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Le cancer du sein touche aussi les moins de 50 ans : pourquoi il faut revoir nos réflexes de dépistage

On a grandi avec l’idée que le cancer du sein concernait surtout les femmes après 50 ans, celles à qui on envoie une invitation pour une mammographie de routine. Sauf qu’une nouvelle étude vient bousculer ce scénario bien rodé : près d’un quart des cancers du sein diagnostiqués concernent des femmes de 18 à 49 ans. Et les cancers détectés chez ces patientes plus jeunes sont, la plupart du temps, plus agressifs. De quoi interroger la manière dont on pense le dépistage aujourd’hui.

Les jeunes femmes bien plus concernées qu’on ne le croit

Pendant onze ans, des équipes médicales de sept centres d’imagerie de l’État de New York ont passé en revue tous les diagnostics de cancer du sein. La proportion de femmes de moins de 50 ans représentait entre 20 et 24% des cas, ce qui est loin d’être marginal.

Parmi les 1 799 cancers identifiés dans cette tranche d’âge, plus de 80% étaient invasifs, c’est-à-dire capables de se propager au-delà du sein. Dans la majorité des cas, ces femmes n’avaient aucun antécédent familial, ce qui signifie qu’elles n’étaient pas considérées comme “à risque” au regard des critères actuels.

Autrement dit, de nombreuses jeunes femmes sont concernées sans même le savoir.

Quand le dépistage arrive trop tard

L’étude révèle aussi un détail qui en dit long sur la façon dont les cancers sont aujourd’hui détectés chez les moins de 50 ans. Dans 59% des cas, les tumeurs n’ont pas été repérées lors d’un dépistage, mais après qu’une femme a consulté en remarquant une anomalie : une masse, une rougeur, une sensation étrange dans un sein. Seules 41% des tumeurs ont été détectées lors d’une mammographie de routine.

Ce fonctionnement place beaucoup de jeunes patientes dans une démarche « réactive » plutôt que préventive. Et cela change tout. Chez les femmes de 18 à 40 ans, par exemple, les tumeurs étaient plus souvent agressives, parfois de grade élevé ou de type triple négatif, une forme qui ne répond pas à l’hormonothérapie classique.

Les seuils d’âge ne correspondent plus à la réalité

Pour la radiologue Stamatia Destounis, qui porte cette étude, il devient difficile de s’appuyer uniquement sur l’âge pour décider du moment où un dépistage doit commencer. Sur onze ans, la part de jeunes femmes concernées reste stable, et la nature des tumeurs détectées chez elles reste préoccupante. Ce n’est donc pas une fluctuation sporadique, mais une tendance durable.

Cela ne veut pas dire que toutes les femmes doivent passer une mammographie dès 25 ans. Mais une approche plus souple, qui s’adapte au profil de chaque personne, pourrait éviter des diagnostics tardifs.

D’où vient cette hausse chez les jeunes femmes ?

Les spécialistes évoquent une combinaison de facteurs : hormones, environnement, alimentation, consommation d’alcool ou encore modes de vie. L’étude souligne d’ailleurs qu’on manque cruellement de données spécifiquement centrées sur les moins de 50 ans, alors même que leur situation évolue.

Le phénomène n’est donc pas simple à expliquer. Mais il mérite clairement d’être mieux étudié.

Ce que les femmes peuvent déjà faire : se connaître et oser consulter

L’objectif n’est pas d’ajouter une inquiétude de plus à une liste déjà longue. Mais certains réflexes peuvent vraiment aider.

Parler avec sa famille, d’abord. Beaucoup de femmes ignorent qu’un cancer du sein dans la famille paternelle est tout aussi important que du côté maternel. S’auto-examiner régulièrement, ensuite, sans pression mais avec attention. Et consulter si quelque chose semble inhabituel, même si cela paraît anodin. Une texture qui change, une gêne persistante, une petite masse… Toutes ces observations méritent d’être prises au sérieux.

Comme le rappelle la radiologue, connaître son corps reste un outil précieux, à tout âge.

Vers un dépistage plus personnalisé ?

Cette étude ne cherche pas à faire peur. Elle propose au contraire une réflexion utile : l’âge, à lui seul, ne suffit plus à décider du niveau de risque.

Les années qui viennent pourraient ouvrir la voie à un dépistage plus nuancé, pensé pour s’adapter à chaque femme plutôt que pour coller à une logique uniforme. Une évolution qui permettrait d’agir plus tôt, plus efficacement, et surtout plus justement.

Parce qu’à 30, 35 ou 45 ans, personne ne devrait découvrir un cancer simplement parce qu’elle ne remplissait pas encore les critères d’un dépistage systématique. Une approche plus personnalisée, ce serait déjà un pas vers une meilleure prévention, sans ajouter une charge mentale médicale de plus.


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