Publié le 19 décembre 2013.
Quand on parle de Noël végétarien, je suis une battante. Végane depuis 2012, je m’apprête à passer un nouveau Noël végane en famille.
Et si le premier a été une véritable épreuve du feu, il a également été riche en leçons que je m’empresse de partager avec toi.
Toi, la végétarienne endurcie mais blasée, la végane ou la végé en transition, la vétérante ou la bleue, qui prend déjà intérieurement les paris…
Qui de l’oncle Gaston, chasseur confirmé, ou de Tante Germaine, qui-ne-jure-que-par-la-crème-fraîche, fera lâcher tes nerfs en premier ?
D’abord et avant tout, rappelons-nous quelques principes essentiels.
À lire aussi : Comment faire manger plus de légumes aux gens ? #DéfiVeggie
Noël végétarien : tu n’es pas seule
Tu n’es pas seule à fêter un Noël végétarien. Ça me semble important de le préciser, car les fêtes gastronomiques en famille ont le don de me renvoyer à mon « originalité ».
Oui, effectivement, au fin fond de ma Lorraine natale, honnir le rôti ou la crème, c’est presque anticonstitutionnel.
Mais en prenant un peu de recul, c’est loin d’être une vérité internationale.
Ne perdons pas de vue que la Harvard School of Public Health a officiellement publié des conseils pour une alimentation équilibrée qui vont à l’encontre des conseils validés par le gouvernement américain.
Tu me diras que les États-Unis ne sont peut-être pas une référence en matière de gastronomie, mais la Harvard School of Public Health est une référence en matière de politiques sanitaires !
Pour les protéines, les recommandations portent sur le poisson, la volaille, les haricots et les noix. « Limitez la viande rouge et le fromage ; évitez le bacon, la charcuterie et les viandes cuisinées industriellement »
En France, nous sommes peut-être (encore) des originaux, mais nous ne sommes pas des illuminés. Ne l’oublions pas, entre deux odes aux foie gras.
Noël végétarien : toi aussi, tu as le droit de kiffer ton repas
Personnellement, je ne suis pas devenue végane par masochisme.
Je le suis devenue d’abord et avant tout parce que j’aime la bouffe végane — beaucoup plus que je n’ai aimé la viande ou même le fromage (et si tu m’avais connue dans une autre vie, tu mesurerais véritablement la portée de cette déclaration).
La première année, j’ai voulu « déranger au minimum », perturber le moins possible le déroulé du repas, faire en sorte que mon assiette de Noël végétarien ne jure pas trop avec les autres, joliment dressées par les hôtes, etc.
Résultat des courses, je me suis retrouvée à manger « la même chose, sans » : sans la viande, sans le poisson, sans les produits laitiers.
À lire aussi : Trucs et astuces pour remplacer les œufs dans la cuisine de tous les jours
Disons-le franchement, j’ai fini par manger la décoration végétale des plats (y compris celle de mes frères, qui ne sauraient consommer des produits de couleur verte : c’est contraire à leurs principes).
Pas exactement le kif culinaire.
Mais cette année, je suis prête.
Te préparer à un Noël végétarien, tu devras
Le Noël traditionnel français est très peu adapté à un régime végé. Qu’à cela ne tienne, à toi de l’imaginer, car les alternatives existent et sont nombreuses !
Je suis présentement en train de fantasmer préparer mon Noël végane, en écumant les sites de mes chefs préférées :
Noël végétarien : Des idées de recettes
Si le talent risque de me faire défaut, les inspirations ne manquent pas.
Étant fort peu douée pour la cuisine, je vais y aller niveau facile, plutôt « comfort food ». Si tu veux la jouer « fancy », il y a largement de quoi faire sur la blogosphère (et poste tes recettes avec photos sur le forum !).
Moi je suis partie pour piocher dans le menu suivant :
- Velouté au butternut et cèpes, la recette de Vegan Valkyrie
- Quiche aux légumes (East Side Burger fait des quiches du tonnerre, or rien de plus facile à faire qu’une quiche, ça ira très bien avec « la décoration végétale » des assiettes !)
- Rôti de seitan : c’est un peu cher, mais après tout c’est Noël, et le seitan fumé de Lima est un vrai délice, aussi bon cru que cuit comme disait l’autre. Avec une petite sauce aux marrons faite maison, je vais même pouvoir faire illusion à côté du rôti de Noël.
- Risotto forestier au pesto : du riz spécial risotto, des champignons, de la sauce au basilic, de la margarine et de l’huile d’olive à la place du beurre. Je remercie le Gentle Gourmet Café pour l’idée : le risotto au pesto au menu de leur carte d’octobre 2012 était beaucoup, beaucoup trop bon.
Brochettes de tofu mariné ET frit. Que demande le peuple ?
Noël végétarien : le dessert
Les desserts véganes sont vraiment faciles : il suffit de remplacer les graisses animales par des graisses végétales.
Beurre par margarine, huiles diverses pour le goût, laits végétaux à la place du lait de vache, yaourt au soja si on veut plus de consistance, et banane ou oeufs de substitution pour remplacer les oeufs — ou un peu plus de levure si c’est juste une question de volume.
Et pour l’inspiration, il n’y a qu’à piocher dans les recettes de Vegan Valkyrie !
- Un cheesecake…sans fromage !
- Tarte chocolat blanc-noix de coco
- Pain perdu à la banane
- Les sablés de Noël
Personnellement, je penche pour un carrot cake des familles, mon péché mignon, avec muffins banane-chocolat et pancakes pour le brunch.
Je laisse ça là.
Noël végétarien : Négocier, tu devras
Que tu sois invitée ou que le repas se déroule chez tes parents, il ne faudra pas négliger un aspect crucial de la préparation de ton repas de Noël végétarien : l’accès à la cuisine.
La préparation d’un repas de Noël pour 10-20 personnes selon les familles est un stress important pour les personnes responsables des différents plats.
Notre cuisine a beau être spacieuse et équipée, l’utilisation des différents plans de travail obéit le jour de Noël à un planning strict (pensé efficacement par le spécialiste de la logistique qu’est mon père).
À lire aussi : Tortillas au tofu façon oeufs brouillés, recette pour un petit-déjeuner végane
Hors de question de se pointer deux heures avant le repas et de demander si « je peux utiliser la cuisine ».
La réponse est « non »
Leçon apprise. Cette année, je vais devoir moi aussi prévoir avec précision le temps de préparation, de cuisson et de réchauffage de mes plats deNoël végétarien.
Il faudra sans doute que je prépare en avance mes ingrédients, à la Master Chef. Mais j’aurai ma place en cuisine, foi de Clémence Bodoc.
Évidemment, si le repas a lieu hors du domicile familial, il te faudra faire preuve d’autant plus de tact durant cette délicate négociation.
Propose ton aide à l’hôte de maison, histoire qu’on te laisse réchauffer sans problème tes plats en même temps que le service de toute la table…
Noël végétarien : Faire preuve de diplomatie, tu devras
Pour connaître un certain nombre de véganes autour de moi, je peux affirmer sans hésiter que voir nos choix alimentaires constamment remis en question, ça nous gonfle.
Si en plus tu es « en transition », tu es une cible facile : le sceptique ne manquera pas de pointer des incohérences.
« Ah t’es végétarienne mais tu manges du fromage ? Tu sais qu’on tue les veaux pour faire du fromage ? Pas très cohérent tout ça… »
Mon préféré reste « Ah t’es végane mais tu manges des chips et tu bois de l’alcool ? Pas très bon pour la santé tout ça ».
Le quidam lambda n’a souvent aucune idée de pourquoi tu manges ce que tu manges et ne manges pas ce que tu ne manges pas. Il est confus.
Et sa confusion transpire dans ses critiques, exprimées à voix haute, devant tout le monde, sans le moindre tact.
À lire aussi : Être vegan et manger équilibré : à bas les idées reçues ! (2/2)
Si comme moi tu es généralement une personne plutôt pédagogue et tolérante, ce conseil sera très frustrant. Mais je suis convaincue que pour préserver la bonne ambiance et l’esprit de partage des fêtes, il vaut mieux ne pas répondre.
Ne pas relancer, ne pas expliquer. Le banquet des fêtes n’est pas, à mon avis très humble, le moment de lancer un débat sur le végétarisme.
J’avais déjà ce sentiment par instinct, mais depuis la conférence de Melanie Joy au Paris Vegan Day, j’ai désormais la confirmation que les gens ne sont tout simplement pas dans les bonnes dispositions psychologiques pour être réceptifs à une quelconque explication sur le végétarisme alors qu’ils sont en train de mâcher de la dinde.
C’est un fait.
Les 3 types de remarques durant un Noël végétarien
- Le troll : Il sait que tu es végéta*ienne. Il teste ta patience.
Deux solutions : l’ignorer simplement (il se lassera rapidement) ou la réponse passive-agressive (envoie-lui un lien vers le test « es-tu patiente ? »).
Pose-lui publiquement des questions qui vont le gêner s’il ne lâche pas l’affaire. Ne laisse pas le troll faire de toi l’attraction principale du dîner, et pour éviter cela, tous les coups sont permis.
- L’intéressée : Certaines personnes pourront se montrer sincèrement intéressées par ton régime alimentaire.
Réponds-leur poliment que tu seras ravie de leur présenter ta philosophie de vie, mais que le repas de Noël végétarien n’est pas le bon moment pour ça.
Elles comprendront (et apprécieront certainement ta délicatesse).
- La pitié : il m’a fallu un certain temps pour comprendre que nombre de réflexions désobligeantes étaient en réalité des expressions de pitié.
Il y aura sans doute des gens qui penseront que tu te prives, que ton repas est « moins bon » que le leur.
N’hésite pas à rassurer ces personnes sur le fait que tu kiffes tes petits plats, et que de toute façon, tu n’as jamais aimé les huîtres ni les escargots.
Et que tu es bien contente, cette année, d’avoir une alternative.
Noël végétarien : relativiser, tu devras
J’ai depuis longtemps abandonné l’idée que je passerai des fêtes tranquilles. Je sais par avance que « mon régime » va poser problème à mes proches. Mais j’ai décidé que cette année, il ne me posera pas de problème à moi.
Je vais cuisiner pour moi, pour me faire plaisir. Il y en aura assez pour ceux qui veulent goûter, mais je n’essaie pas de proposer un plat végane au menu de Noël. Je l’ai fait l’année dernière, et ça n’a pas marché.
Étant une piètre cuisinière, j’en ai raté un (prouvant par là le théorème selon lequel « ta bouffe, c’est vraiment bof quand même ») et le 2ème a été présenté comme « c’est le truc végane de Clémence »…
Soit pas exactement la description que j’aurais choisie, mais passons.
Cette année, je vais m’en tenir à mes principes. Je pense que les repas de famille des fêtes doivent être un moment où on se retrouve, un moment de partage.
Et non, le « partage », ça veut pas forcément dire manger la même chose, ça veut dire partager la joie d’être tous ensemble autour de la table. Se faire plaisir, même si c’est pas par les mêmes aliments.
Au fond de moi, je ne rêve même pas d’un Noël végane, juste d’un Noël où être végane ne serait pas un problème, parce que c’est à cette idée de Noël que je suis attachée.
Celle du partage, de la communion avec famille, amis, proches que l’on est heureux de voir.
Le foie gras et les huîtres, franchement c’est secondaire. Et je crois que végé, végane ou omni, on peut tous être d’accord avec ça.
Vous sentez la félicité et la communion qui se dégage de cette scène ?
Et si vraiment, tu as besoin de soutien psychologique urgent pour survivre aux fêtes, tu peux toujours compter sur les madZ de la Veille Permanente Végétarisme !
Et toi, qu’est-ce que tu vas manger à Noël, à la place de la dinde ?
À lire aussi : Comment (sur)vivre sans produits laitiers ?
Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.
Les Commentaires