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Le droit à l’IVG enfin acquis en Irlande : « c’est incroyable, c’est historique »

Après le vote décisif du peuple irlandais en mai, le texte visant à modifier la Constitution pour légaliser l’avortement vient d’être promulgué.

Mise à jour du 20 septembre 2018, EDIT du 14 décembre 2018 — La loi a été adoptée !

En mai dernier, les Irlandais et Irlandaises votaient pour abroger le 8ème amendement de la Constitution, qui assurait le droit égal à la vie de la mère et du foetus (voir ci-dessous).

C’était l’obstacle principal à l’évolution de la loi concernant l’IVG dans le pays.

Le 18 septembre, le résultat du vote a finalement été officiellement inscrit dans les textes.

La constitution indique désormais que « la loi peut prévoir les conditions de régulation des interruptions de grossesses ».

La loi prévoyant les conditions dans lesquelles une IVG pourra être réalisée en Irlande a finalement été adoptée par le Parlement irlandais, jeudi 13 décembre 2018.

Le Premier Ministre, Leo Varadkar, s’est dit « confiant » quant au fait que le pays dispose des services nécessaires dès janvier 2019. Il ne sera pas trop tôt !

Le droit à l’IVG avance en Irlande

Article original publié le 26 mai 2018

Esther est partie recueillir les témoignages des jeunes femmes de plusieurs pays, à travers le monde, avec une attention particulière portée aux droits sexuels et reproductifs : liberté sexuelle, contraception, avortement.

Elle a déjà rendu compte de ses rencontres avec des Sénégalaises, puis avec des libanaises, et sa troisième étape l’a menée en Irlande du Nord (Royaume-Uni) et en Irlande !

Elle y a réalisé interviews, portraits, reportages, publiés sur madmoiZelle au fur et à mesure. Tu peux retrouver le sommaire ici !

Tu peux aussi suivre au jour le jour ses pérégrinations sur les comptes Instagram @madmoizelledotcom et @meunieresther, avant de les retrouver ici bientôt !

Ça y est : le « oui » l’a emporté officiellement et massivement en Irlande avec 66,4% des suffrages exprimés, après une journée de décompte. Les femmes qui y vivent peuvent désormais aspirer à disposer de leur corps !

Un référendum comme une première pierre vers la conquête du droit à l’avortement

Les Irlandais·es viennent de remplacer dans leur Constitution la mention qui contraignait l’État à assurer le droit égal à la vie de la mère et du fœtus, par la mention « la loi peut prévoir les conditions de régulation des interruptions de grossesses ».

Ce référendum n’est en effet qu’un premier pas vers la possibilité pour le gouvernement irlandais de réformer le droit à l’avortement, mais c’était un premier pas indispensable !

Un projet de loi a d’ores et déjà été écrit et n’attend plus que d’être voté.

Une militante de l’association ROSA, qui s’est battue pour ce référendum ces dernières années insiste sur le fait que « le combat n’est pas fini ».

« Il faut qu’on soit vigilant·es, car l’opposition à l’avortement va continuer de se faire sentir au moins tant qu’elle ne sera pas votée. »

Elle espère que la loi passe avant les prochaines élections pour éviter un changement de majorité qui mettrait son adoption en danger « au cas où les conservateurs se mobilisent en masse, comme un retour de bâton ».

Le Dr Peter Boyle, un visage bien connu de la campagne pour le « oui » disait ce 25 mai qu’il pensait qu’elle serait discutée au début de l’été.

« Désormais, le gouvernement a une immense légitimité pour faire voter cette loi. »

Une autre militante se réjouit :

« C’est rassurant que l’avance du « oui » soit si forte. On était un peu effrayées en cas de résultat plus serré qu’ils décident finalement de faire une loi au rabais, seulement pour les conditions spécifiques comme le viol, les malformations foetales, la santé et la vie de la mère. »

La proposition actuelle devrait permettre aux Irlandaises d’avorter sans conditions jusqu’à 12 semaines de grossesse, et au-delà pour les interruptions médicales de grossesse.

Il faut noter cependant qu’elle contient une clause de conscience, de celles qui permettent au personnel médical de refuser de pratiquer un avortement en raison de ses croyances morales ou religieuses. Dans ce cas, ils auront cependant l’obligation de renvoyer la patiente vers un médecin qui pourra pratiquer l’avortement.

Il ne reste plus qu’à espérer que ces derniers soient suffisamment nombreux, afin d’éviter une situation comme celle de l’Italie où dans certaines régions, 90% des médecins refusent de pratiquer l’avortement.

Soulagées, heureuses, les militantes n’en croient pas leurs yeux

Malgré tout, ce 26 mai dans la matinée, alors que les bulletins étaient comptés, les partisans du « oui » se réjouissaient déjà, car c’est une énorme part du travail qui vient d’être accomplie.

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La fébrilité était palpable, mais les sourires s’affichaient sur les visages à mesure que les bâtonnets s’alignaient dans les cases « yes » à Dublin.

Il est difficile de décrire exactement le sentiment de tension qui se faisait sentir ces derniers jours et semaines. Les jeunes Irlandaises ce matin me racontaient leur « soulagement » :

« On est un peu sonnées. C’est comme si on n’y croyait pas. C’est un rêve. »

« Mais c’est aussi le sentiment que nous allons enfin être en sécurité, que nous pourrons avorter mais aussi poursuivre une grossesse en sachant que si besoin est, nous pourrons être soignées. »

« Clairement il s’agit d’un jour historique, les gens en parleront encore dans des années. C’est le vote d’une génération. »

Dans les discussions que j’ai eu, on m’a longtemps annoncé un vote qui serait serré, mais il faut croire que l’on a sous-estimé la jeunesse irlandaise qui s’est mobilisée quasiment d’une seule voix pour le droit de choisir.

90% des moins des 25 ans auraient voté oui selon des sondages de sortie des urnes.

Pensée émue pour ceux qui me disaient hier que j’irais rôtir en enfer si je ne me repentais pas (true story).

Une loi pour toutes les femmes d’Irlande qui n’auront plus à subir l’innommable

Ou plutôt pensée émue pour toutes ces personnes qui vivent en Irlande et qui ont fait ou feront face à une grossesse non désirée un jour.

Pour toutes les Aine*, Betty*, Céline* qui bientôt n’auront plus à s’expatrier pour pour avoir le pouvoir sur leur propre corps.

Pour toutes celles qui n’auront plus à attendre anxieusement la livraison de pilules abortives, en espérant qu’elles ne soient pas saisies par la douane. Puis à attendre qu’elles cessent de saigner en espérant qu’il n’y aura pas de complications.

Pour toutes les femmes qui ont dû garder pendant des jours un fœtus non-viable dans leur utérus.

Pour Savita, et toutes celles qui ne deviendront jamais des victimes, comme elle le fut, de cette loi injuste.

Pour celles à qui l’on a nié des traitements essentiels.

Le cœur au combat, pour toutes celles qui doivent encore conquérir le droit à l’avortement

Et je sais que c’est un jour où l’on se réjouit, mais par-dessus tout, pensée pour toutes celles dont la lutte n’est pas terminée ailleurs dans le monde.

Celles-ci sont parfois au Sénégal, au Liban, au Salvador. Au Chili, à Malte, en République Démocratique du Congo.

Celles qui sont parfois aussi proches que sur cette même île, en Irlande, mais au Nord.

« — C’est aussi un grand sentiment d’humilité, par rapport à celles qui au Nord n’ont pas encore gagné ce droit. – Mais maintenant, on va pouvoir regarder le Royaume-Uni et leur dire « Hey, on vous montre si vous voulez comment on fait pour légaliser l’avortement ? » ».

En 2017, 42% des femmes en âge de procréer vivaient dans 125 pays où l’avortement est fortement restreint, selon le Guttmacher Institute.

Et c’est pour elles qu’il faut continuer de se battre.


Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.

Les Commentaires

4
Avatar de Shadowsofthenight
14 décembre 2018 à 15h12
Shadowsofthenight
D'après cet article, Amnesty International trouve qu'il reste des obstacles avec les "délais obligatoires d'attente" et "la poursuite de la criminalisation des professionnels de santé" @Esther
1
Voir les 4 commentaires

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