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Crédit photo : Dalale Shoeir, pour #jaifaimjemange
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#Jaifaimjemange : pour le droit de nourrir son enfant librement dans l’espace public

Pour la troisième année consécutive, le mouvement « J’ai faim, je mange » a pris place dans toute la France, dimanche 17 septembre. L’objectif : normaliser l’allaitement dans l’espace public, et défendre le droit de nourrir son enfant de la façon dont on le souhaite.

« Le 17 septembre : sortez les boobs, les bibs et la bouffe ! C’est cool et c’est GRATUIT ! » martèle le site de l’évènement #Jaifaimjemange. Plus de 80 photographes et des centaines de familles se sont mobilisés ce dimanche dans toute la France, et même à l’étranger, pour immortaliser des parents nourrissant leurs enfants de multiples façons.

À lire aussi : Les mères allaitantes continuent d’être discriminées dans l’espace public

Un mouvement né pour défendre l’allaitement dans l’espace public

Au printemps 2021, à Bordeaux, une jeune mère raconte avoir été agressée physiquement alors qu’elle donnait le sein à son enfant, dans la file d’un point relais. Une vague d’indignation gagne alors la France, et c’est le point de départ d’un mouvement de protestation, mené par la photographe Ana Kï.

Elle organise un premier « nurse-in » à Bordeaux. « La base du mouvement, c’est la défense de l’allaitement dans l’espace public » explique-t-elle, « mais je l’ai tout de suite élargi au droit de nourrir comme on veut, comme on peut, où on peut. La genèse de #Jaifaimjemange c’est un mouvement anti-injonctions, d’amour et de liberté. »

D’autres éditions voient le jour dans le reste du pays, puis le mouvement s’étoffe d’année en année. « On était 10 photographes la première année, 50 la deuxième, et maintenant plus de 80, notamment dans d’autres pays comme l’Italie, la Suisse ou la Belgique. On me parle d’organiser une session aux États-Unis aussi, j’espère que le mouvement deviendra un jour mondial, cela touche les femmes à travers le monde » raconte la fondatrice de l’évènement.

Depuis 2023, une date commune est retenue pour donner plus de force à l’événement. À Paris, ce dimanche, la photographe Dalale Shoeir avait convié des parents sur la place du Trocadéro, face à la tour Eiffel. Présente depuis la première année, ce mouvement lui tient à cœur.

« Je suis maman de quatre enfants, j’en ai allaité deux et j’ai été confrontée au regard des autres. Mon fils vient de rentrer en petite section, devant la maîtresse, il m’a demandé à téter, je me suis sentie un peu démunie, même si je n’ai pas senti de jugement. Mais je ne culpabilise pas de donner le sein, je contribue à normaliser l’allaitement, pour qu’on arrête de regarder ces mères de travers. Donner le sein permet de nourrir, mais aussi d’hydrater, et personne ne devrait se retenir de donner le sein à son enfant qui a soif, parce que ce n’est pas le moment ni l’endroit. »

Parmi les participantes sur place, il y a essentiellement des mères allaitantes, parfois accompagnées de leur conjoint. Les raisons les ayant fait se déplacer convergent toutes vers un même point : « L’allaitement n’est pas très populaire en France par rapport au Canada, où je vivais avant, je veux aider à normaliser l’allaitement » « Je me suis déjà sentie gênée en allaitant dans l’espace public » « Je le fais par militantisme, pour qu’on puisse allaiter où on veut, quand on veut ».

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Crédit photo : Dalale Shoeir, pour #jaifaimjemange

Ne pas laisser les biberons sur le côté

Si ce sont surtout les mères allaitantes qui subissent l’injonction de ne pas nourrir leurs enfants dans l’espace public, les parents qui donnent le biberon souffrent d’autres injonctions et culpabilisations. « Il y a des papas qui viennent, et plein de mamans qui donnent le biberon, des mères qu’on a culpabilisées dans leur façon de nourrir leur enfant. Leur donner une place dans le mouvement, ça permet de les légitimer. Elles donnent autant d’amour en donnant le biberon ! » rappelle Ana Kï.

« Il y a beaucoup d’hypocrisie dans la société à ce sujet. D’un côté, on a l’Organisation mondiale de la santé qui recommande de donner le sein jusqu’à 6 mois de façon exclusive, et de l’autre côté, à la maternité, on donne rarement de bons conseils, et on doit reprendre le travail aux trois mois de l’enfant, c’est compliqué de continuer à allaiter au-delà.

Et aux mères qui ne veulent pas allaiter, on leur reproche d’avoir donné le biberon dès le début. C’est très ambivalent, l’alimentation cristallise les injonctions autour de la maternité. #Jaifaimjemange essaye de les réconcilier, avec un message de liberté et de tolérance. »

À lire aussi : Des femmes se sentent obligées d’allaiter au sein, et si on arrêtait avec les injonctions ?

Un combat qui trouve peu d’écho auprès des politiques

« Si le mouvement continue à prendre de l’ampleur, c’est parce qu’il y a toujours des choses à combattre. Quand il s’essoufflera, c’est qu’on aura réussi. » explique la photographe. « Pour l’instant, les choses ne changent pas, il y a toujours des faits divers concernant des femmes à qui on interdit d’allaiter dans des lieux publics. Alors qu’il ne nous viendrait pas à l’esprit d’interdire de donner un biberon ou un gâteau. Défendre l’allaitement dans l’espace public, c’est aussi désérotiser le sein nourricier. Donner le sein, c’est un acte physiologique, pas érotique. »

À lire aussi : Le regard des hommes sur nos seins qui allaitent

En 2021, la députée LREM Fiona Lazaar avait déposé à l’Assemblée nationale une proposition de loi pour créer un délit d’entrave à l’allaitement, puni d’une amende de 1 500 euros. Cette proposition est restée lettre morte, aucune suite n’y a été donnée.

Le mouvement #Jaifaimjemange n’a, de son côté, pas encore interpellé les politiques. « C’est possible que je le fasse dans le futur » estime, cependant, la fondatrice du mouvement. En attendant, une nouvelle édition se tiendra en 2024, à l’occasion d’une date unique. « On reviendra plus que jamais l’an prochain, il y a encore tout à faire ! L’édition 2024 se tiendra au printemps, en mai ou juin, pour profiter des beaux jours sans être dans le rush de la rentrée. »

À lire aussi : Bienvenue en 2023, où l’on veut encore nous faire croire qu’allaiter en public est un délit en France

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Crédit photo : Dalale Shoeir, pour #jaifaimjemange

Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.

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