Une étude inédite sur des milliers d’adolescents
Les chercheurs du National Institute of Mental Health (États-Unis) ont suivi plus de 7 000 jeunes âgés de 9 à 13 ans pour comprendre comment les réseaux sociaux affectent leurs capacités cognitives.
Publiée le 13 octobre 2025 dans JAMA Pediatrics, l’étude s’appuie sur des examens IRM et des tests de mémoire et d’attention réalisés sur plusieurs années.
Le constat est clair : les adolescents les plus exposés aux réseaux sociaux affichent des performances plus faibles en lecture et en mémoire verbale. Leur cortex préfrontal (la zone impliquée dans la planification, l’attention et le contrôle des impulsions) montre aussi des schémas d’activité différents.
Les notifications et les “likes” déclenchent dans le cerveau une petite dose de dopamine, l’hormone du plaisir. Rien de dramatique en soi : le problème, c’est la répétition. À force d’être stimulé, le cerveau adolescent s’adapte à ce rythme constant de récompenses, et il devient plus difficile de se concentrer sur une tâche longue, comme une lecture ou un devoir de maths.
Des effets qui varient selon les usages
Faut-il en conclure que les réseaux sociaux rendent nos ados “moins intelligents” ? Pas si vite. Les chercheur·ses insistent : ce n’est pas tant la présence sur les réseaux que la manière dont ils sont utilisés qui compte.
Ce que les chercheurs soulignent, c’est que l’effet dépend beaucoup de la manière dont les ados utilisent les réseaux.
Ceux qui passent leur temps à scroller entre vidéos, messages et musique ont tendance à perdre en attention. En revanche, ceux qui utilisent leurs applis pour apprendre, créer ou échanger avec des amis autour d’un projet ne présentent pas les mêmes difficultés.
D’autres travaux, menés ces dernières années, confirment cette idée : les écrans ne sont pas forcément nocifs, mais leur usage multitâche et passif peut fragiliser la mémoire de travail et la capacité de concentration. En revanche, un usage réfléchi ou créatif peut développer d’autres compétences, comme la communication ou la pensée visuelle.
Un cerveau en pleine construction
Entre 10 et 20 ans, le cerveau subit une profonde transformation. Les zones responsables du raisonnement, de la régulation émotionnelle et de la prise de décision — notamment le cortex préfrontal — ne sont pas encore totalement matures. À cet âge, le cerveau est donc particulièrement sensible aux gratifications immédiates : likes, partages, réactions…
Les réseaux sociaux exploitent précisément ce mécanisme en proposant des récompenses constantes.
L’adolescent, dont les circuits de la récompense sont en pleine effervescence, risque alors de chercher à reproduire ces micro-plaisirs au détriment d’activités plus lentes ou plus complexes. Ce fonctionnement n’est pas une faiblesse, mais une étape naturelle du développement. L’enjeu est de l’accompagner sans culpabiliser.
Comment aider les jeunes à garder la main sur leurs écrans
Interdire les réseaux n’est ni réaliste ni efficace. Ce qui fonctionne, c’est de mettre en place un cadre clair et de favoriser la discussion autour de leurs usages. Les parents peuvent :
- instaurer des moments sans écran (repas, avant le coucher, week-ends déconnectés) ;
- désactiver les notifications inutiles ;
- encourager les activités créatives ou physiques ;
- parler ouvertement de ce qu’ils voient en ligne.
Les adolescents ont besoin de comprendre ce qui se passe dans leur cerveau pour apprendre à gérer eux-mêmes leur attention. Certaines écoles aux États-Unis expérimentent déjà des ateliers sur la gestion du temps d’écran et la concentration, au même titre que l’éducation à la santé ou à la sexualité.
L’enjeu : éduquer à l’attention
Les réseaux sociaux font désormais partie du quotidien des jeunes, et vouloir les supprimer reviendrait à ignorer une réalité sociale. Le défi, pour les parents comme pour les enseignants, est d’apprendre aux enfants à maîtriser leur attention dans un monde qui la sollicite sans cesse.
Apprendre à scroller en conscience, à faire des pauses, à différencier le besoin de se divertir du réflexe de se distraire : c’est peut-être là la clé d’un rapport plus sain aux écrans. Car le problème n’est pas la technologie en elle-même, mais l’équilibre entre ses usages et le reste de la vie.
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