’empathie que nous pouvons nous donner mutuellement de la force.

Nous souffrons en solitaire, mais c’est ensemble que nous survivons. »

Les milliers d’anonymes de la marche #NousToutes

Le 24 novembre 2018, des milliers d’hommes et de femmes ont défilé dans toute la France à l’appel de #NousToutes pour appeler à la fin des violences sexistes et sexuelles.

Mymy était dans le cortège à Paris, et voici ce qu’elle en dit :

« Cette ferveur populaire m’a mis les poils.

Rarement je me suis sentie aussi en sécurité dans une foule, rarement je me suis sentie autant à ma place. »

C’est Caroline De Haas, co-fondatrice d’Osez le féminisme, qui était à l’origine de ce projet, dont la concrétisation a été cette superbe démonstration de sororité : #NousToutes avons dit stop aux violences sexuelles et sexistes.

Et si l’exposition médiatique n’était pas au rendez-vous, qu’importe : vous et nous, nous savons que ce 24 novembre 2018, nous vivions l’Histoire.

Les autrices de Noire n’est pas mon métier

Elles ont fait une montée des Marches mémorable au Festival de Cannes : un coup de com’ pour un message qu’on espère bientôt (enfin??) obsolète.

16 actrices et comédiennes co-signent un recueil de témoignages ahurissants à lire, pour dénoncer le racisme ordinaire de leur milieu professionnel.

Et oui, en 2018, il faut encore répéter qu’un personnage noir peut être un autre rôle que la femme de ménage, la prostituée, ou encore l’immigrée-qui-ne-parle-pas-français.

Les ados féministes qui ne se laissent pas faire

En septembre, une élève du lycée Jean Moulin de Pézenas contactait Mymy pour lui parler du dress-code sexiste appliqué dans l’établissement :

« Selon la proviseure, les filles doivent s’habiller de façon « décente », c’est-à-dire avec des pantalons, afin que les garçons ne soient pas dérangés dans leur apprentissage scolaire. […]

Chaque jour, des dizaines de filles sont interpellées au sujet de leur tenue. Elle se voient qualifiées « d’indécentes ».

Les tenues en question sont généralement de simples shorts en jean et t-shirts.

Les garçons venant au lycée en shorts qui arrivent en haut de la cuisse, comme ceux des filles, ne se font absolument jamais reprendre. »

L’alerte lancée par la jeune fille a porté ses fruits : quelques heures plus tard, les shorts étaient à nouveau autorisés pour tous ET TOUTES dans son lycée !

En avril, d’autres lycéennes françaises avaient manifesté pour défendre leur droit à porter ce qu’elles souhaitent.

L’année 2018 n’était pas la bonne pour faire avaler des couleuvres sexistes aux adolescentes, ça non. Elles ont appris, et bien retenu, la plus importante des leçons : elles sont en droit d’exiger l’égalité !

Les Irlandaises obtiennent le droit à l’avortement

2018, année historique pour les Irlandaises : en mai, le droit à l’avortement est soumis à référendum.

Jusqu’alors, une disposition de la Constitution protégeait la vie de « l’enfant à naître », et les conséquences étaient dramatiques pour les Irlandaises.

Les femmes enceintes se voyaient refuser des traitements médicaux ou des interventions chirurgicales si les conséquences risquaient de perturber la grossesse — qu’elle soit désirée ou non. Des patientes atteintes de cancer ou d’autres pathologies mourraient alors, faute de soins :

« Irlandaises malades, ne tombez pas enceinte, au risque de vous voir retirer votre traitement. »

Il faut lire ce témoignage déchirant, d’une infirmière irlandaise racontant les conséquences dramatiques de cette loi.

14 décembre 2018, ça y est : la Constitution a été modifiée, la loi a été votée. En Irlande, l’IVG est un droit.

« On a fait l’Histoire. »

Damn right.

Et c’est pas fini : plus d’une trentaine de pays interdisent toujours l’accès à l’IVG dans le monde.

Les Argentines ne lâcheront rien

De l’autre côté de l’Atlantique, la révolte gronde. Les Argentines sont dans la rue pour des manifestations historiques.

Juin 2018, le droit à l’avortement est en débats au Parlement. Spoiler alerte : ça n’est pas passé. L’Eglise a mobilisé ses ouailles, s’est engagée fermement contre l’ouverture du droit à l’IVG, et les conservateurs de tous bords ont fait front.

Impossible, au vu de ces foules vertes, que le combat s’arrête là.

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Big up à toutes celles qui continuent de livrer des batailles, même quand elles les perdent. Surtout quand les défaites font aussi mal.

Les actrices et artistes américaines de #TimesUp

Octobre 2017, des actrices américaines font tomber le premier domino d’une véritable révolution, qui prendra le nom d’Affaire Weinstein.

Janvier 2018, le déferlement des #MeToo se poursuit, mais une autre vague commence à prendre de la hauteur : #TimesUp proclament les actrices américaines, la dernière heure du harcèlement sexuel a sonné.

Les Golden Globes 2018 sont le théâtre d’une nouvelle ère, à Hollywood.

Et dans la musique aussi, les voix s’élèvent. Aux Grammy Awards, elles sont plusieurs à donner le ton. Le nouveau monde est en marche.

La vague atteint les rivages français. Dans l’Hexagone aussi, les actrices prennent le relais des #MoiAussi, avec #MaintenantOnAgit.

Lire la tribune #MaintenantOnAgit sur Libération.

Emma Gonzales et les lycéens américains anti-armes

Le 14 février 2018, une nouvelle fusillade fait 17 morts dans un lycée de Parkland, en Floride.

Emma Gonzales est l’une des survivantes de cette tuerie, et l’une des porte-voix les plus éloquentes d’un véritable mouvement de révolte porté par la jeunesse américaine contre le lobby pro-armes aux États-Unis, la NRA.

Son discours en hommage aux victimes, et contre l’irresponsabilité des adultes, cumule plus de 3 millions de vues.

#NeverAgain scandent les militants, menés par les lycéens survivants de la tuerie de Parkland.

Le magazine Time placarde à sa Une Emma Gonzales et ses camarades de lutte.

À lire aussi : Les conseils d’Emma Gonzalez pour qui veut changer le monde

En France, l’association Parler, de Sandrine Rousseau

Sandrine Rousseau était déjà citée dans notre rétrospective des héroïnes de 2017. Elle redouble, et c’est bien mérité.

Son association Parler permet d’offrir un espace de sécurité, de rencontre et d’écoute à celles qui en ont besoin.

Les Internettes, pour #MonCorpsSurYouTube

On dirait bien que 2018 a été l’année où les meufs se sont passé le mot pour se dire « et sinon, on arrête de se laisser bolosser par le patriarcat, un peu ? »

En 2016 naissaient les Internettes, et en 2018, panique sur YouTube : des créatrices de contenu vidéo s’organisent et décident de dénoncer ensemble la démonétisation récurrente de leurs publications.

Ah ça fait tout de suite plus de bruit quand c’est coordonné par un hashtag qui claque : #MonCorpsSurYouTube, car toutes ces vidéos avaient en commun d’aborder des sujets… très féminins.

Les règles, l’hygiène intime, les seins, les violences sexuelles : en parler ou illustrer ces sujets en vidéo tend à provoquer une démonétisation systématique.

Un peu comme si les robots de YouTube flagguaient ces contenus… Incroyable. (<— Ironie inside).

Les Internettes est une association dont l’objet est la promotion des créatrices de contenu vidéo, ses missions sont variées, et ne se limitent pas à dénoncer le sexisme ! Même si c’est toujours ce qui fait le plus de bruit en 2018.

Les femmes derrière L’Affaire du Siècle

Une pétition record

, qui cumule presque 2 millions de signatures à l’heure où nous bouclons cette rétrospective : c’est celle de « l’Affaire du Siècle », une action en justice portée par 4 ONG, contre l’Etat français.

À lire aussi : Peut-on attaquer l’Etat en justice pour inaction climatique ? — C’est pour bientôt

Alors bien sûr, de nombreuses personnes oeuvrent en coulissent de cette affaire, au sein des 4 ONG, mais également des collectifs Il est encore temps et On est prêt, qui mènent des campagnes de sensibilisation auprès du grand public.

Les 4 ONG qui portent le recours contre l’État sont Greenpeace, la Fondation pour la Nature et l’Homme, Oxfam France et Notre Affaire à Tous.

  • Cécile Duflot est l’actuelle présidente d’Oxfam France
  • Audrey Pulvar est l’actuelle présidente de la Fondation pour la Nature et l’Homme
  • Marie Toussaint est la présidente de Notre Affaire à Tous.

Big up à toutes celles et ceux qui accompagnent et permettent toute cette mobilisation, et big up particulier à celles qui ouvrent les voies.

Les Handballeuses, au sommet !

Car les collectifs qui déboitent, c’est pas seulement dans l’adversité. L’équipe et la force du groupe ne permettent pas que de résister aux pires assauts et de faire plier l’Histoire. Elles permettent aussi de décrocher de belles victoires !

Big up aux handballeuses françaises, championnes d’Europe face à la Russie cette année !

Seules contre tous

Notre soutien indéfectible à celles qui se lèvent seules, et paient bien trop cher un courage que beaucoup envieraient.

Nadia Daam, jusqu’au procès

Octobre 2017, la journaliste Nadia Daam utilise sa tribune quotidienne sur Europe 1 pour gifler les trolls ayant décidé de faire tomber le « numéro anti-relou » mis en place par deux activistes féministes français.

Une partie de la communauté des forums de JVC se lance dans une campagne de harcèlement en ligne d’une rare violence. Nadia Daam porte plainte.

En 2018, une poignée de lâches finit convoquée au tribunal : sept interpellés, et deux condamnations.

C’est pas encore assez sévère, mais c’est un premier pas vers une meilleure justice envers les violences sexistes.

À lire aussi : Nadia Daam met un « coup de patte » aux violences gynécologiques

Marie Laguerre, guerrière de rue

La robe rouge de Marie Laguerre a fait le tour de France : une jeune femme marche dans la rue, est suivie par un mec qu’elle n’a pas l’air de connaître.

Elle se retourne, l’envoie bouler. Il la course, et la frappe au visage.

Marie Laguerre est victime d’une spectaculaire agression de rue, des plus gratuites. Et les images capturées par la caméra d’un bar provoquent l’émoi sur Internet.

Elle a porté plainte… Et a été menacée de mort pour avoir porté plainte.

https://twitter.com/LucieRonfaut/status/1070680657536393227

La vie des meufs en 2018, c’est pas encore un long fleuve tranquille. Mais ensemble, on navigue de plus en plus habilement à travers les rapides.

Zineb El Rhazoui, menacée de mort

Zineb el Rhazoui est une journaliste franco-marocaine de 36 ans qui a auparavant fait partie de la rédaction de Charlie Hebdo. C’est « l’une des femmes les plus protégées de France ». Et elle n’a pas renoncé à exprimer sa pensée, même si ça lui vaut des menaces de mort.

Soutien à Zineb el Rhazoui, menacée de mort après ses propos sur l’islam.

Sophia Aram, fidèle au poste

Attention, il y avait un double jeu de mots dans ce titre. « Au poste », parce que Sophia Aram occupe un créneau régulier chaque lundi matin sur France Inter.

Et « fidèle » au double-sens laïc et religieux du terme, car Sophia Aram n’épargne aucun extrémisme, quel qu’en soit la paroisse ou le minaret.

De la Manif Pour Tous aux intégristes islamistes les plus dangereux, Sophia Aram n’épargne aucun ennemi idéologique de l’Égalité, de la tolérance et du respect.

Et par les temps qui courent, c’est un courage qui se félicite. Oui, elle était déjà citée dans notre rétrospective 2018, pour les mêmes raisons.

Nikita Bellucci, courageuse et fière

Nikita Bellucci, ancienne actrice X, a décidé de ne pas se laisser faire en 2018.

Elle a d’abord poussé un coup de gueule : « Ce n’est pas aux travailleurs et travailleuses du sexe d’éduquer vos gosses ».

Puis Nikita Bellucci a porté plainte, car elle a reçu des menaces de mort. Un des harceleurs a été condamné à de la prison ferme.

Et en toute fin d’année, le 21 décembre, Journée de l’Orgasme, Nikita Bellucci s’est associée aux effronté·e·s pour dire : je veux #JouirDeMesDroits

Les voix qui portent loin

Sexisme ordinaire, médisance, rageux de tous bords glissent sur leurs ailes comme l’eau sur les plumes d’un canard*. Big up à celles qui parlent suffisamment fort et suffisamment bien pour que leurs voix portent au-dessus de la mêlée.

*Ref’ très spéciale au Sois gentille de Cécile Duflot

Greta Thunberg, activiste écolo de 15 ans

Greta Thunberg a 15 ans

, elle est suédoise, et elle n’a plus aucune patience pour l’inaction des décideurs politiques vis-à-vis de l’urgence climatique.

Elle a pris la parole à la COP24, la voici synthétisée par l’efficacité de BRUT.

Le 24 novembre 2018, Greta Thunberg était l’une des invitées de l’événement TEDx à Stockholm.

La jeune femme appelle tous les élèves du monde entier à refuser d’aller à l’école, jusqu’à ce que les gouvernements se décident à agir.

« Quel est l’intérêt de travailler pour préparer un avenir que nous n’aurons pas ? » demande la lycéenne suédoise ?

Jameela Jamil, en lutte contre les complexes

Jameela Jamil, c’est Tahani dans The Good Place — et rien que pour ce rôle, elle mériterait un autel à sa gloire.

Quand elle n’est pas sur les plateaux de tournage, l’actrice consacre beaucoup de temps et d’énergie à la lutte contre les complexes et notamment les faux corps féminins « parfaits » omniprésents sur Instagram.

https://twitter.com/jameelajamil/status/1072558783455473664

Jameela Jamil a créé @iweigh, un compte Instagram rappelant que la valeur d’une femme ne se mesure pas au nombre de kilos qu’elle pèse.

Elle a rappelé à l’ordre Kim Kardashian quand cette dernière a fait la promotion de sucettes coupe-faim dans des posts sponsorisés — supprimés depuis.

Elle a dénoncé la publicité mensongère pour des produits minceur « miracle », menée par des influenceuses sur Instagram.

Jameela Jamil a trouvé son cheval de bataille : aider chaque femme à s’aimer comme elle est, et dénoncer les idéaux impossibles à atteindre. Bravo !

Ruth Coppinger, #ThisIsNotConsent

En novembre 2018, un procès pour viol a secoué l’Irlande.

L’homme accusé d’avoir violé une jeune femme de 17 ans a été acquitté. Pendant sa plaidoirie, son avocate a notamment déclaré :

« Vous devez voir la manière dont elle était habillée. Elle portait un string en dentelle. »

La députée Ruth Coppinger

a saisi le Parlement pour dénoncer à la fois ce verdict et cette idée reçue selon laquelle les vêtements feraient office de consentement.

L’élue a brandi un string devant ses collègues en scandant « This is not consent » : ceci n’est pas un consentement. Le mot d’ordre était né. Et le monde entier a répété, de plus en plus fort : #ThisIsNotConsent.

Marlène Schiappa, sur tous les fronts

Marlène Schiappa aura certainement été, en 2018, la meilleure représentante publique du féminisme mainstream.

Il fut un temps pas si lointain où le mouvement féministe n’avait pas de voix. Ou plutôt, il en avait plein. Il y a autant de féminismes que de féministes qui s’en revendiquent, et tant mieux : que chacun et chacune d’entre nous s’approprie le combat universel pour l’égalité.

Néanmoins, cette parcellisation extrême du discours féministe tend à poser un problème évident : quand il serait bon d’avoir une féministe prête à réagir sur un plateau télé, on invite qui ? Qui nous représente ?

Et puis, Marlène Schiappa, Secrétaire d’État en charge des droits des femmes, s’est retrouvée sur le même plateau télé que Jean-Claude Vandamme. Et c’était jouissif.

Tout au long de l’année 2018, Marlène Schiappa a enchaîné les apparitions médiatiques, pour faire le service avant et après vente du féminisme, en pratique.

Pourquoi la société doit changer, pourquoi de nouvelles lois doivent passer, pourquoi celles qui sont déjà en vigueur doivent être respectées…

Pédagogie et fermeté ont été les maître-mots de sa communication. Mais elle n’a pas uniquement mené des actions de communication : en 2018, Marlène Schiappa a fait adopter sa loi de lutte contre les violences sexistes et sexuelles.

C’est elle qui fait, pour la première fois, qualifier le harcèlement de rue dans la loi : ce sera un délit, l’outrage sexiste, passible d’amende.

À lire aussi : Plus de 400 condamnations pour délit d’outrage sexiste en 8 mois

Il y a 5 ans, c’était une épuisante banalité pour les femmes, une légende urbaine pour le reste du monde.

En France, en 2018, c’est désormais un délit.

Les Reines de leur game

Il paraît qu’être une femme libérée, tu sais c’est pas si facile, alors big up à celles qui excellent dans leur art, leur sport, leur domaine, envers et contre les relents du passé et les accidents de vie.

Ariana Grande, contre vents et marées

Soyons honnêtes deux secondes : quelle année de merde pour Ariana Grande.

Un hommage aux personnes décédées lors d’un attentat ayant frappé son concert de Manchester, un an plus tôt.

Sa rupture avec Mac Miller, pour laquelle elle a été blâmée. Puis la mort de Mac Miller, pour laquelle elle a AUSSI été blâmée.

Oh, et ce moment où un pasteur lui a peloté les seins pendant les funérailles d’Aretha Franklin. DÉTENTE.

Ariana Grande aurait eu toutes les bonnes raisons du monde pour voir sa flamme s’éteindre, pour faire une pause, pour arrêter. Mais elle a tenu bon.

Elle s’est concentrée sur le positif et a même offert au monde Thank u, next, tube feel-good de fin d’année et son clip incroyable bourré de références.

Je pense qu’à chaque difficulté, je me dirai « Si Ariana Grande a survécu à 2018, tu peux survivre à ça ». Et plus rien ne me résistera.

Aya Nakamura, dans son comportement en tête des charts

ÉVIDEMMENT ! Comment parler des femmes qui ont marqué 2018 sans parler de LA révélation musicale féminine de l’année ?

Aya Nakamura sort Djadja en avril, et très vite toute la France se déhanche sur le rythme entêtant et les paroles empouvoirantes de la jeune femme.

Quelques mois plus tard, la chanteuse est en Street Style dans la cour de la rédac ; l’occasion pour Louise d’expliciter pourquoi Aya Nakamura a bien sa place sur madmoiZelle.

À lire aussi : Pourquoi la fourrure choque plus que la viande ? (Réponse aux commentaires sur Aya Nakamura)

Ada Hegerberg, ballon d’or sachant dribbler

Le 3 décembre 2018, Ada Hegerberg, joueuse de football au club français de l’Olympique Lyonnais, est devenue la première femme à recevoir un Ballon d’Or.

Joie, feux d’artifices et cotillons… Jusqu’à ce que l’hôte de la soirée, Martin Solveig, demande à la championne en lui remettant son prix :

« Est-ce que tu sais twerker ? »

Est-ce que tu sais respecter les athlètes ?

Ada Hegerberg, majuestueuse, s’est élevée au-dessus de cette bassesse pour profiter comme il se doit des honneurs qu’elle mérite.

Cardi B recadre son ex

Cardi B vit sa life et son succès. Elle devient la première femme à être programmée en tête d’affiche du festival Rolling Loud.

Quand soudain, sa prestation est interrompue par un happening des plus douteux.

Son ex, le rappeur Offset, s’imagine qu’il est hypeeeeer romantique de débarquer sur scène, gâteau, fleurs et pyrotechnie de circonstances, pour supplier Cardi de le reprendre.

Il faut lire ce qu’en écrit Mymy :

« Le romantisme n’excuse pas tout. Quand on aime une personne, on la respecte. On respecte sa vie, ses obligations.

On ne lui vole pas la vedette, on ne perturbe pas son travail en ne pensant qu’à soi. »

Les artistes éloquentes

Sur grand ou petit écran, dans nos oreilles ou devant nos yeux, ces artistes utilisent leurs talents pour nous divertir, mais pas seulement…

Hannah Gadsby, une claque nécessaire

Juillet 2018. Le tout-Internet bruisse du même mot, comme un prénom doux, comme un surnom. Le bouche-à-oreille enfle, se fait assourdissant.

Ce mot ? Nanette. Le titre du seule en scène d’Hannah Gadsby, enfin disponible sur Netflix.

Voilà ce que j’écrivais juste après avoir vu Nanette, d’Hannah Gadsby :

« Dans Nanette, Hannah Gadsby parle d’homosexualité. D’homophobie. De coming-out.

D’être une femme. De la violence masculine. De la culture du viol. D’être confondue avec un homme.

D’art. De Van Gogh. De santé mentale. Du prix de la créativité.

D’humour. De ce que veut dire l’humour quand on fait partie d’une minorité. […]

Nanette mérite d’être découvert avec l’esprit bien ouvert. C’est un diamant brut qui se mérite, qui surprend, qui force à se faire violence, à ne pas fuir les sujets difficiles. […]

Regardez Nanette, et parlez-en. Parlons-en. Car chaque mot de ce spectacle est important. »

Blanche Gardin, Molière à l’Humour noir

Lundi 28 mai, Blanche Gardin est sur la scène de la cérémonie des Molières, qui récompense les meilleur·es artistes de théâtre.

Elle doit remettre le Molière de l’Humour, et se le remet à elle-même à l’issue d’un sketch pertinent, sarcastique et hilarant.

Pertinent, sarcastique et hilarant : voilà qui qualifie superbement le style de Blanche Gardin, dont le dernier spectacle Je parle toute seule est #DispoSurNetflix !

Bagarre, sur la masturbation féminine

C’est innocent comme un clip de musique, et précieux comme un joyau : Diamant est le nom du titre signé Bagarre, qui leur vaut une nomination dans cette rétrospective.

Parce que le clip de Diamant met en scène la masturbation féminine, et wow, depuis Bref et son protagoniste qui se secoue la nouille un épisode sur deux, on attendait la désacralisation de l’équivalent vulvaire.

Merci Bagarre ! Doro a invité Emmaï Dee, la chanteuse du groupe, à passer devant sa caméra : un Street-Style de qualité, à (re)découvrir ci-dessous !

Le crew du film À Genoux les Gars

Une comédie sur le viol ?

Il fallait oser. Il fallait surtout la réussir, et le contrat est rempli par le crew du film À Genoux les Gars : Antoine Desrosières et Anne-Sophie Nanki co-signent le scénario avec les deux actrices Inas Chanti et Souad Arsane.

Le résultat ? Une véritable comédie, sur un sujet véritablement sérieux. De l’absurde et du réalisme, de l’authenticité et de la caricature, du sincère et du ridicule : impossible de décrire le savant mélange de ce film.

Inas Chanti et Souad Arsane sont toutes deux nommées dans les Révélations 2019 des Espoirs féminins du cinéma français. C’est amplement mérité.

Des heures et des heures de tournage ont servi à produire non seulement un film, mais aussi une websérie, que madmoiZelle est fière de partager régulièrement sur sa page Facebook, et que tu peux également retrouver sur YouTube.

Marine Baousson, dans La Lesbienne Invisible

Marine Baousson

a commencé 2018 en confiant son parcours et son rapport à l’apparence, au corps et au poids au micro de Clémence Bodoc, dans Sois gentille, dis merci, fais un bisou.

Elle a passé l’été à Avignon, à rôder sa reprise de La Lesbienne Invisible, un spectacle écrit et joué à l’origine par l’artiste Océanerosemarie.

Océan étant passé à d’autres projets professionnels, il cherchait une comédienne pour reprendre son spectacle.

Entre ses représentations de La Lesbienne Invisible, Marine Baousson trouve le temps de mettre le feu aux One Mad Show, le plateau humour et musique de madmoiZelle, qu’elle anime chaque premier lundi du mois, à La Nouvelle Seine.

En février 2019, le One Mad Show sera présent au festival de l’Humour, pour une date exceptionnelle le 19 février à Bobino ! Prends ta place avant qu’il n’y en ait plus !

Les coups de cœur de la rédac

Anonymes ou reusta planétaires, celles qui ont touché au coeur les rédactrices de madmoiZelle. Une liste clairement non exhaustive.

Les créatrices de FEMPO

Fanny et Claudette

sont les créatrices de FEMPO, les culottes de règles françaises.

Avant elles, la culotte spéciale menstrues était un doux rêve américain : nous regardions les pubs de Thinx et pleurions des larmes de sang devant le coût des frais de port, prohibitif.

Et le slip de règles fut, grâce à Claudette et Fanny de FEMPO. Testé et approuvé par QueenCamille et Elise.

La Patrie reconnaissante vous remercie.

Dr Laura Berlingo, gynéco pédago

En 2018, on a pas mal entendu parler de violences gynécologiques. Il faut dire que la grogne montait depuis 3 ans maintenant, depuis la polémique « Point du mari » en passant par celle des touchers vaginaux sur anesthésie jusqu’au hashtag #PayeTonUtérus, le sujet était en gestation.

À lire aussi : La maltraitance gynécologique est à nouveau dénoncée par les patientes

Alors une voix de gynéco bienveillante, féministe et concernée, ça vaut bien une mention parmi les meufs les plus badass de l’année.

Nous sommes fières de tendre chaque semaine le micro au Docteur Laura Berlingo, qui co-anime Coucou le Q avec QueenCamille, le podcast sexo de madmoiZelle.

Gynéco engagée, Laura Berlingo ne prend pas de répit pendant les fêtes : ce 28 décembre, elle co-signe une tribune publiée par Le Monde, pour favoriser la mixité dans les métiers de la Santé.

À lire aussi : Gynéco & consentement : mon corps, mon choix !

Natacha, warrior hypersensible

Natacha fait partie des lectrices de madmoiZelle qui sont venues nous parler d’elles et de leur force dans le cadre de notre partenariat avec Cacharel, pour la sortie de leur parfum Yes I am.

Madz x Cacharel – Lectrices (c) Laura Gilli-6

L’adjectif qui qualifie le mieux Natacha, c’est hypersensible. Une capacité à vivre les choses à 300% qu’elle voit aujourd’hui comme une force et non plus comme une faiblesse.

« Soit tu acceptes mon hypersensibilité et tu restes dans mon cercle, soit t’es pas d’accord et du coup : tu te casses. »

Sa façon de percevoir cette part de sa personnalité encourage plus que jamais à s’accepter telle que l’on est !

Lalaa Misaki fait bouger la mode « grandes tailles »

Lalaa Misaki est styliste, mannequin, blogueuse et surtout une meuf qui dégage une énergie incroyablement communicative  !

Cette année elle a sorti sa toute première collection « grandes tailles » avec Gémo !

Des années à écouter les femmes qui veulent s’habiller avec des fringues stylées sans trouver leur bonheur lui ont permis de présenter une collection à succès, suivie en novembre par une deuxième collab.

Elle nous avait fait le plaisir de sa présence et de sa participation à un podcast sur le rapport au corps aux côtés d’Elise et Mymy.

Samirah Raheem, mon héroïne anti-slut shaming

Samira Raheem est une mannequin que j’ai découverte en juillet dernier, à l’occasion de la « Marche des Salopes » de New-York.

Interwievée par l’activiste réac Jesse Lee Peterson, elle lui a expliqué avec panache et force sel en quoi consiste le slut-shaming.

Je ne suis pas sûre qu’il ait tout compris mais depuis j’ai au moins le plaisir de suivre cette meuf sex et body positive sur Instagram et c’est mon rayon de soleil de l’année et de celles à venir…

Clémence Bodoc, rédac cheffe de madmoiZelle

Salut c’est Mymy, et promis c’est pas par fayotage que je mets Clémence ici ! J’ai jamais aimé lécher des bottes, quand bien même ce sont des bottes véganes.

Clémence Bodoc, dont j’ai la chance d’être l’adjointe, fait partie des femmes qui changent le monde. Et elle l’a fait de deux façons bien précises cette année (en plus de son boulot quotidien pour faire tourner madmoiZelle).

En septembre, elle a participé à la toute première université d’été du féminisme, où elle a déclamé une superbe réflexion intitulée Peut-on être féministe et populaire ?. Extraits :

« Être féministe, c’est être fidèle à soi-même, à celle que l’on a envie d’être, en s’affranchissant des injonctions contradictoires qui visent à nous maintenir bien sagement dans nos cases. […]

Être féministe, pour moi, ça a été une libération. C’était conquérir le choix d’être qui je veux être. Et tous les mots sont importants. […]

Il y a belle lurette que j’ai renoncé à être populaire. J’ai choisi d’être efficace. »

BOOOOM BÉBÉ.

Vous pouvez revoir l’intervention de Clémence dans le replay du Facebook Live ci-dessous, à partir de 2h !

Et en plus de ça, au fil des mois, Clémence a mis à jour son fantastique podcast Sois gentille, dis merci, fais un bisou, dans lequel elle reçoit d’autres femmes inspirantes, comme elle, qui changent le monde, comme elle.

Tu peux écouter l’épisode de Florence Porcel, Pénélope Bagieu, Jack Parker, Bérengère Krief ou Maïa Mazaurette, pour ne citer qu’elles, au micro de Clémence Bodoc !

Anouk Perry, nouvelle voix incontournable

Anouk Perry est l’ancienne rédactrice sexo de madmoiZelle

. En quittant la rédac, elle a décidé de se lancer un défi : devenir podcasteuse indépendante et arriver à en vivre.

L’année 2018 a été rythmée par ses créations sonores uniques en leur genreRetrouve ton porcEnlèvement par des extraterrestresQui m’a filé la chlamydia ?

Anouk Perry a même remporté un prix pour son incroyable reportage La délicatesse des gang-bang !

Ses créations sont comme elle : anticonformistes, rock’n’roll, irrésistibles. Anouk a toujours aimé creuser du côté de ce que les gens n’osent pas dire. Et elle arrive à l’enregistrer en podcast !

Esther prête sa plume aux féministes des 4 coins du monde

Ici Clémence Bodoc, pour conclure cet article, avec ce qui augurera je l’espère la prochaine rétrospective. C’est vrai qu’en France, en Occident, l’égalité progresse, et a déjà énormément progressé.

C’est vrai qu’ailleurs dans le monde, il y a encore beaucoup de chemin à faire pour les droits des femmes.

Cette année, Esther est allée à la rencontre des jeunes femmes aux 4 coins du monde : au Sénégal, au Liban, en Irlande au moment du référendum historique pour l’obtention du droit à l’avortement, au Chili et en Argentine au moment où des manifestations non moins historiques faisaient une démonstration de force pour la même chose.

trombi_esther

En 2017 aussi, Esther était citée dans notre rétrospective pour ses travaux sur les violences sexuelles entre enfants. Et en 2018 non plus, ses travaux n’ont pas eu l’audience qu’ils méritaient.

Je crois que les histoires des autres, lorsqu’elles sont trop lointaines, ne nous touchent pas assez.

Mais je crois aussi qu’à travers le monde, les histoires des femmes n’ont jamais été aussi proches, aussi liées.

« C’est ensemble que nous survivons » disait Aly Rayman, au nom des survivantes de Larry Nassar. Et c’est ensemble aussi que nous triompherons.

2018, c’était le tour de chauffe de la révolution féministe. Attention à toi 2019 : les femmes les plus badass de l’univers sont de sortie, et elles ne t’ont pas attendue pour (re)conquérir leur vie.

À lire aussi : Ces femmes qui ont donné de la voix et ouvert des voies en 2017


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Les Commentaires

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Avatar de Pistolay
6 janvier 2019 à 20h01
Pistolay
Ah mais je retire ce que je dis, si Marlene Schiappa est une héroïne on est tous des héroïnes, même toi là-bas dont la contribution la plus forte à la cause féministe est de ne pas harceler des femmes dans la rue. La meuf elle est visiblement plus intéressée par sa propre réussite sociale que par la cause des femmes.

Si jamais ça intéresse quelqu'un, la merveilleuse pièce de théâtre Top Girls de Caryl Churchill traite de ce sujet. Elle a été écrite en 1982, mais énormément de choses sont (malheureusement) toujours valables aujourd'hui. Elle a été écrite à l'époque de l'élection de Thatcher au Royaume-Uni, et les thèmes principaux sont la famille, le travail, le sexisme, le classisme et la rivalité entre les femmes que Churchill critique.

J'ai envie de faire découvrir cette pièce à des gens, elle m'a vraiment marquée
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