Cette année, un nouveau dispositif voit le jour pour celles et ceux qui n’osent pas parler : un tchat sécurisé, disponible jour et nuit, pensé spécifiquement pour les mineurs victimes ou témoins de violences. Sobrement baptisé Espace Mineurs, il est accessible depuis la plateforme Ma Sécurité et représente une petite révolution dans la manière d’accompagner les enfants.
Un espace pensé avec… les jeunes eux-mêmes
L’Espace Mineurs n’a pas été conçu dans une tour d’ivoire. Aux côtés des policiers et des gendarmes à l’initiative du projet, des élèves de CM2 et de quatrième ont participé à la création des contenus. Un détail qui change tout : l’outil parle leur langue, s’adapte à leurs usages, à leurs angoisses et à leur manière de naviguer en ligne.
Le lieu numérique se veut surtout clair, rassurant et accessible dès la première seconde. Il aborde les dangers auxquels les enfants et les ados sont réellement confrontés : violences physiques, psychologiques ou sexuelles, mais aussi harcèlement scolaire, cyberharcèlement, sextorsion, exposition à des contenus choquants, addictions… Autant de sujets dont les jeunes parlent peu, ou trop tard, parce qu’ils ne savent pas à qui se confier.
Selon la Ciivise, 1 enfant sur 10 subit des violences sexuelles chaque année, dont près de la moitié au sein de leur famille. Ces chiffres suffisent à comprendre combien un espace de parole est indispensable et urgent.
Un tchat ouvert 24h/24 avec des professionnels formés
Au cœur du dispositif, on retrouve un tchat animé par des policiers et gendarmes formés à l’accueil des mineurs, épaulés par une psychologue. Un dispositif humain, pas un robot, et surtout disponible à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit.
L’idée est simple : permettre aux jeunes de venir chercher de l’aide au moment où ils en ont besoin. En pleine nuit, après un message menaçant reçu sur les réseaux, au retour du collège, ou juste quand la peur devient trop lourde à porter seul·e.
Les agents qui répondent étaient déjà habitués à intervenir sur des situations de violences familiales, où la parole des enfants reste souvent silencieuse, par peur d’impliquer leurs parents ou de déclencher une procédure. Ici, le cadre change : on peut parler anonymement, sans avoir l’impression d’être « trop dramatique » ou « trop jeune pour comprendre ».
Un cadre confidentiel… sauf en cas de danger grave
La confidentialité est un pilier fondateur du dispositif. Tout échange sur le tchat reste anonyme, sauf si la vie du jeune est en danger immédiat. Une nuance importante, pensée non pas pour surveiller, mais pour sauver. En cas d’urgence absolue, l’équipe peut déclencher des secours et intervenir.
Pour le reste, le jeune garde la main : il peut poser une question, expliquer une situation, demander un conseil, ou simplement vérifier que ce qu’il vit n’est « pas normal ».
Des ressources pratiques, conçues pour aider à comprendre et à agir
L’Espace Mineurs ne se limite pas au tchat. Le site propose :
- des fiches simples et adaptées pour comprendre le harcèlement, la sextorsion, les menaces en ligne, la manipulation affective…
- une orientation personnalisée, selon que la situation se déroule à la maison, à l’école, dans la rue ou sur les réseaux sociaux ;
- une grille d’auto-évaluation du harcèlement, pour aider les jeunes à mettre des mots sur ce qu’ils vivent ;
- des rappels sur leurs droits : oui, un enfant ou un ado peut porter plainte, seul, et accompagné de l’adulte de son choix.
Ces outils sont aussi pensés pour celles et ceux qui n’ont pas les mots, ou qui n’arrivent pas à reconnaître les signes : la peur qui s’installe, les troubles du sommeil, l’isolement, la chute des résultats scolaires. Des signaux fréquents, mais qui passent encore trop souvent sous les radars.
Face à l’explosion des cyberviolences, une nécessité vitale
Le lancement de l’Espace Mineurs arrive dans un contexte d’urgence. Les chiffres parlent d’eux-mêmes :
- 28 767 signalements de sextorsion en 2024, soit une hausse vertigineuse de +460 % en trois ans.
- 67 000 signalements de contenus pédocriminels en lien avec l’IA, +1 325 % en un an.
Les risques numériques se multiplient plus vite que les outils mis à disposition des jeunes. Pour beaucoup d’entre eux, internet est un terrain familier, mais aussi un espace où l’on peut être humilié, menacé, piégé en quelques clics.
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