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Il était temps : Instagram rend les comptes des mineurs privés par défaut

Instagram vient d’annoncer de nombreux changements concernant les comptes des mineurs et mineures, afin de mieux les protéger des personnes mal intentionnées, mais aussi des pubs trop ciblées.

Visiblement, la limite d’âge fixée à 13 ans ne suffisait pas. Marchant dans les pas de son féroce concurrent TikTok, Instagram annonce différentes mesures visant à mieux protéger les mineurs et mineures utilisant le réseau.

L’idée ? Les préserver au maximum des relous, voire pire… mais aussi des pubs ciblées, eh oui.

Instagram rend les comptes des mineurs privés par défaut

C’est la première mesure, et peut-être la plus marquante, annoncée par Facebook (qui possède Instagram) dans un article dédié. Les comptes des personnes ayant moins de 18 ans (ou moins de 16 selon les pays) seront automatiquement privés — ce qui, pour rappel, a plusieurs effets :

  • Les posts, stories et Reels ne sont pas accessibles aux non-followers
  • Les demandes de follow doivent être acceptées manuellement
  • Les posts, stories et Reels n’apparaissent pas dans l’onglet « Explorer »

Comme mentionné plus haut, cette décision marche dans les pas de TikTok, et va encore plus loin puisque le géant chinois ne passe en privé par défaut que les comptes des personnes âgées de 13 à 15 ans. Le Senior Vice President de Dubit, une entreprise spécialisée dans le développement d’outils numériques pour enfants, explique :

« Bien que la plupart des plateformes ont choisi 13 ans comme âge minimum pour pouvoir s’inscrire, il n’y a pas d’interrupteur qui rend quelqu’un tout à fait capable de naviguer sur Internet au moment où il souffle ses treize bougies. Rendre privés par défaut les comptes des moins de 16 ans encourage les plus jeunes à développer pendant quelques années leur confiance en eux, leur aisance et leurs compétences de citoyens numériques ; cela les aide à prendre de bonnes habitudes qui les suivront toute leur vie. »

David Kleeman

En 2019, la National Society for the Prevention of Cruelty to Children (NSPCC), ou Société nationale pour la prévention de la cruauté envers les enfants, un organisme britannique, estimait qu’Instagram était une application privilégiée par les pédocriminels. Slate écrivait alors :

« Le grooming, ou pédopiégeage en français, désigne une stratégie de séduction déployée par des prédateurs sexuels pour gagner la confiance de leurs victimes. Complicité, cadeaux, secrets partagés… l’objectif est de créer une connexion émotionnelle avec l’enfant pour pouvoir plus facilement abuser de lui par la suite. […]

Selon la NSPCC, 70% des méthodologies de grooming révélées impliquent l’utilisation d’un réseau social. Avec plus de 32% des cas à son actif, Instagram devance Facebook (23%) et Snapchat (14%). L’enquête rapporte qu’entre 2017 et 2018, l’utilisation d’Instagram à des fins de grooming a connu une hausse de 200%. »

Audrey Renault

Rendre les comptes des mineurs et mineures privés par défaut les protège — en partie — des personnes mal intentionnées, puisqu’il est plus difficile d’accéder aux contenus postés et que l’ado derrière le compte peut facilement refuser les demandes de gens qu’il ou elle ne connaît pas.

Les mineurs mieux protégés des personnes malveillantes sur Instagram

Toujours dans cette démarche de protection des adolescents et adolescentes, Instagram annonce une deuxième mesure : le déploiement d’une nouvelle technologie visant à mieux repérer les personnes « au comportement suspect » pour les empêcher spécifiquement de contacter des mineurs et mineures.

« Par “comportement suspect”, nous entendons par exemple un compte appartenant à un ou une adulte qui a récemment été bloqué ou signalé par une personne mineure.

Grâce à cette technologie, les comptes des mineurs et mineures ne seront plus montrés à ces adultes — ni dans l’onglet “Explorer”, ni dans les Reels, ni dans les comptes suggérés. S’ils et elles trouvent des mineurs ou mineures en cherchant leur @, le follow sera impossible. Ces adultes ne verront pas les commentaires postés par des personnes mineures sur les contenus d’autres gens, et ne pourront pas commenter les publications des mineurs. »

Une protection invisible des plus jeunes, qui éviteront les relous sans même s’en apercevoir puisque tout cela se passera en coulisses… face aux problématiques de cyberharcèlement (qui concernent les plus jeunes, mais pas seulement), on se prend presque à rêver de voir cette technologie déployée pour contrer d’autres types de malveillance : les personnes sexistes, homophobes, racistes, pour ne citer qu’elles.

Instagram prend d’ailleurs les devants en précisant que « Nous continuerons à chercher où appliquer cette technologie ». Affaire à suivre.

Les mineurs et mineures mieux protégées de la pub… enfin, de la pub ciblée

Ne rêvez pas, les posts sponsorisés et autres marques adeptes du dropshipping ne disparaîtront pas des feeds, mais Instagram s’engage tout de même à moins utiliser les données de son jeune public.

« D’ici quelques semaines, nous n’autoriserons les annonceurs à cibler leurs publicités visant les personnes de moins de 18 ans […] uniquement sur la base de l’âge, du genre et de leur localisation. Cela signifie que d’autres options de ciblage qui étaient jusqu’ici disponibles, comme les centres d’intérêt ou l’activité sur d’autres applications ou sites, ne seront plus accessibles aux annonceurs. »

Ce changement, précise le réseau, sera simultanément appliqué sur Instagram, Facebook et Messenger (si tant est qu’il y ait encore des ados sur Facebook — permettez-nous d’en douter).

L’idée est de préserver un public qui n’est pas forcément en âge de prendre les meilleures décisions d’achat, en limitant la capacité des annonceurs à cibler précisément ce qui activera le levier « ACHÈTE MAINTENANT » de ces jeunes cerveaux.

Cette mesure est annoncée, de façon plutôt opportune, quelques jours seulement après que des chercheurs ont constaté que les comptes Instagram appartenant à des mineurs et mineures sont rapidement bombardés de contenus autour de la perte de poids et vantant des corps très souvent retouchés, comme l’a relayé The Guardian. Alors si on peut éviter aux Zoomers ce que les Millenials ont vécu, dans les années 2000, en termes de banalisation des troubles du comportement alimentaire liés à des modèles physiques irréels, ce sera déjà ça de pris.

L’ensemble de ces mesures sera déployée pour commencer en France, aux États-Unis, en Australie, au Royaume-Uni et au Japon, et quelques variations sont à prévoir en fonction de la majorité légale qui varie selon les pays. Ne vous étonnez donc pas si vous êtes mineure et que votre compte passe en privé : c’est pour vous protéger !

Crédit photo : KoolShooters / Pexels


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Les Commentaires

6
Avatar de Dragonfena
29 juillet 2021 à 09h07
Dragonfena
A terme il pourrait y avoir un passeport du numérique.
Il y a bien un pass sanitaire.
0
Voir les 6 commentaires

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