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Vie quotidienne

Roro le costaud, devenu tétraplégique, parle de joie, de virilité, d’amour…

Romain est devenu tétraplégique à la suite d’un accident de ski, et il a décidé de faire de cette épreuve une force, en partageant son quotidien sur son compte Instagram @roro_le_costaud.

Pendant plusieurs mois, tous les 15 jours, tu verras défiler sur madmoiZelle des portraits d’instagrammeurs et instagrammeuses que tu connais peut-être, ou peut-être pas.

10 personnalités, qui ne sont pas forcément des stars d’Instagram, mais juste des personnes simples, au vécu empouvoirant, avec un message à faire passer, ou un contenu original à proposer.

Qui sont-ils derrière les likes et les K du réseau social ? Comment en sont-ils arrivés là ? Quel est leur message ?

Je vais tenter à travers ces 10 portraits de te le faire découvrir, et de peut-être te donner envie de les suivre.

Mais surtout, je l’espère, de te donner envie de t’affirmer et t’exprimer librement, comme elles et eux !

Retrouve les portraits déjà publiés

Si tu as apprécié ces portraits et les valeurs que véhiculent ces femmes et ces hommes sur Instagram, je te donne rendez-vous sur le site No Pressure by Instagram, une surprise t’y attend ! 

Joie de vivre. Simplicité. Courage.

Ce sont les mots qui me viennent quand je termine ma conversation avec Romain, 34 ans, du compte Instagram @roro_le_costaud.

Si tu vas faire un tour sur son profil, tu verras d’abord son sourire, rarement décroché de son visage.

Tu verras son fauteuil roulant, sa fille, sa pratique sportive, et la façon si humble qu’il a de se mettre à nu (parfois littéralement).

Et pourtant, derrière tout ça, il y a un sacré morceau de vie et d’épreuves !

Roro le costaud, d’homme valide à homme tétraplégique

Romain vit à Tours, et il est papa d’une fille de 7 ans.

À 12 ans, il est déjà volontaire chez les pompiers. À 18 ans, il devient pompier professionnel, et le sport est sa drogue.

En janvier 2012, il a un accident de ski qui le propulse sur un lit d’hôpital et le rend tétraplégique. Deux mois plus tôt, son ex-compagne lui annonçait sa grossesse.

Il a donc un objectif, redevenir autonome et sortir de son immobilité le plus vite possible pour être présent à l’accouchement, pouvoir élever sa fille, et reprendre sa vie d’avant.

Sa vie d’homme, et de sportif.

Quand il parle de cet accident et de sa transition d’homme valide à homme avec un handicap, ça a l’air d’une broutille, d’un simple petit caillou sur son parcours.

Et quand je creuse, il m’explique :

« Avant l’accident, le sport était une vraie drogue pour moi, et l’accident n’y a rien changé.

Déjà dans le lit d’hôpital quand je me suis réveillé, assez rapidement j’ai vu que j’avais déjà fondu un peu musculairement, ce qui est normal, et je me suis dis, non, ça ce n’est pas possible !

Du coup dès l’hôpital, j’ai tout de suite demandé du matériel pour pouvoir faire du sport.

Une fois en rééducation, j’avais une prof de sport qui a très vite compris que c’était vital pour moi, donc j’ai pu en faire beaucoup dès le départ.

Et finalement aujourd’hui je fais autant de sport qu’avant, c’est juste qu’on a adapté le sport.

Souvent quand je parle en conférence, j’explique aux gens : avant je faisais du sport, maintenant c’est encore mieux, je fais du handisport. »

Après son accident, Romain a changé de statut professionnel tout en restant chez les pompiers.

Il est maintenant au personnel administratif et technique : il travaille au centre d’appels, là où sont réceptionnés les appels du 18.

Il fait de l’athlétisme à haut niveau, ainsi que du handbike, et des séances de renforcement musculaire en salle de sport. Pour être bien dans son corps et dans sa tête, il lui faut entre 4 et 5 séances de sport par semaine.

Roro le costaud accepte pour avancer

Pour Romain, son accident a été une renaissance, il a fallu repartir à zéro, et accepter sa nouvelle réalité pour pouvoir avancer.

« Forcément au début je me suis remis en question, je me suis dis que rien ne serait plus comme avant. Mais finalement j’ai très vite accepté.

J’avais deux solutions : soit ne pas accepter, mais ça ne servait à rien puisque j’allais de toute façon devoir vivre avec. Soit décider de vivre avec.

Au début je me disais que j’allais peut-être remarcher, mais dans tous les cas, je me disais que le boulot que j’aurais fait pour être autonome le plus rapidement possible ne serait pas du temps de gâché.

C’est ça qui m’a permis de rebondir assez vite et que cette transition devienne naturelle, parce que non, ce n’était pas naturel au départ.

Apprécier le quotidien après l’accident ça se travaille. »

Roro le costaud : parentalité, virilité et rapport au corps

Cet accident n’a pas été le seul chamboulement dans sa vie puisqu’il a dû mener de front sa nouvelle parentalité avec son nouveau handicap.

Au téléphone, Romain me parle dès les premières minutes de sa fille, et il explique à quel point sa naissance a été un pilier dans sa reconstruction :

« Je pense que ce qui m’est arrivé a extrêmement influé sur mon rôle de père.

À vrai dire je n’ai pas eu trop de le temps de me poser la question en tant que papa valide, mais ce qui est sûr c’est que oui, ma fille a clairement été le centre du monde pendant ma rééducation.

Le point d’orgue c’était l’accouchement, je voulais être rentré, je voulais être présent, et ça m’a donné une source de motivation pour arriver à me dépasser.

Ça a été le cas jusqu’à la naissance mais aussi au-delà, c’est elle qui m’a aidée, je me disais : il faut que j’arrive à faire les choses comme n’importe quel papa.

Je ne voulais pas que ma fille ait une jeunesse différente de celle des autres enfants parce qu’elle avait un papa en fauteuil, je ne voulais pas qu’elle souffre de ça.

Donc j’ai voulu être comme tous les autres papas, en m’adaptant, en faisait des choses différentes parfois évidemment.

Mais j’ai même plutôt envie qu’elle se dise qu’avoir un papa en fauteuil c’est génial, voire mieux qu’un papa debout ! »

Devenir papa, devenir tétraplégique, et voir son corps changer… avec son accident et son hospitalisation Romain a dû se réapproprier son corps, et a vu les atouts qu’il associait à sa virilité disparaître.

« La transformation physique a été très dure au départ.

Avant, j’avais mon physique d’homme musclé et sportif, et tout d’un coup j’ai eu une grosse fonte musculaire, puisqu’il y a des muscles qui ne fonctionnaient plus.

J’ai perdu 10kg en un mois, j’avais du mal à m’accepter dans mon côté viril. Par exemple, je n’avais plus de pectoraux, et le fait de ne plus en avoir pour moi c’était perdre ma virilité.

Finalement en faisant du sport, j’ai retrouvé un peu mon physique, mais ce qui ne marche pas ne marche pas.

J’ai eu très longtemps du mal à accepter qu’on voit mon ventre sans abdos, maintenant je l’affiche et j’en rigole, parce que de toute façon c’est normal d’avoir un gros ventre quand on est tétraplégique, puisque tout est relâché. »

Instagram, un outil d’acceptation pour Roro le costaud

C’est juste après son accident que Romain décide de s’emparer d’Instagram, d’abord uniquement pour partager son quotidien d’athlète en fauteuil roulant.

Rapidement, les followers se multiplient, et très vite, ils sont en demande de plus : ils veulent en savoir plus sur la personnalité, l’histoire, et le quotidien de Romain en dehors des courses et du sport.

En novembre 2018, @roro_le_costaud fête ses 10 000 abonnés, et à partir de là, tout s’enchaîne très vite :

« Jusqu’à 10 000 abonnés je ne l’avais pas cherché, et à partir de là j’ai compris que les gens avaient besoin de comprendre ce que c’était le handicap.

J’ai vu qu’avec mon compte je pouvais aider beaucoup de personnes qui souffraient dans leur coin de leur handicap, ou pas, parce qu’il n’y a pas besoin d’avoir un handicap pour en souffrir.

Donc j’ai voulu me servir de mon histoire pour faire relativiser chacun, pour faire du bien aux autres. Et voilà comment s’est arrivé.

Ça, plus le fait que j’ai toujours adoré rire, rire de tout.

J’avais un humour noir avant, qui est devenu encore plus noir maintenant. Je pense que l’humour est utile pour faire passer plein de messages.

Et c’est pour ça que je m’éclate à faire le con et à rire du handicap. »

Petit à petit il se dévoile de plus en plus sur sa page, et en même temps qu’il rassure, aide, et conseille sa communauté, il en retire beaucoup, et apprend à se trouver beau et à s’accepter :

« Je fais partie de ces gens qui préfèrent donner que recevoir, je suis très gêné de recevoir, que les gens m’offrent des choses. Ce que j’aime avec Instagram c’est que j’offre mes conseils, ma bonne humeur, etc.

Et en retour je reçois de très jolis messages, et ça franchement c’est la plus belle des récompenses.

Instagram m’a aussi permis d’avoir une autre image de moi-même.

Au départ quand je prenais des photos, je ne mettais que ma tête. Je n’aimais pas me voir en fauteuil et me prendre en photo en fauteuil.

Et petit à petit, j’ai reculé reculé reculé l’appareil, et maintenant je n’aime pas quand j’ai une photo sans mon fauteuil parce qu’il fait partie de moi.

Il participe de ma beauté, parce qu’être beau ce n’est pas que le physique, c’est un ensemble. L’acceptation de moi elle est aussi passée par là. »

Joie de vivre et transmission pour Roro le costaud

En plus de son travail de Pompier, de son activité sportive, et de sa page Instagram, Romain fait des conférences de sensibilisation au handicap, et des talks sur le dépassement de soi dans plusieurs cadres.

En tant que président du comité départemental handisport pendant 2 ans, il a commencé à rencontrer des jeunes dans des écoles, pour leur raconter son vécu, et son handicap.

Touché par la proximité et le fait de transmettre aux enfants, il a continué et élargi son champ aux entreprises, écoles de commerces, et milieux tels que les centres de rééducation ou spécialisés pour les gens en fauteuil roulant.

Sa joie de vivre transpire par tous ses pores, et c’est cette joie couplée à son authenticité qui sont son principal moteur :

« Je m’éclate à faire ce que je fais au quotidien, je ne me force pas, je me force à rien.

Quand je rencontre des gens à des événements, ça me fait plaisir d’entendre que je suis le même que sur Instagram.

Je trouve que les réseaux sociaux ont beaucoup de mauvais côtés, mais en ont plein de bons aussi, et je préfère me pencher sur ce côté positif sur ma page et celles des gens que je suis. »

À lire aussi : J’ai perdu la vue à 19 ans

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Les Commentaires

2
Avatar de Mijou
16 décembre 2019 à 13h12
Mijou
@Luciebwa ce sont bien les tags que lui-même utilise dans ses posts ? #tetraplegique et la version anglophone # quadriplegic ?
Je pensais pour ma part que le terme tétraplégie pouvait désigner une paralysie pas forcément totale, mais qu'à partir du moment où les mouvements étaient restreints, il s'agissait bien de trétraplégie ?
3
Voir les 2 commentaires

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