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Travail

Courrier du taf : « Je veux demander une augmentation, mais je n’ose pas… des conseils ? »

Comment gérer un cas de harcèlement au bureau ? Manager, c’est inné ? C’est possible de faire un bore-out ? Notre format iconique « Courrier du taf » revient pour une nouvelle saison ! Notre DRH, Stéphanie Pavillon, répond à toutes vos questions sur la vie de bureau !

Vous souhaitez poser une question à notre DRH ? Écrivez-nous à [email protected] et elle vous répondra !

La question de Gaëlle

Bonjour Stéphanie,

Je t’explique ma situation. J’aimerais demander une augmentaiton mais je n’ose pas, je ne me sens pas légitime pour de nombreuses raisons… Je n’ai jamais aimé négocier mes rémunérations ni demander d’augmentation mais là j’avoue que je trouve la situation un poil abusée (pour être polie). Je t’explique : depuis trois ans je suis responsable d’une boutique de décoration de marque premium avec une équipe de 6 personnes. J’ai, en tout, huit ans d’expérience, après avoir obtenu une licence pro dans le domaine de la vente. Je gagne 30 000 € annuel brut + 10 000 € de commissions les meilleures années. Mais dans une autre boutique de Paris, l’autre responsable qui, lui, est un homme, gagne 2K de plus que moi sur son fixe et a les mêmes variables…

J’ai découvert cela récemment et si, jusque-là, je n’osais pas demander d’augmentation, je dois dire que ça m’y pousse de plus en plus.

Peux-tu me donner des conseils ?

Merci !

Gaëlle

À lire aussi : Courrier du taf : « mon entreprise ne veut plus remplacer les départs en congé maternité »

La réponse de notre DRH

Bonjour Gaëlle,

Huit ans d’expérience, un diplôme reconnu en poche et 3 ans à diriger une équipe, je crois que tu peux dire à la petite voix « imposture » de se taire ! Ton parcours est tout à fait remarquable, bravo !

Mais effectivement, chassez le naturel, il revient au galop, si tu as une tendance à ne pas avoir confiance en toi et qu’en plus, tu te compares à tes collègues, je comprends que des doutes t’envahissent au moment de passer à la négociation salariale !

À lire aussi : Courrier du taf : « mon collègue va à la salle de sport pendant qu’il est en télétravail… dois-je le dénoncer ? »

Base-toi sur des éléments objectifs et factuels

Une des premières choses à faire, selon moi, et d’ailleurs que ton interlocuteur manager ou RH fera, c’est un petit benchmark des rémunérations de ton secteur. Il y a aujourd’hui beaucoup d’études, de sites ou de discussions sur les réseaux sociaux qui te permettront de croiser les données et d’avoir une idée objective du niveau de rémunération dans ton secteur.

Je me suis prêtée à l’exercice pour toi, dans ta fonction, rien qu’en consultant des sites via mon moteur de recherche : selon le site Hellowork, le salaire moyen constaté en France est compris entre 24 000 et 35 000 euros brut / an pour la partie fixe, à laquelle est souvent ajoutée une part variable conditionnée aux résultats commerciaux permettant d’atteindre des niveaux de rémunération à hauteur de 40 000 € brut en fourchette haute.

Sur le site Indeed, le salaire moyen est annoncé à 32 635 € sans préciser s’il s’agit du salaire avec ou sans commissions.

Selon Talent, la fourchette donnée est équivalente et se situe entre 24 253 € et 39 000 €.

Évidemment, il faudra affiner cette recherche en y appliquant les caractères spécifiques de ton emploi, de la taille de ton entreprise ou encore de son positionnement sur le marché.

Ainsi dans le domaine du luxe, le site Morgane Philips partage une étude qui révèle des salaires moyens des responsables de boutiques bien plus élevés pouvant aller jusqu’à 80 000 € avec 3/5 ans d’expérience.

Une fois toutes ces données recueillies, à toi de l’adapter à ton positionnement.

D’après ce que tu me dis, ta rémunération se situe dans une fourchette plutôt compétitive, mais une marge de négociation reste encore possible, notamment si tu t’appuies sur ton expérience.

À lire aussi : Courrier du taf : « Mon collègue vole dans la caisse, je fais quoi ? »

Se mettre en valeur avant tout

Je sais qu’il est tentant de dire, le gars d’en face gagne plus que moi, je veux le même salaire parce que ce n’est pas normal et que l’égalité professionnelle est une obligation et que je suis meilleure que lui et que… bref, tu as compris comment monter au créneau ! Tu n’aurais pas tort sur le fond, mais sur la forme, il y a mieux.

Déjà, en mettant en avant ton expérience construite dans cette entreprise, qui t’a conduite à développer des compétences spécifiques qui te permettent aujourd’hui de répondre aux attentes exigeantes de ta clientèle et de maintenir une équipe performante et motivée. Je suis certaine que tu sauras illustrer par des exemples chiffrés et précis (chiffre d’affaires, taux de satisfaction des clients, turnover dans l’équipe…).

N’hésite pas à ce stade à te mettre un peu en avant, personne ne le fera pour toi, surtout pas ton voisin de boutique mieux payé, érige-toi en pilier de la boutique tant par tes connaissances que par tes résultats.

Préparer ces éléments te permettra d’assoir ta légitimité pour te lancer dans ta négociation plus sereine.

À lire aussi : Courrier du taf : « Je vais devoir manager mes anciens collègues… Et je panique ! »

Être consciente de tes faiblesses, mais montrer ta volonté de progresser

Il est tout à ton avantage de reconnaitre que tu as des axes de progression, cela démontre une attitude lucide. À l’image de l’évaluation des compétences que tu dois probablement réaliser avec ton équipe, tu montres que tu es capable de t’auto-évaluer dans le but de progresser. Généralement, c’est une bonne approche que les employeurs apprécient, car elle prouve ton esprit de développement.

Tu peux même partager des références de formation que tu souhaiterais suivre.

À lire aussi : Courrier du taf : « Mon employeur me fait des avances sur la messagerie de l’entreprise, je fais quoi pour m’en débarrasser ? »

Exprime clairement tes prétentions

Je vais peut-être m’attirer les foudres de nos lectrices, mais je déplore dans 90 % des cas que les femmes ont un blocage quand il s’agit de donner un chiffre. À l’inverse, ces messieurs en règle générale sont très à l’aise dans l’exercice, voire un peu trop, et avancent des prétentions souvent trop hautes.

Je constate cela à l’embauche et au cours de la carrière… Je comprends que ce blocage vient de nos éducations et de notre fabuleuse société qui n’admet pas les femmes ambitieuses, mais nous pouvons faire bouger les choses et cela commence par s’affirmer.

Ainsi, en fonction de tes recherches sur le salaire, de ton expérience, tu dois mettre sur la table un niveau de rémunération attendu. Si la proposition est cohérente, elle devrait passer ou tout du moins être entendue.

Si vraiment à ce stade ta négociation ne passe pas, tu peux introduire la notion d’égalité professionnelle, mais si j’étais toi, je brandirais le miroir magique, celui qui renvoie l’autre, en l’occurrence, ton boss, face à ses responsabilités.

Mon approche dans ce domaine tient plus à faire comprendre que l’employeur a tout à gagner à s’assurer d’une égalité de traitement en mettant en avant les valeurs de la démarche. C’est simple en fait, traiter vos collaborateurs et vos collaboratrices équitablement vous assure de développer votre marque employeur, de motiver les équipes et de fidéliser vos bons éléments.

Demander une augmentation peut être une démarche intimidante, mais elle fait partie intégrante du développement professionnel et aussi de l’affirmation de soi. Ton parcours, tes résultats, ton engagement sont autant de raisons d’aborder cette conversation sereinement et avec confiance.

Tu mérites que tes efforts soient reconnus, alors prends ta place !

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Les Commentaires

1
Avatar de blobette
18 novembre 2024 à 10h11
blobette
Hello Girls
Je bosse dans une assez grande entreprise et je décide des augmentations de mes équipes.
Il n'y a qu'une règle : se mettre en avant, exprimer ses demandes.
Si on ne vous VOIT pas, vous n'aurez rien et si vous ne DEMANDEZ rien, le plus souvent, vous n'aurez rien.
Et oui, croyez moi, les hommes n'hésitent pas à demander, à insister, et ce même quand c'est pas mérité.
Je constate de mes yeux depuis bien 15 ans et je l'ai meme vécu moi meme : les femmes attendent qu'on reconnaisse leurs mérites, elles estiment que c'est normal. Et elles ont raison. mais dans la pratique, ça ne marche pas comme ça.
6
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