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Les compagnons virtuels d’IA séduisent les ados, mais inquiètent les parents et les experts

De plus en plus d’enfants et d’adolescents se tournent vers des chatbots d’intelligence artificielle pour discuter, se confier ou combler une solitude grandissante. Si ces « amis virtuels » peuvent offrir une oreille attentive, ils soulèvent aussi des inquiétudes sur la santé mentale, la dépendance et la sécurité des jeunes.

Une nouvelle forme d’amitié numérique

En France comme ailleurs, les adolescents découvrent de plus en plus les compagnons virtuels d’IA via des applications comme Character.AI ou Replika, ou directement à travers les fonctionnalités intégrées à Snapchat et TikTok.

Si les enquêtes françaises estiment qu’environ un jeune sur cinq a déjà interagi avec ce type d’outil, les chiffres américains montrent une pénétration encore plus forte, avec près d’un tiers des 11-17 ans ayant déjà recours régulièrement à un chatbot.

Dans les deux cas, le constat est similaire : ces IA offrent une présence constante, personnalisable et toujours disponible, qui attire particulièrement les jeunes en quête d’écoute.

Pour beaucoup, c’est un moyen de se confier sans craindre le jugement des adultes ou de leurs pairs. La nuance, toutefois, réside dans la perception : la majorité des adolescents français considèrent encore ces échanges comme un complément ponctuel, tandis qu’aux États-Unis certains jeunes déclarent préférer leurs conversations avec une IA à celles qu’ils entretiennent avec de véritables amis.

Entre soutien émotionnel et risque de dépendance

Ces IA sont conçues pour maintenir l’attention et créer un lien fort. Certains jeunes développent une attache qui dépasse le simple divertissement.

Des psychologues alertent : l’enfant peut confondre la relation avec une IA — programmée pour répondre avec empathie — avec une véritable relation humaine. Le risque est alors de voir l’adolescent s’isoler davantage, préférant un compagnon numérique à des échanges avec ses pairs ou sa famille.

Le cas dramatique d’un adolescent dont les parents accusent un chatbot d’avoir aggravé sa détresse avant son suicide a récemment marqué l’opinion publique. Si la responsabilité directe de l’IA reste difficile à établir, l’affaire illustre la fragilité de ce terrain encore peu encadré.

Des garde-fous encore insuffisants

La question de la sécurité est centrale. Certains chatbots ne disposent pas de filtres efficaces contre des propos inappropriés, violents ou sexualisés. L’American Academy of Pediatrics rappelle que les IA conversationnelles ne sont pas conçues comme outils thérapeutiques et qu’elles ne doivent jamais se substituer à un suivi psychologique.

Autre enjeu : les données personnelles. Les adolescents partagent souvent sans filtre des informations sensibles. Or, beaucoup de ces applications reposent sur des modèles économiques qui exploitent ces données à des fins commerciales.

Comment accompagner les jeunes face à ces outils

Plutôt que d’interdire en bloc, les experts invitent les parents à rester présents et à accompagner leurs enfants dans l’usage de ces technologies. Voici quelques pistes concrètes :

  • Ouvrir la discussion sans jugement : demander simplement « De quoi parles-tu avec ton compagnon virtuel ? », pour comprendre ce que l’enfant recherche dans cette relation.
  • Rappeler la nature de l’IA : expliquer que derrière l’illusion d’un ami compréhensif se cache un programme, qui ne ressent pas d’émotions réelles.
  • Fixer des limites de temps : comme pour les jeux vidéo ou les réseaux sociaux, définir des plages d’utilisation pour éviter la dépendance.
  • Encourager les vraies relations sociales : valoriser les activités en présentiel (sport, sorties, discussions entre amis) pour maintenir un équilibre.
  • Surveiller les signaux d’alerte : isolement croissant, troubles du sommeil, repli sur soi… autant de signes qui doivent alerter et pousser à consulter un professionnel.
  • Se renseigner ensemble : lire avec l’enfant les conditions d’utilisation et les règles de confidentialité de l’application pour développer un regard critique.

Une vigilance nécessaire

L’essor des compagnons virtuels d’IA illustre les paradoxes de notre époque : ces outils peuvent apporter un réconfort immédiat mais fragilisent à long terme l’équilibre émotionnel des jeunes. Les parents ont un rôle clé à jouer pour encadrer ces usages, tout en restant attentifs aux signaux de mal-être qui nécessitent une aide humaine, réelle et professionnelle.


Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.

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