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“C’est pour quand le bébé ?” : la phrase qui gâche Noël pour tout le monde. Alors, arrêtez.

À Noël, il y a le foie gras, les débats relous, et cette fameuse question qui surgit toujours trop tôt. « C’est pour quand le bébé ? » ou sa variante « Et le petit frère ou la petite sœur, alors ? ». Une phrase lancée comme une évidence, souvent avec un sourire, mais qui peut faire très mal. Parce qu’elle ne touche pas seulement les couples qui essaient sans y arriver. Elle concerne aussi celles et ceux qui jonglent déjà avec un premier enfant, ou qui ont tout simplement fait le choix de ne pas devenir parents.

Quand on aimerait un enfant, mais que ça ne marche pas

Pour les couples en désir d’enfant ou en parcours de PMA, cette question est souvent la plus douloureuse. Elle suppose que tout est simple, linéaire, qu’il suffit d’attendre un peu et que le reste suivra. Or, la réalité est tout autre. En France, près d’un couple sur quatre rencontre des difficultés pour concevoir, mais ce chiffre reste largement absent des conversations de table.

Pauline Dujardin, psychologue clinicienne, explique que Noël agit comme un amplificateur. Il y a l’injonction au bonheur, la mise en scène des familles parfaites sur les réseaux sociaux, et surtout la place centrale accordée aux enfants dans l’imaginaire des fêtes. Au final, la question n’a qu’une conséquence : la tristesse, la frustration ou l’angoisse déjà présentes le reste de l’année remontent d’un coup.

La question « c’est pour quand ? » impose alors une réponse impossible. Soit on esquive avec un sourire forcé, soit on révèle quelque chose de très intime, au risque de créer un malaise général. Beaucoup témoignent de cette double peine : devoir gérer sa propre douleur, tout en rassurant les autres, qui se sentent soudain mal d’avoir posé la question.

Alors, par pitié, arrêtez avec cette question. Elle n’aide personne, elle fait mal.

Quand on a déjà un enfant… et que ça suffit (pour l’instant ou pour toujours)

Autre situation très fréquente, et pourtant peu entendue : celle des parents à qui l’on demande sans cesse « le petit frère ou la petite sœur ». Comme si un enfant seul était forcément incomplet. Comme si le fait d’en avoir un donnait automatiquement envie, et capacité, d’en avoir un autre.

Pour certaines familles, cette question tombe particulièrement mal. Parce que la première grossesse a été difficile, physiquement ou psychologiquement. Parce que le post-partum a été violent. Parce que le quotidien avec un enfant est déjà intense, épuisant, et qu’on essaie juste de tenir debout. Ou tout simplement parce qu’on n’en a pas envie, pas maintenant, pas comme ça.

Là encore, la question est intrusive. Elle invisibilise la charge mentale, les réalités financières, la fatigue, et l’histoire personnelle de chaque parent. Elle fait comme si la parentalité était une suite logique d’étapes à cocher, sans jamais interroger ce que cela coûte réellement à celles et ceux qui la vivent.

Quand on ne veut pas d’enfant, point final

Et puis il y a celles et ceux pour qui la question tombe complètement à côté. Les personnes qui ne veulent pas d’enfant. Pas plus tard, pas « on verra », pas « quand ce sera le bon moment ». Juste non. Un choix réfléchi, parfois posé depuis longtemps, et pourtant sans cesse remis en question, surtout à Noël.

Dans le cadre familial, cette décision semble devenir soudain négociable. La question revient, parfois plus insistante encore, comme si le fait d’être entouré de proches autorisait toutes les intrusions. Comme si refuser la parentalité était une provocation, ou au mieux une phase passagère. On s’entend alors expliquer qu’on changera d’avis, que ce serait dommage, que « tu verras quand tu seras plus vieux ou plus vieille ». Des phrases qui donnent le sentiment de ne pas être pris·e au sérieux, ni vraiment écouté·e.

Cette question est loin d’être anodine. Elle renvoie l’idée que la parentalité serait une norme incontournable, un passage obligé pour être pleinement adulte, pleinement accompli·e, pleinement dans la famille. Et en creux, elle laisse entendre que les autres choix seraient incomplets, temporaires ou égoïstes.

Or, ne pas vouloir d’enfant est un choix intime, légitime, qui n’appelle ni justification, ni débat, ni tentative de persuasion. Ce n’est pas un manque, ni un retard à rattraper. Et ce n’est certainement pas un sujet à trancher entre la dinde et le dessert.

Ce que cette question dit de nous, collectivement

Si « C’est pour quand le bébé ? » est si répandue, c’est aussi parce qu’elle rassure. Elle permet de projeter, de maintenir une idée très normative de la famille, de donner du sens aux réunions de Noël. Mais elle fait porter sur les individus le poids de cette norme, sans leur demander s’ils ont envie de la porter.

Les psychologues le rappellent souvent : vouloir « aider » ou « s’intéresser » ne justifie pas tout. Les conseils non sollicités, les vœux déguisés, les blagues lourdes appuient parfois exactement là où ça fait mal, même quand l’intention est bonne.

En conclusion

À Noël, on ne sait jamais ce que traverse la personne en face de nous. Derrière un « pas encore », un sourire ou un silence, il peut y avoir un parcours médical épuisant, une maternité compliquée, ou un choix réfléchi qu’on n’a pas à justifier.

Alors, si on pouvait faire un cadeau collectif cette année, ce serait peut-être celui-ci : arrêter de poser la question. Et remplacer le « c’est pour quand ? » par un silence respectueux, ou un simple « comment tu vas, vraiment ? ». Parce que ça, au moins, ça fait rarement mal.


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