Allaiter n’est pas un acte sexuel. Allaiter n’est pas un acte sexuel. Allaiter n’est pas un acte sexuel. Allaiter n’est pas un acte sexuel. Est-ce que le message est passé ? Visiblement, non.
En effet, comme l’a signalé la chaîne M6 lors d’un reportage dans son 12h45 le 29 février dernier, une nouvelle tendance se dessine sur les réseaux sociaux et plus particulièrement sur Instagram : des créatrices de contenus pornographiques utilisent la dérogation qui existe depuis 2015 quant à l’exposition des seins sur la plateforme. En effet, sur Instagram, les vidéos où l’on peut voir des poitrines nues, tétons compris, sont tolérées, si elles montrent une personne en train d’allaiter son enfant. Sauf qu’ici, pas de vrais bébés, mais des poupées. Quant aux mères soi-disant allaitantes : elles n’allaitent pas du tout, du moins, pas dans ces vidéos.
L’allaitement n’est pas un acte sexuel
C’est un combat féministe, parental et sociétal : normaliser l’allaitement et lutter pour qu’il ne soit pas assimilé à un acte sexuel. Dans la vraie vie, l’allaitement n’est pas un acte d’exhibition sexuelle. L’article 222-32 du Code pénal, qui définit l’exhibition sexuelle, dit que c’est lorsqu’on impose à la vue d’autrui la commission explicite d’un acte sexuel, qu’il soit réel ou simulé. L’allaitement est l’action de nourrir de son lait son enfant, donc ce n’est rien de sexuel.
Mais ici, dans ces vidéos, c’est un énorme pas en arrière qui est en train de se produire : l’allaitement est sexualisé. Le male gaze est lancé à toute vitesse, et il défonce tout le combat qu’on mène depuis des années. Il n’y a qu’à voir les commentaires dégueulasses sous ces vidéos, très facilement retrouvables lorsqu’on tape tout simple le hashtag #breastfeeding (allaitement en français) dans la barre de recherche Instagram et qu’on tombe sur ces contenus en tête de gondole : « Est-ce que je peux être ton bébé » ou « Je m’identifie comme un bébé et j’ai besoin de lait ». À vomir.
À lire aussi : Le regard des hommes sur nos seins qui allaitent
Il y a suffisamment de la place pour le X ailleurs
Chacun son délire, on n’est pas là pour juger. Si le kif de certains et de certaines est de mater des femmes en train de faire semblant d’allaiter un faux bébé, grand bien leur fasse ! Mais il y a suffisamment de plateformes dédiées aux fantasmes sexuels sur la toile. Le problème ici, c’est que ces travailleuses du sexe, qui sont également actives sur OnlyFans, (et ceux qui sont derrière cette riche idée) foutent un sacré coup à toutes les femmes allaitantes qui essayent de prendre confiance en leur allaitement, en leur corps, et en leurs principes.
Malheureusement, l’histoire ne s’arrête pas seulement à des vidéos de ces créatrices de contenus qui font semblant d’allaiter : comme l’explique Libération, des faux comptes se servent également dans de véritables vidéos de femmes allaitant leur bébé, et les repartagent, sans leur consentement, « sous couvert de promotion éducative de l’allaitement ». L’une de ces femmes, Américaine, dont la vidéo a été repartagée sur l’un de ces faux comptes, explique à Libération :
Il est profondément troublant et violent que des hommes volent des photos de mères en train d’allaiter et les sexualisent. Il n’y a jamais d’excuse pour ce genre de comportement qui vise à dégrader les femmes. [Il faut] signaler toujours ces comptes pour qu’ils cessent de s’en prendre aux mamans.
À lire aussi : Giflée pour avoir allaité dans un lieu public : non mais ça va pas bien ?
Alison Cavaillé, la fondatrice de la marque de vêtement d’allaitement TajineBanane, a d’ailleurs réagi à ce reportage édifiant sur son compte Instagram :
On milite depuis des lustres pour que l’allaitement, dans l’espace public et partout ailleurs, soit accepté et normalisé, et bam, on tombe sur ce genre de vidéos. Dans le genre « rétropédalage », on est pas mal. Quand on sait que 17 % des femmes allaitantes se sentent discriminées dans l’espace public dès lors qu’elles doivent donner à manger à leur bébé à l’extérieur de chez elle, on est mal barrées. Pour rappel, certaines se font encore insulter, virer du Louvre ou de Disneyland Paris parce qu’elles osent donner à manger à leur bébé. Ce n’est pas avec des vidéos comme ça, publiées sur un réseau social à aussi grande portée, qu’on va pouvoir sortir des ronces.
Vous aimez nos articles ? Vous adorerez nos newsletters ! Abonnez-vous gratuitement sur cette page.
Les Commentaires
Je ne sais même pas comment on peut justifier la présence d'enfants, même factices, dans des vidéos pornographiques.
Edit : les agresseurs.es et les incestueur.ses SONT des gens normaux. Ce ne sont pas des erreurs statistiques, mais les hommes et femmes qui nous entourent et qu'on ne soupçonnerait jamais.