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Vie quotidienne

Comment le mariage pour tous m’a aidé à faire mon coming out

Cyril est homosexuel. Il y a cinq ans, alors que le débat autour du mariage pour tous battait son plein en France, il a décidé de faire son coming out. Il raconte comment la loi Taubira l’a aidé à oser se dévoiler.
Le 23 avril 2013, le Parlement adoptait la loi mariage pour tous, permettant aux couples de même sexe de pouvoir se marier. Le 17 mai 2013, la loi est entrée en vigueur.

madmoiZelle célèbre les #5ansMariagePourTous avec vos témoignages ! Envoyez vos histoires à jaifaitca[at]madmoizelle.com, avec en objet : #5ansMariagePourTous !

À l’époque du mariage pour tous je venais de finir le lycée. J’avais 19 ans, je n’étais pas forcément très à l’aise dans mon corps et mes baskets. Je savais que j’étais gay. En revanche très peu de personnes le savaient aussi.

Je n’avais pas fait de coming out. Seuls quelques amis proches étaient au courant de mon orientation sexuelle.

Face au débat sur le mariage pour tous, des sentiments mitigés

À l’époque des sempiternels débats sur le mariage pour tous, je ne m’assumais pas encore. Et cette émulsion me partageait entre plusieurs émotions.

D’un côté la colère et la peine de voir autant de personnes se mobiliser dans les rues, dans les médias, sur les réseaux sociaux, pour s’opposer à ce que j’ai les mêmes droits qu’eux.

Des inconnus me disaient, au travers des écrans, que j’étais contre nature, que je représentais une forme de décadence, de perversion.

Ils lâchaient aux yeux et aux oreilles du monde entier de la haine envers ce qu’ils ne comprenaient pas.

À lire aussi : Non, M. Macron, on n’est pas « humilié » par une loi qui répare une injustice sociale

De l’autre côté, j’ai ressenti une immense joie et beaucoup de fierté de voir la tolérance et l’amour défiler dans les rues et s’exprimer à l’assemblée nationale. J’ai vu tous ces gens se rassembler pour se battre pour mes droits.

Et j’en reste encore ému aujourd’hui (ça me fout les poils carrément !).

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Je n’ai jamais vraiment voulu me marier et je ne le souhaite pas davantage aujourd’hui, mais au travers de cette bataille pour le mariage pour tous, il y avait bien plus que des questions de législation.

Au travers de tout cela, une grande partie de la France s’est exprimée pour faire reculer la haine et prôner la tolérance et l’égalité.

Ces gens je les remercie, aujourd’hui encore, de s’être battus pour mes droits à une époque où je n’avais pas la force et le courage de le faire.

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Cinq années déjà pour le mariage pour tous

Aujourd’hui, sur Facebook j’ai vu que cela fait déjà cinq ans. Cinq années que le mariage pour tous a été voté. Cinq années que j’ai fait mon coming out.

Eh oui, en écrivant les premières lignes de ce témoignage je viens de réaliser que je suis sorti du placard en plein débat sur le mariage pour tous !

Quand je dis que j’ai fait mon coming out, cela signifie que j’ai parlé de mon homosexualité à mes parents et mes frères.

C’était l’élément décisif, la seule barrière que j’avais. Après cela, le reste a suivi très facilement.

À lire aussi : Quand faire son coming-out devient un cadeau

Le timing était donc un peu particulier, mais c’était le mien.

Avant aujourd’hui je ne m’en été pas rendu compte, mais je constate que le mariage pour tous m’a sans doute beaucoup aidé. Voir ces milliers de personnes qui se battaient. Voir tous ces gens qui les soutenaient, autour de moi.

Moi qui pensais que le monde m’était hostile… J’ai vu, face à ces combattants et combattantes, tous ces gens qui prônait la haine et l’intolérance. Ça m’a donné de la force.

La force d’accepter pleinement qui j’étais et la force de faire face à tout ce qu’on pourrait me dire. Le mariage pour tous en soi n’a pas changé ma vie, mais l’effervescence qu’il a suscité a bouleversé mon p’tit cœur et a fait faire un virage à 90° à mon existence.

Et quelque part, j’espère que ça a fait bouger les lignes, vers plus de tolérance.

Le mariage pour tous, comme un goût de fragilité

Je me suis toujours dit qu’un anniversaire, c’est pas fêter le fait de vieillir, c’est fêter le fait d’être toujours en vie. Et d’avoir survécu un an de plus, parce que la vie est fragile.

Du coup, en fêtant les cinq ans du mariage pour tous, je me pose un peu la question : est-ce un exploit ? Est-il si fragile, ce droit, pour qu’on fête ses cinq ans ?

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Je suis content et fier de cette avancée en France et dans le monde. Parallèlement à cela je suis triste de voir presque chaque semaine des posts sur les réseaux sociaux concernant des agressions homophobes en France.

Je suis encore plus triste de voir dans le monde les persécutions que les homosexuels subissent (je pense notamment à la situation en Tchétchénie).

Cela me rappelle constamment que le combat n’est pas fini. Le combat… oui, parce qu’il faut se battre pour ces choses-là. Malheureusement.

Il faut se battre pour la tolérance. Et il faut se battre pour que certains puissent simplement vivre leur vie.

Il faut se battre pour que les mômes des générations futures ne soient plus persécutés pour ce qu’ils ou elles sont et ce qu’ils ou elles n’ont, par conséquent, pas choisi.

Paradoxalement, il faut se battre pour pouvoir s’aimer.

À lire aussi : Ces questions qu’on n’ose pas trop poser aux hétéros

La semaine du mariage (pour tous ?)

Pour finir sur une note un peu moins hard, une coïncidence cocasse : l’anniversaire du mariage pour tous tombe la même semaine que le mariage de mon cousin.

De ce côté-là de la famille, personne n’est au courant à mon sujet. Mon père préfère que je ne dise rien.

Je ne dirais pas que ça me fait de la peine, car je ne suis pas proche d’eux, mais c’est dommage.

Et je ne peux pas m’empêcher de penser que c’est lié. On ne peut pas se rapprocher des gens quand on joue un rôle en permanence. Et je me dis que mon homosexualité m’a sans doute un peu coupé d’une partie de ma famille.

Mais c’est ainsi, pour le moment du moins.

« Célébrer » l’amour, seul, 5 ans après le mariage pour tous

À ce mariage, il y aura toute ma famille : oncles, tantes, cousins, cousines, grands-parents. Mes frères viendront accompagnés, mon père aussi, comme la majorité des personnes présentes. Mais moi non.

Mon copain restera chez lui, et je viendrai seul.

Alors ce n’est pas dramatique, mais voilà, je ne peux pas m’empêcher de trouver ça un peu triste. Un mariage pour moi c’est le jour où on célèbre l’amour, et pourtant, une fois de plus le mien restera à l’extérieur…

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Une fois de plus, je vais écouter un prêtre, me rappeler que le mariage est le sacrement de l’Amour entre un homme une femme.

Une fois de plus je vais croiser le regard de mes frères un sourire en coin, un peu désolés.

Et je sourirai en attendant la sortie de l’église.

Une fois de plus, on me posera des questions sur ma vie amoureuse, et je n’y répondrai qu’à moitié. Et qu’on se le dise… ça fait chier !

Mais qui sait : un jour, peut-être que je changerai d’avis. Et ce jour-là je serai enfin à l’aise à un mariage, sans grande robe blanche et sans voile, mais avec tout l’amour des gens qui auront rendu ce jour possible.

BIG UP !

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Merci à Euuh… Stache ! pour son témoignage et ses chouettes dessins. Tu peux le suivre sur Snapchat via son pseudo : eustacheb2017 mais aussi sur Instagram et Facebook.

Pour visiter son blog c’est par ici.

À lire aussi : #5ansMariagePourTous : je suis toujours dans le placard, mais la porte est moins lourde

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Les Commentaires

10
Avatar de Leona B.
1 mai 2018 à 14h05
Leona B.
Ce n'est pas simplement un problème de classe sociale et financière : dans la Manif' pour Tous, il y avait beaucoup de monde qui faisaient partie d'une classe sociale favorisée. Les gens comme Christine Boutin, Frigide Barjot, ... sont des gens éduqués, et pourtant
C'est pour ça que je disais aussi que c'était une question "culturelle" ... c'était maladroit, mais c'est une question de milieu. Même si je ne suis pas certaine que tous les catholiques favorisés soient vraiment des Christine Boutin
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