Article initialement publié le 10 juillet 2018
Les violences gynécologiques et obstétricales, c’était un terme encore peu connu du grand public il y a trois ans, qui commence à faire sérieusement parler de lui depuis 2015.
Aujourd’hui les femmes dénoncent la maltraitance gynécologique, critiquent les pratiques sexistes et paternalistes dont elles sont victimes, et le dialogue s’ouvre à l’échelle politique.
Les violences gynécologiques et obstétricales
On parle ici de violences psychologiques et physiques, qui surviennent lors de simples consultations de suivi gynécologique, ou lors du suivi de grossesse, des accouchements et du post-partum.
Il s’agit de violences qui touchent un grand nombre de femmes, et ce n’est pas anecdotique ! Elles portent atteinte à l’intégrité psychologique et physique des patientes, de façon ponctuelle ou répétée, et elles sont toujours néfastes.
Au mois de février 2018, lorsque mon amie Luna et moi avons commencé à travailler sur notre projet de documentaire étudiant, le sujet de la maltraitance en gynécologie nous est venu naturellement.
Dans nos familles ou notre cercle d’amies, nous avions toutes une histoire à raconter. Une anecdote d’apparence banale, une gêne que nous avons intégrée, parce que, c’est normal… Aller chez le gynécologue, c’est désagréable, c’est intimidant, ça fait peur, ça fait mal.
Et « c’est comme ça ».
Mon documentaire sur les violences gynéco : pour donner la parole aux femmes
En se renseignant un peu sur le sujet, très vite tout nous est tombé dans les bras : conférences, publications de livres, articles qui commençaient à se faire de plus en plus fréquents.
On a senti que c’était le moment, et les réponses à notre appel à témoignages nous l’ont confirmé.
Quelle femme allait bien vouloir nous raconter son histoire, sa douleur, nous faire entrer dans son intimité et ce face caméra ?
Énorme surprise de constater qu’avec un simple post Facebook, de nombreuses femmes se sont tout de suite senties concernées, et ont accepté de nous raconter leur vécu sans filtre, à visage découvert !
C’était ça l’important.
En creusant dans les témoignages de ces femmes, rapidement nous avons vu que le sujet des violences en gynécologie et en obstétrique soulevait des thématiques bien plus globales.
Presque toutes les femmes que nous avons rencontré ont été victimes de violences sexuelles.
Et pour beaucoup, elles ne savaient pas que ce qu’elles avaient vécu dans leur suivi gynécologique ou pendant leur accouchement n’était pas normal, avant de voir notre publication…
Un documentaire pour aider à délier la parole sur les violences gynéco
Luna et moi avons donc laissé toute la place aux femmes, en essayant de retranscrire leur vécu de la façon la plus juste, et la plus transparente possible.
Les experts Martin Winckler, Marie-Hélène Lahaye, Mélanie Déchalotte et Mathilde Delespine ont également répondu présent pour éclaircir les thématiques abordées.
Le documentaire est disponible gratuitement sur YouTube, tu peux le regarder ci-dessus. N’hésite pas à le partager sur tes réseaux, et à me donner ton ressenti ou ton expérience personnelle sur le sujet en commentaires !
À lire aussi : La réalité du sexisme lors du suivi gynéco, et les moyens d’agir
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
Les Commentaires
Je voulais apporter ma pierre à l'édifice mais du point de vue de l'autre côté! Je suis étudiante en médecine et je suis passée en stage de gynéco l'année dernière. Je suis tristement étonnée de lire ce que je lis et je suis vraiment triste que vous soyez tombé sur des médecins aussi peu respectueux (les témoignages de la vidéo sont très poignants et je suis choquée de la manière dont les filles qui témoignent ont été traitées).
En tout cas, j'espère rassurer certaines d'entre vous, lors de mon stage (dans un gros CHU parisien), j'étais au côté des sage femmes et des médecins, et on nous a toujours appris, dit et répété que l'ordre n°1 était de respecter les patientes : quand j'étais dans les box de consultation, je me suis toujours présentée et j'ai toujours demandé à la patiente si elle était d'accord pour que j'assiste à la consultation. Uniquement sous l'accord de la patiente, je pouvais l'examiner, si la patiente n'était pas d'accord ou n'était pas à l'aise, on ne l'a jamais obligé (encore heureux). En salle de naissance j'ai pu assister à plusieurs accouchements, sur la quinzaine à laquelle j'ai assisté, j'allais toujours voir la patiente avant pour me présenter, parler avec elle (et le papa si il était présent) (et c'est l'équipe qui nous disait qu'on allait pas voir un accouchement sans être allée voir la patiente avant, ce qui est absolument parfaitement normal). Et évidemment on n'était JAMAIS plus d'un étudiant par patiente, jamais. Sur la quinzaine d'accouchements que j'ai vu, une seule patiente a eu une épisiotomie et des forceps pq le bébé était en souffrance absolue et qu'il risquait de mourir.
A la fac de médecine et dans les stages en général, on nous apprend beaucoup sur le respect du patient, le respect de sa nudité et de sa personne (par exemple, quand on fait un examen clinique, on commence par le haut donc on demande au/à la patient.e de se déshabiller en haut, quand on a fini, on le/la fait se rhabiller en haut puis deshabiller en bas, ça fait une énorme différence par rapport à être nu.e comme un vers devant qqun), de TOUJOURS expliquer ce qu'on va faire et pourquoi on le fait (je pense à l'echo intravaginale, j'en ai vu plein et les internes avec qui j'étais ont toujours expliqué ce que c'était, à quoi ça servait, et les patientes pouvaient poser toutes les questions qu'elles voulaient sur le pourquoi de l'examen), et aussi respecter la douleur, si un.e patient.e dit qu'il/elle a mal, il faut le/la croire et le/la traiter en considération. Et j'ai remarqué que c'était surtout les jeunes médecins qui nous enseignait ces principes (les "vieux" médecins sont moins attentifs à tout ça j'ai remarqué).
J'espère que la nouvelle génération de médecins sera plus sensible au respect de la femme en gynéco et plus généralement dans la médecine.