En 2024, le corps d’une femme enceinte est jugé indécent, comme le montre cette pub censurée de Time Square

Un bel exemple de male gaze. Une publicité de Molly Baz, la cheffe de cuisine, créatrice de recettes et rédactrice culinaire, a été censurée des géants panneaux d’affichage du célèbre Time Square. La raison ? Celle-ci violait les « directives sur le contenu acceptable » d’après Clear Channel, la société américaine en charge de la diffusion des publicités new-yorkaises.

Et que voyait-on sur cette publicité ? Molly Baz, enceinte et en sous-vêtements, qui tenait, devant sa poitrine, deux de ses gâteaux — dont la recette favoriserait la lactation —le tout accompagné du slogan « ajoutez simplement du lait ».

La publicité de Molly Baz censurée

Initialement, la publicité, développée par Molly Baz en partenariat avec la start-up d’allaitement Swehl, devait être diffusée pendant une semaine, du lundi à la fête des Mères américaine, pendant la première minute de chaque heure. Mais le jeudi, soit seulement trois jours après le début de la diffusion, elle a été remplacée par une autre image de la campagne où l’on peut voir Molly Baz en jean et crop-top, mangeant un des fameux gâteaux.

Ce qui est fort, c’est que cet emplacement publicitaire à Time Square est souvent utilisé par des marques comme Skims et Michael Kors par exemple, pour promouvoir des sous-vêtements. Alors pourquoi cette affiche a-t-elle été supprimée ? Parce qu’ici, il y a un criant double standard sexiste :  un sein sexualisé est mis en avant et accepté, tandis qu’un sein allaitant ne l’est pas.

Que doit-on comprendre face à la censure de la publicité de Molly Baz ? Que le corps des femmes enceintes n’est pas sexy, vendeur, et qu’il ne doit pas être mis en avant, à la vue de toutes et tous.

La cheffe de cuisine, choquée de cette action hautement sexiste, s’est confiée au webzine Motherly :

Je pense que le message envoyé est assez clair. Les femmes sont considérées comme belles, attirantes, sexy, désirables quand – et seulement quand – elles sont représentées de manière à répondre au regard d’un homme et à ses désirs.

Lorsque nous apparaissons dans notre corps réel, faisant exactement ce pour quoi il est conçu (incuber la vie humaine) qui, ne l’oublions pas, est le résultat direct d’un rapport sexuel, il est en quelque sorte considéré comme peu attrayant et inapproprié.

À une époque où les droits reproductifs des femmes sont constamment remis en question partout dans le monde, où l’allaitement continue d’être stigmatisé, où des femmes, même en France, se font exclure de lieux publics parce qu’elles allaitent — ou même carrément gifler — il est urgent de faire comprendre à la société toute entière que le corps des femmes doit cesser d’être réduit à un objet destiné au regard masculin. Bordel, on est en 2024, quand est-ce que ça va changer ?

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