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Natoo, en robe composée de Crocs sur YouTube
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On a demandé à Natoo si TikTok va tuer YouTube (et sa réponse vous fera rire)

Nathalie Odzierejko alias Natoo s’est d’abord fait connaître sur YouTube avant de décliner son humour et son univers loufoque sur Instagram, TikTok, et même Pinterest. Mais comment continuer à faire rire après 11 ans, même face au sexisme ?

Depuis 2011, Natoo partage sa bonne humeur et son humour sur YouTube. La créatrice de contenu sévit également sur Instagram, TikTok, mais aussi Pinterest, qui s’impose de plus en plus comme un réseau social sur lequel compter et créer. Rare femme française à percer à ce point sur le créneau de la comédie plutôt que le lifestyle, la mode ou la beauté, Nathalie Odzierejko a eu le temps de se tailler sur l’ensemble des réseaux sociaux une communauté solide, qui grandit mais aussi rajeunit avec elle. Natoo nous parle donc d’humour, de sexisme, et de confiance en soi.

Interview de Natoo, créatrice de contenu qui fait rimer comédie et féminisme

Entre tes débuts sur YouTube et aujourd’hui, qu’est-ce qui a changé chez toi ?

Aujourd’hui, j’ai le sentiment d’être une femme plutôt libre, qui a la chance de pouvoir faire ce dont elle a envie dans sa vie, son travail, et sur ses réseaux sociaux. Je gagne ma vie grâce à un métier que je me suis créé, alors qu’au moment où j’ai commencé, je ne savais même pas qu’on pouvait gagner de l’argent grâce à YouTube. Mais ce qui n’a pas changé, c’est que je prends toujours autant de plaisir, sans jamais me censurer ou me bloquer. Parfois, je sais que des vidéos ne vont pas cartonner, mais je les fais quand même.

Publiée en mars 2011, cette vidéo de Natoo est la plus ancienne encore en ligne publiquement sur YouTube.

À ce sujet, as-tu l’impression que les créatrices et créateurs de contenus se censurent davantage qu’à tes débuts ?

Ça me concerne peu puisque je parle plutôt de ma vie personnelle, des petits pépins du quotidien, ce qui a peu de risques de susciter une polémique. Je pense qu’on se montre plus responsables aujourd’hui, on a davantage conscience de la portée de nos actes et paroles, ce qui est une bonne chose. Perso, j’ai été toujours été respectueuse, et fais dès que possible des pas vers davantage d’inclusion. Plutôt que de dire « les filles, quand vous avez vos règles », ça ne me coûte rien de dire simplement « quand vous avez vos règles », par exemple.

Outre cette culture de la responsabilisation, est-ce que la pandémie a eu un impact sur ta créativité et tes inspirations ?

J’ai fait mes deux confinements avec des amis dans ma maison de campagne. On était 5 pendant le premier, 7 durant le deuxième. C’était une ambiance de colonie de vacances. J’ai conscience d’avoir été extrêmement privilégiées en bénéficiant ainsi de conditions idéales. Du coup, cette période ne m’a pas causé de panne d’inspiration. J’ai pu boucler mon deuxième livre, Icônne 2, durant cette période, par exemple.

Dans cette parodie de magazine féminin, Natoo rit avec intelligence des diktats imposés aux femmes par la société et invite avec humour à s'en affranchir.
Dans cette parodie de magazine féminin, Natoo rit avec intelligence des diktats imposés aux femmes par la société et invite avec humour à s’en affranchir.

Découvrez Icônne 2, de Natoo, aux éditions Michel Lafon

Les réseaux sociaux te servent-ils également de source d’inspiration ?

Oui, bien sûr, YouTube, Instagram, mais aussi Pinterest sont des mannes d’inspiration. Ce dernier en particulier s’avère particulièrement pratique pour penser la direction artistique d’un tournage d’ un projet, d’une vidéo. Ça m’avait beaucoup aidé à rassembler mes idées et à les communiquer de façon claire et cohérente pour ma vidéo Maman ça va être ta fête… de Noël ! où l’on trouvait aussi bien des nains de jardin que des danseuses du Lido, par exemple.

Je me sers également de Pinterest comme d’un journal intime, de bord, d’inspiration, où je mélange dans un même tableau aussi bien des photos de mes vacances que des images d’inconnus que je trouve sur ce réseau. C’est fou de taper un mot et avoir mille choses différentes qui en ressortent, et de pouvoir s’approprier tout ça à sa manière, de façon aussi ordonnée ou bordélique qu’on le souhaite.

En quoi Pinterest te permet aussi d’avoir un lien privilégié avec ta communauté ?

Sur Insta ou YouTube, on peut avoir des commentaires sous des publications mais c’est assez volatile. Tandis que sur Pinterest, avec la nouvelle fonctionnalité Version, les gens qui te suivent peuvent répondre à une publication par leurs photos et vidéos. Leur version d’un maquillage ou d’une recette que tu aurais proposé par exemple. C’est génial car ça me permet d’être inspirée à mon tour par ma communauté qui devient alors créatrice de choses qui restent et forment une sorte de collection, donc c’est un cercle vertueux.

https://www.pinterest.fr/pin/681662093611147884/

Sur YouTube, TikTok et maintenant Instagram dominent les contenus vidéos. As-tu l’impression que les réseaux sociaux tendent à s’uniformiser entre eux ?

Les réseaux sociaux sont avant tout ce qu’on en fait. Sur YouTube, je prends le temps d’aborder des sujets plus en profondeur, dans la longueur. Ma prochaine vidéo sera sur mon beau-père, dont je n’ai encore jamais parlé sur ma chaîne alors qu’il occupe une place majeure dans ma vie. Je ne me force pas à maintenir un rythme régulier sur YouTube car je perdrais alors en spontanéité.

TikTok, je peux poster plusieurs fois par semaine, comme autant de petites blagues que j’aurais envie de partager. Je ne vais que sur la page Pour Toi où l’on me propose plein de profils que je ne connais pas et je suis toujours agréablement surprise par la diversité que j’y trouve, c’est génial ! Des mecs se plaignent parfois auprès de moi qu’ils ne trouvent sur TikTok que des femmes dénudées, mais l’algorithme leur sert ça car il a remarqué que c’est ce qu’ils préféraient, donc bon…

Sur Instagram, comme pour beaucoup de gens, c’est là où je poste une espèce de best-of flatteur de ma vie. Et je ne follow que des amis et des gens que je surkiffe. Bref, je vais chercher et publier des choses différentes sur chacun de ces réseaux, et je trouve ça important de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier en tant que créatrice de contenus.

Toi qui viens d’avoir 37 ans début 2022, est-ce que TikTok te fait te sentir vieille ? Parce que moi oui (rires).

Plein de gens de mon âge ne comprennent rien à TikTok, en effet, mais je pense qu’il suffit de s’y plonger, de vouloir s’y intéresser sincèrement, pour commencer à comprendre. Ma mère de 70 ans a toujours fait l’effort de s’intéresser, elle maîtrise bien Instagram, et rigole bien sur TikTok.

Je ne me sens pas larguée par la génération TikTok. Au contraire, ces jeunes cultivent une créativité dingue qui m’inspirent énormément. Si on veut s’amuser sur TikTok, c’est d’ailleurs assez facile, puisqu’on peut suivre des trends, partager et s’amuser. On n’a pas besoin d’être ultra connu pour avoir des TikTok qui percent. On peut être anonyme et exploser du jour au lendemain.

Quel âge a ton audience, d’ailleurs aujourd’hui, toi qui compte parmi les figures de doyenne du YouTube game français ?

Franchement, ce n’est pas une statistique qui m’intéresse. Je suis aussi bien abordée dans la rue par des jeunes ados que des mères. La moyenne globale se situe plutôt entre 16 et 25 ans. Le chiffre qui m’intéresse davantage, c’est la répartition de genre. On pourrait croire que j’ai un public particulièrement féminin, mais en fait, je suis suivie par autant d’hommes que de femmes sur la plupart de mes réseaux. Je regarde seulement ces statistiques quand des marques me les demandent, en réalité.

Parmi tes derniers partenariats, celui avec Crocs m’a particulièrement marqué. Tu peux nous expliquer ton amour pour ces chaussures ?

Je passe ma vie en Crocs depuis une bonne dizaine d’années. À force d’en montrer dans mes stories, la marque a fini par me contacter. Je trouve ces chaussures hyper confortables, amusantes dans leur forme, leurs couleurs, et les possibilités de personnalisation. C’est fascinant de voir comment ce qui peut paraître ridicule un jour peut devenir branché le lendemain. Alors puisque tout finit par être à la mode à un moment donné, autant se faire plaisir et porter ce qu’on aime vraiment.

Durant la pandémie, les ventes de Crocs ont explosé, et ça pourrait peut-être s’expliquer notamment par le fait qu’on arrêtait enfin de se priver d’un tel confort par peur du regard social, en fait. Plein de gens ont arrêté de porter des soutifs, et se sont adonnés aux joggings ! J’espère que le confort et l’expression de soi, sans peur du jugement d’autrui, vont rester tendance.

Les femmes sur YouTube dominent plutôt dans les catégories mode et beauté. Quel est ton rapport avec ces industries du paraître ?

Sur Pinterest, il m’arrive souvent de tomber sur des maquillages que je n’aurais jamais osé tenter autrement, et ça m’inspire énormément. J’ai aussi créé un tableau « vêtements » que je kiffe. Je ne consomme plus de fast-fashion et refuse plein de partenariats allant dans ce sens, alors qu’il y a 3 ans, j’aurais été ravie d’accepter ne serait-ce qu’une dotation contre de la création de contenus. Depuis le début de l’année 2022, je me suis mise au défi de ne rien acheter de neuf, et ça se passe très bien. C’est tellement complexe ce qu’il se passe en terme d’écologie, il faut vraiment faire des efforts, ce n’est plus une option.

Penses-tu que l’humour puisse être un bon moyen de sensibilisation et de responsabilisation face à l’urgence climatique, justement ?

Oui, plus on emploie de méthodes différentes, plus le message a de chance de passer. Il y a déjà des personnes expertes qui font un travail formidable de recherche et de vulgarisation, de façon très pro, carrée, et documentée. Et je pense que l’humour peut contribuer à sensibiliser le grand public sur ce genre d’enjeux. Récemment, je suis allée dans un refuge pour les animaux, et mon ton léger a pu contribuer à alerter sur cette cause sans trop culpabiliser pour autant. On peut allier l’humour, l’utile, et l’agréable.

Les femmes qui font de l’humour semblent particulièrement victime de misogynie sur les réseaux sociaux. Comment le perçois-tu ?

J’ai eu la chance de commencer quand j’avais 26 ans, j’étais déjà relativement confiante.
Encore aujourd’hui, je me mange plein de réflexions misogynes, comme « retourne dans ta cuisine » ou « arrête ton humour de femmes », mais ça me cause surtout de la pitié pour ses personnes.

Quel rapport entretiens-tu avec ton genre et ton corps aujourd’hui ?

Je me sens plus à l’aise, je m’accepte davantage tel que je suis. Ado, je ne me suis jamais trouvée belle, maintenant je me trouve plutôt moyenne, mais je suis ok avec ça, en fait. Ça aide sûrement plein de gens de se dire qu’on est toutes belles et tous beaux, mais la prépondérance de ce message me pèse plus qu’autre chose. La beauté, ce n’est pas le plus important dans la vie. On pourrait aussi davantage encourager l’intelligence, la créativité, etc. Le problème, ce n’est pas le fond du message, mais plutôt son matraquage, et le glissement d’une invitation à s’aimer tel que l’on est vers « vous êtes toutes belles » qui peut être entendu comme une injonction à devoir obligatoirement se trouver sublime.

Penses-tu qu’il soit de plus en plus facile de s’affirmer féministe désormais ?

Comme toute personne censée, je veux l’égalité entre les genres. Hier encore, au resto, une copine commandait un cocktail « Sex on the beach » et le serveur lui a fait des allusions sexuelles complètement déplacées. Qu’il puisse sortir de telles remarques sans sourciller montre combien on a encore besoin de féminisme, même si on a clairement pas besoin de ce genre de piqures de rappel. Alors j’allie féminisme et humour à ma manière pour faire bouger les choses en ce sens.

À lire aussi : Sur TikTok, @ElieFy fait rimer conseils mode et développement personnel

Crédit photo de Une : capture d’écran YouTube de Natoo.


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Les Commentaires

1
Avatar de hellopapimequepasa
14 mars 2022 à 17h03
hellopapimequepasa
je me sens tellement bête je vois pas ou est la réponse de natoo au "est ce que tik tok va tuer you tube?"
1
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