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Société

Romain Costa libère la parole de la communauté LGBT+ sur Instagram

Figure emblématique de la cause LGBT+ sur Instagram, Romain Costa est le créateur du projet James Dîne : un repas convivial par mois avec des jeunes de l’association Le Refuge. Océane t’en fait le portrait.

Publié le 7 mai 2020

Pendant plusieurs mois, tous les 15 jours, tu verras défiler sur madmoiZelle des portraits d’instagrammeurs et instagrammeuses que tu connais peut-être, ou peut-être pas.

10 personnalités, qui ne sont pas forcément des stars d’Instagram, mais juste des personnes simples, au vécu empouvoirant, avec un message à faire passer, ou un contenu original à proposer.

Qui sont-ils derrière les likes et les K du réseau social ? Comment en sont-ils arrivés là ? Quel est leur message ?

Je vais tenter à travers ces 10 portraits de te le faire découvrir, et de peut-être te donner envie de les suivre.

Mais surtout, je l’espère, de te donner envie de t’affirmer et t’exprimer librement, comme elles et eux !

Retrouve les portraits déjà publiés

Si tu as apprécié ces portraits et les valeurs que véhiculent ces femmes et ces hommes sur Instagram, je te donne rendez-vous sur le site No Pressure by Instagram, une surprise t’y attend ! 

Artiste. Investi. Éloquent.

Romain Costa est l’un des ambassadeurs de la cause LGBT+ sur Instagram, via son compte personnel @romaincosta_ mais surtout via son compte @_jamesdine_ depuis lequel est né un projet en lien avec l’association Le Refuge.

À travers tout ce qui constitue sa personnalité : son art, son métier, son authenticité et son identité LGBT+, Romain utilise Instagram pour fédérer et donner de la visibilité à sa communauté.

Prendre la parole sur son intimité via Instagram

Originaire de Lille, Romain Costa est architecte et vit à Paris depuis quelques années. Il a débarqué sur Instagram en 2013 au moment de l’essor du réseau social, et a vite gagné en visibilité grâce à son contenu artistique clairement identifié.

Rapidement, Instagram est devenu son outil de choix pour partager son travail puisque sa communauté a grandi en même temps que le réseau social, mais aussi son gagne-pain principal par la création de contenus sponsorisés pour des marques.

En même temps qu’il jongle entre son agence d’architecture et sa création de contenus Instagram, en décembre 2016, Romain prend pour la première fois position sur le réseau social pour y dévoiler une partie de son intimité.

Il publie un article sur son blog intitulé Le jour où je me suis demandé si mes parents continueraient de m’aimer, qui a pour sujet principal le coming out qu’il a fait à 20 ans :

« Personnellement je connaissais quelqu’un qui n’avait encore jamais fait son coming out et pour qui c’était compliqué et qui allait avoir 30 ans.

J’ai repensé à mon état à mes 20 ans quand moi je l’ai fait, et je me retrouvais complètement dans ce qu’il ressentait.

À ce moment-là je me suis dis que j’aurais eu besoin de lire quelque chose qui me fasse me dire que j’étais normal de ressentir ça, que j’étais normal tout court.

J’ai donc voulu écrire un article qui permette aux gens qui n’avaient pas encore fait leur coming out de se rendre compte que toutes les personnes LGBT+ passent par ces étapes.

Et aussi que les personnes qui étaient déjà passées par là le relisent et se rappellent qu’elles ont franchi ces mêmes étapes et ces mêmes bouleversements. »

Avec cette prise de parole puisée dans l’intime, Romain casse l’image lisse et qu’on pourrait qualifiée de « superficielle » qu’il dévoile d’ordinaire.

Il reste pour autant, comme à son habitude, fidèle à lui-même et à son appropriation d’Instagram, tout en rajoutant une dimension pédagogique et engagée.

À partir de là, Romain s’exprime ponctuellement sur les sujets LGBT+, notamment 1 an plus tard en publiant son article Après la honte, le courage. Après la honte, la fiertéou en réagissant au canular homophobe dans Touche pas à mon poste.

Un jour de Pride en 2018, Romain est insulté dans le métro, il en fait une publication Instagram pour partager cette réalité et son ressenti.

Devenir une figure du mouvement LGBT+ via Instagram

Le 22 octobre 2018, Romain devient une figure du mouvement LGBT+ sur les réseaux sociaux avec la publication d’une simple photo de bisou.

Un bisou entre lui et son copain avec qui il est en couple depuis longtemps et qui provoque des réactions qu’il n’avait pas anticipées :

« Le moment où ça a vraiment basculé c’est le jour où j’ai publié la première une photo de moi et mon copain en train de nous faire un bisou.

Je l’ai publiée parce qu’à cette époque il y avait une recrudescence des agressions homophobes et une marche avait été organisée le 22 octobre 2018.

Comme je n’étais pas à Paris à ce moment-là, j’ai posté cette photo pour partager avec ma communauté l’importance d’aller marcher, de se rassembler.

Il y a eu énormément de retours positifs sur cette photo, c’est la plus engageante sur mon compte, mais c’est aussi sur cette publication que j’ai reçu le plus de désamour.

Il y a eu 3 ou 4 000 personnes qui se sont désabonnées de mon compte en quelques heures.

C’était hyper violent pour moi parce que ces gens-là avait décidé de me suivre pour mon univers, et arrêtaient de me suivre parce qu’ils voyaient une photo qui ne leur plaisait pas.

Alors qu’elle était dans la veine de ce que je faisais d’habitude : de l’architecture, une photo très esthétique.

La violence était vraiment dans le fait que ce qu’ils n’appréciaient pas c’est que je sois un garçon qui aime les garçons. »

Retourné par ces retours sous sa publication, Romain réfléchi à comment avoir plus d’impact et agir plus concrètement pour la cause LGBT+.

C’est de là qu’est né le projet James Dîne, pour exporter sa communauté virtuelle dans la vraie vie, grâce à Instagram :

« Quand on est une communauté stigmatisée, c’est important de se fédérer et de sentir qu’on appartient à quelque chose.

Moi toute ma vie on m’a fait comprendre que je n’étais pas normal que j’étais différent des autres, donc aujourd’hui c’est pour ça que le sentiment de communauté LGBT+ est fort parce qu’on a besoin de se soutenir et de se rassembler.

Depuis cette prise de parole et la création du projet James Dîne, je m’implique beaucoup plus, parce que je pense que c’est hyper important d’avoir des figures qui montrent que c’est normal d’être LGBT+.

Moi je suis homo mais ce n’est pas ça qui me caractérise ni qui définit ma personnalité. Je ne suis homo que quand je sors de chez moi et qu’on me pose une étiquette. »

James Dîne, un dîner par mois avec des jeunes de l’association Le Refuge

Le 26 octobre 2018, Romain présente sur con compte Instagram son projet James Dîne : un dîner par mois avec des associations LGBT+ telles que FLAG!, Aides, Solidarités SIDA, mais surtout Le Refuge, l’association qui vient en aide aux jeunes LGBT+ entre 18 et 25 ans rejetés par leur famille et/ou leur pays à cause de leur homosexualité :

« L’idée avec James Dîne c’est de proposer tous les mois à 5 jeunes du Refuge de venir dîner avec nous, de le faire dans un cadre amical et pas du tout associatif dans lequel on ferait acte de charité.

L’idée c’était juste de se rassembler, discuter, si on a envie de parler de sujets LGBT+ on en parle, mais sinon c’est juste un repas entre potes.

Des personnes de ma communauté participent aussi aux dîners et il n’y a pas obligation qu’ils fassent partie de la communauté LGBT+, ce n’est pas du tout une condition pour participer. »

17 repas James Dîne ont déjà eu lieu, chacun a été immortalisé sur le compte Instagram du projet, et ils sont à chaque fois une grande réussite et une grande source de joie :

« Ça se passe super bien, les gens sont hyper contents, et ce qui est génial c’est que pendant les dîners on ne sait plus qui fait partie du Refuge ou qui fait partie de ma communauté parce qu’on s’en fout au final.

On est tous et toutes là pour rigoler, les jeunes aiment beaucoup le format parce que pour eux ils sont là comme jeunes, pas comme jeunes du Refuge, et c’est valorisant.

Ça leur permet de ne pas avoir l’impression d’être là parce qu’on a pitié d’eux, parce que c’est pas du tout le cas.

À chaque fois les gens repartent en disant qu’ils ont passé un super bon moment et que ça les charge pour toute la semaine donc c’est cool.

Souvent ils restent en contact, ils échangent leurs numéros, ils s’écrivent, etc. C’est bien parce que ma volonté en créant James Dîne c’était de partir de quelque chose de très virtuel et d’en faire quelque chose de réel.

De se dire que moi quand je me sentais tout pourri parce que des gens se désabonnaient de mon compte parce que j’avais publié une photo, beaucoup de gens continuaient à me soutenir, et surtout, on s’en fout parce que dans la vraie vie on peut se soutenir les uns les autres. »

Tu es restaurateur ou restauratrice parisienne et tu veux participer au projet James Dîne ?

Romain cherche tous les mois un restaurant prêt à offrir un repas à chaque participant et participante ! Le coût engendré par le dîner sera déclaré en don à l’association Le Refuge, et donc défiscalisé à 100%.

Si tu souhaites héberger le prochain repas James Dîne, il te suffit d’envoyer un message à Romain via le compte Instagram James Dîne.

10 ans après son coming out, Romain Costa fait le bilan

En permettant de dévoiler l’intime à des ambassadeurs des causes LGBT+, Instagram met en avant des influenceurs (même si Romain n’aime pas ce terme) comme lui qui deviennent de véritables modèles et des vecteurs d’acceptation et de confiance en soi.

En partageant des textes forts mais aussi en assumant pleinement sa personnalité et son couple sur Instagram, il participe à son échelle à normaliser le fait de faire partie de la communauté LGBT+, et apporte du soutien aux personnes de sa communauté :

« Je réponds toujours aux gens qui ont pris le temps de m’écrire (quand les messages sont respectueux), surtout lorsqu’ils me parlent d’une situation de rejet ou de mal-être.

La plupart du temps, ils ne posent pas réellement de questions, ils m’envoient plutôt des messages pour me dire qu’ils sont aussi passés par les situations dont je parle.

Ils me remercient aussi de prendre la parole et de donner de la visibilité à la communauté LGBT+.

Je reçois aussi de nombreux messages de frères et sœurs (le plus souvent de grandes sœurs) qui me disent qu’ils ou elles ont envoyé mon article à leur petit frère ou sœur qui vit ces situations ou à leurs parents, que ça les aident.

Je communique beaucoup avec ma communauté, principalement par message privés sur Instagram. »

Au moment où l’on parle, cela fait 10 ans que Romain Costa a fait son coming out, et 7 ans qu’il assiste au déliement de la parole spécifiquement sur Instagram.

Romain fait le bilan de ces 10 années qui le séparent du jeune homme qui vivait dans le mensonge et la honte :

« Jusqu’à mes 20 ans et mon coming out, je ne vivais pas vraiment en tant que Romain, je vivais comme le personnage que je m’étais créé et qui correspondait à ce qu’on attendait de moi.

Celui qui était en couple avec des filles, qui disait qu’il voulait avoir des enfants avec elles, qui rêvait de la famille parfaite mais qui en fait donnait juste le change pour qu’on ne le fasse pas trop suer.

J’étais une cocotte minute prête à exploser, j’étais dans le contrôle de tout parce que je faisais attention à ce que chaque situation soit bien maîtrisée pour que personne ne voit que quand j’étais en couple avec une fille, par exemple, je n’étais pas vraiment amoureux d’elle.

J’ai vécu toute une partie de ma vie avec un masque, puis tout d’un coup j’ai affirmé qui était mon vrai moi. Ça a changé tout mon rapport au monde, je me suis senti beaucoup plus libéré.

Le jour où j’ai fait mon coming out j’ai dormi 15 heures par jour pendant une semaine, j’étais tellement fatigué de porter ce secret à bout de bras que quand je l’ai lâché, mon corps a craqué.

À l’échelle de la société évidemment des choses ont aussi évolué puisque quand j’ai fait mon coming out on n’avait pas le droit de se marier et maintenant c’est le cas.

Il y a plein de sujets de société qui replacent la communauté LGBT+ au centre et qui lui donne de la visibilité. Mais ça continue à être un combat.

Pendant toute mon adolescence et mon enfance je n’ai eu aucun repère à la télé, je n’ai vu quasiment aucun film dans lequel je pouvais m’identifier aux personnages.

Aujourd’hui il y a beaucoup plus de séries, de films, de gens qui en parlent publiquement donc ça aussi c’est un énorme changement. »

À lire aussi : Comment l’homophobie m’a empêchée d’embrasser la fille qui me plaît

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Les Commentaires

3
Avatar de Kristeva
9 mai 2020 à 17h05
Kristeva
Tellement chouette ce projet James Dîne !!
Il a l'air d'être une belle personne et en plus ses photos sont magnifiques, hop je m'abonne à son IG !
1
Voir les 3 commentaires

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