Qui aurait cru qu’une jeune diplômée en communication puisse un jour devenir hôtesse de l’air dans la plus grande compagnie nationale ?
En tout cas pas moi, et pourtant !
Devenir hôtesse de l’air, un rêve d’enfant qui a bien failli ne jamais avoir lieu !
Tout a commencé quand, plus de dix ans en arrière, j’en ai eu marre de ne pas réussir à décrocher d’emploi stable dans la communication : à l’époque, j’enchainais les stages et j’étais payée la misère…
Autant dire que ça va bien un moment, mais j’aspirais à autre chose que ça. D’autant plus que certains collègues étaient en stage depuis plus de dix ans : il était hors de question que je vive la même chose !
J’avais besoin de me trouver professionnellement. Et c’est alors que j’ai eu l’idée du siècle : pourquoi je ne deviendrais pas « personnel navigant commercial », c’est-à-dire hôtesse de l’air (ou PNC, dans le jargon du métier) ?
Littéralement : être appelée par sa vocation
En effet, depuis toute petite, comme je suis italo-française et que je parle couramment anglais, de nombreuses personnes me disait :
« Tu devrais être hôtesse de l’air, tu pourrais voyager, tu parles tellement de langues ! »
Alors forcément, ça avait dû s’ancrer dans un petit coin de ma tête.
En plus ma cousine, dont je suis très proche, est elle aussi PNC, mon papa était pilote de chasse, et je voyage depuis que je suis en âge de vagabonder… Autant dire qu’on avait l’aviation en intraveineuse dans la famille !
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Et non ! En France, pour devenir PNC, il faut avoir une formation reconnue par l’État.
Tout d’abord, il faut passer une visite médicale très très poussée, dans un centre agréé. Pour moi, elle s’est passée à Percy, à l’hôpital militaire, autant vous dire que ça ne rigole pas !
Ensuite, en tout cas à l’époque où j’ai passé mon CSS (certificat de sécurité et de sauvetage, le nom a changé depuis), il y avait du théorique et du pratique.
Une fois ces deux parties obtenues, il restait à faire un stage (ouiiii, encore un !) de 60 heures de vol pour valider le CSS et obtenir le précieux sésame !
Aujourd’hui, ce stage n’existe plus et je trouve ça bien dommage car, pour ma part, j’ai connu des gens qui voulaient devenir PNC sans avoir jamais volé de leur vie, ou qui s’imaginaient prendre l’avion comme le métro… Je ne vous dis pas la surprise !
En effet, pour la plupart des gens, être navigant se résume à voyager beaucoup, siroter des cocktails en bord de plage, rester une semaine dans un endroit paradisiaque et servir des plateaux repas dans un avion.
La vérité est tout autre, croyez-moi !
Ce que j’ai envie de faire à tout les gens qui pensent qu’on ne sert qu’à pousser le trolley des boissons chaudes
C’est un métier qui demande une très grande aptitude physique (vous ne pouvez pas travailler à 30 000 mètres d’altitude, dans une atmosphère pressurisée, debout dans une boîte de sardines avec 300 passagers à bord de jour comme de nuit sans avoir une santé de fer), une adaptabilité à toute épreuve, et une gestion du stress sans nulle autre pareille.
Car oui, on ne fait pas que servir des plateaux repas (la section commerciale du vol n’est que la partie émergée de l’iceberg), mais on est aussi en charge de la sécurité et de la sûreté à bord d’un avion.
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En fait, c’est quoi être hôtesse de l’air ?
Concrètement, en tant que PNC, nous devons être prêt•es pour toute situation d’urgence : un atterrissage ou un amerrissage d’urgence, un feu ou de la fumée à bord, un problème technique…
C’est nous qui sommes responsables !
Nous devons assurer également le bien-être des passagers. Les malaises, les crises cardiaques, les accouchements… Nous devons être prêt•es à répondre à toutes ces éventualités !
« Ouais, je sais, c’est plutôt classe, ouais »
Un•e PNC est formé•e à tous ces types de situations, de façon très poussée : vous apprenez les bases pendant votre formation (la fameuse « partie pratique ») et lorsque vous entrez dans une compagnie aérienne, vous êtes formé•es selon les standards de la compagnie et en fonction de l’avion sur lequel vous travaillerez et sur lequel vous serez « qualifié•e ».
Ensuite, une fois par an, vous repartez en formation faire ce qu’on appelle un « recyclage » de compétences, qui vous remet en tête toutes les bonnes choses à savoir.
C’est un métier qui demande beaucoup de sang-froid et c’est avec l’ancienneté et l’expérience qu’on apprend et qu’on maîtrise de mieux en mieux chaque geste et situation.
Et puis c’est un métier qui vous oblige à vivre en décalage avec votre petit monde : oubliez les jours fériés, les anniversaires, les fêtes de Noël en famille… Moi, je ne compte plus les jours où j’étais partie alors que mes amis fêtaient tel ou tel événement, les 25 décembre loin des miens ou les moments importants que j’ai ratés.
À l’époque, j’étais célibataire et sans enfant, donc ça n’avait pas un impact immédiat dans ma famille.
Mais dans tous les cas, c’est très compliqué de concilier ce métier avec une vie privée : il y a beaucoup de divorces dans la profession, ou alors ce sont souvent des couples de navigants (qui connaissent donc bien les contraintes de chacun). Bien sûr, il y a aussi quantité de couples qui résistent, et heureusement ! Mais ça n’est pas toujours simple.
Votre vie s’organise en fonction de vos vols et de vos rotations et ce n’est pas toujours facile ni marrant, mais c’est comme ça.
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Hôtesse de l’air, un métier bien plus physique qu’il n’en a l’air
Sans compter la fatigue physique ! Par exemple, sur les vols courts et moyen-courriers, vous êtes souvent debout à 3/4h du matin, pour une journée de travail intense où vous ferez plusieurs tronçons avant de dormir quelque part en Europe ou en France, et ce pendant 3 à 5 jours en moyenne.
Pour les long-courriers, c’est surtout les nuits blanches sur les vols de retour qui sont difficiles, et le décalage horaire qui tuera votre sommeil !
La clé pour tenir est d’avoir une hygiène alimentaire irréprochable : je vous conseille de faire du sport, de manger sainement (alors bien sûr, en escale, il faut aussi savoir se faire plaisir !), il faut aussi essayer de dormir les jours de repos… Sans quoi vous ne tiendrez pas longtemps dans ce métier.
Il faut également être une organisatrice hors pair, faute de quoi vous allez être vite être dépassé•e par ce travail qui vous oblige à être loin de la maison 15 jours par mois.
Pour ce qui est des escales de plus d’une semaine, ça aussi c’est du temps passé et révolu… Fini la belle époque où l’on partait deux semaines à Rio et 10 jours à Hong-Kong !
Le mot d’ordre étant la productivité, la plupart du temps, on ne reste que 24h/48h dans un endroit, quelques exceptions existent, mais cela excède rarement les 5 jours.
Alors bien sûr, que ce soit pour 24 heures ou plus, être au bout du monde est une chance. Vous réveiller à Times Square ou à côté de la place Rouge, vous promener dans les rues de Bangkok, manger des empanadas à Buenos Aires, prendre l’apéro à l’Île Maurice… ça fait rêver et c’est une réalité que j’ai vécue !
Viens par là petit mojito !
Je savoure ma chance et je sais que, grâce à ce métier, j’ai pu faire le tour du monde plusieurs fois, découvrir des choses et des endroits que je n’aurais certainement pas pu voir autrement, mais au prix aussi de certains sacrifices, et parfois d’un sentiment de solitude.
C’est le prix à payer pour exercer ce métier !
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Ce que ce métier si particulier d’hôtesse de l’air m’a appris
J’ai eu la chance d’être PNC dans une grande compagnie nationale et de voyager beaucoup. Malheureusement, un accident du travail m’a obligée à arrêter ce métier, que je ne peux plus exercer.
Depuis, je suis dans les ressources humaines et la communication, et je recherche un emploi depuis un an : j’ai été licenciée suite à mon inaptitude physique et faute de reclassement.
Mais après mon accident, j’ai travaillé « au sol » comme on dit dans le jargon : je m’occupais des collègues qui, comme moi, perdaient leur licence de vol suite à un accident du travail et qui étaient en reclassement interne ou externe.
C’est très compliqué de passer de ce métier à une nouvelle vie et il y a vraiment un « deuil » à faire, qui n’est pas vraiment évident !
En revanche, comme je suis désormais en couple, j’ai aussi plus de temps à accorder à mon chéri et je peux voyager avec lui ! Donc au final, j’ai certes perdu un métier que j’adorais mais je peux aussi vivre des choses qui étaient auparavant beaucoup plus compliquées (oui, je suis une incorrigible optimiste !).
Le vrai avantage de ma reconversion
Et puis je garde en mémoire tous ces voyages, le travail accompli, les nuits blanches dans un galley — compartiment dédié aux plateaux repas — à rire avec les collègues et à refaire le monde…
J’ai appris beaucoup sur moi et sur les autres en faisant ce métier, qui m’a changée et qui m’a transformée à tout jamais.
Aujourd’hui, je garde un profond attachement pour ces hommes et pour ces femmes dont je connais la pénibilité du travail. J’ai aussi appris qu’on ne peut pas exercer ce métier sans en connaître les difficultés, se dire « tiens, je vais devenir PNC » un matin comme ça sans avoir pesé franchement les pour et les contre en amont.
Quand on a la vocation, c’est encore mieux, et j’en parle en connaissance de cause parce qu’il m’a fallu un vrai temps d’adaptation, moi qui me destinais à une tout autre carrière au départ.
Mais j’ai ce boulot dans la peau, c’est pour ça que j’ai ouvert mon blog il y a quelques années, parce que je n’arrivais pas vraiment à couper les ponts, et qu’il me permet de continuer à garder le contact avec ce beau métier !
Alors si vous souhaitez en connaître un peu plus sur la vie de navigant et sur ma petite expérience, c’est par là !
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