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Pourquoi je vois un psy depuis six ans alors que tout va bien dans ma vie

Lou a commencé une thérapie il y a six ans. Aujourd’hui, alors que tout va plutôt très bien dans sa vie, elle continue d’y retourner régulièrement. Mais le psy, c’est pas pour les gens qui sont au fond du trou, plutôt ?

J’ai 23 ans et cela fait 6 ans que je suis en thérapie.

Si on commence une thérapie, c’est qu’on est au fond du trou, non ?

Depuis mes seize ans, tous les quinze jours, je vais voir une psychologue.

Depuis j’entends des personnes dire que « les psys, ça ne sert à rien », que « les psys, ça coûte cher », mais j’entends surtout dire que « c’est pour les gens qui ne vont pas bien, moi ça va ».

Mais moi, justement, je vais bien. Je me sens bien dans ma peau, dans ma vie. Pourquoi vais-je voir un psy, alors ?

Pourquoiiiiii ?

Parce que je sais qu’il y a malgré tout des blocages chez moi. J’ai la sensation qu’ils m’encombrent et je veux vivre sans.

J’en ai marre qu’on dise qu’une thérapie, c’est uniquement pour « les personnes qui vont mal », et je pense qu’il est important de dénouer tous les tabous qu’il y a autour de cela.

Une psychothérapie, c’est pour les personnes qui le souhaitent, qu’elles aillent bien ou mal, ponctuellement ou pour plus longtemps.

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Pourquoi j’ai commencé ma thérapie

Quand j’ai commencé ma psychothérapie, je dois le dire franchement, ça n’allait pas fort dans ma petite tête. C’était un moment pas simple de ma vie : un de mes proches venait de décéder, puis trois mois après, mes parents divorçaient, et encore trois mois plus tard, j’allais devoir passer le bac de première.

J’étais extrêmement stressée, au point de me bloquer l’épaule régulièrement pour cause d’accumulation de tensions nerveuses.

Moi très sereine

Ma mère m’a alors proposé de voir une psy, et j’ai accepté.

J’aurais pu faire du yoga, de la sophrologie, de la boxe ou du théâtre… J’ai commencé une thérapie ; pour des raisons très banales, en fait.

Aujourd’hui je continue, car il me reste des blocages qui me gênent dans mon épanouissement et que je veux comprendre et désamorcer (en thérapie, on parle de blocages et non de problèmes). Je veux être libre de vivre ma vie sans eux.

Je ne parle pas là de pathologies lourdes ou de gros traumatismes. Mais des blocages que tout le monde a, qui ne sont pas graves et assez communs.

En voici des exemples non personnels : les phobies, le fait qu’à chaque fois on ne sorte qu’avec des personnes pas spécialement bienveillantes, ou que l’on fuit systématiquement certaines situations…

Il m’a fallu quelques mois pour me faire à l’idée de parler à une personne que je ne connaissais pas vraiment, que je pouvais tout lui dire, lui raconter ma vie dans ce qu’elle a de plus banal, de plus beau, de plus honteux. Je pense qu’il ne faut pas sous-estimer ce temps de préparation psychologique pour s’ouvrir. On peut en avoir besoin.

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Un psy, ça t’écoute sans prononcer un mot, c’est ça ?

Je me souviens bien de ma première séance, car j’ai demandé à ma psy que l’on passe un accord.

Je lui avais dit du haut de mes seize ans que je ne savais pas ce qu’était une psychothérapie, mais que je voulais que le psy parle et me guide. Durant la première séance, elle m’a surtout expliqué ce qu’était une psychothérapie.

Elle m’a aussi rassurée sur la question de la parole : dans son cas, dans la plupart des séances, elle parle au patient.

Voilà à quoi ma thérapie n’a jamais ressemblé

Elle m’a aussi expliqué les tarifs des séances, comment cela se déroulait avec elle. Puis, on a conçu la manière dont on allait travailler ensemble.

J’avais l’habitude de dessiner et de noter beaucoup de pensées dans des carnets. Elle m’a donc dit :

« Eh bien apportez-les, on en discutera ensemble. »

Ma psy a été très pédagogue avec moi. Elle s’est aussi adaptée à ma manière de fonctionner. Et puis, au fil du temps, je me suis adaptée à la sienne. Elle a toujours respecté notre accord. Et moi, j’ai toujours un carnet dans lequel je note mes pensées.

Il est important de trouver un psy qui correspond à vos besoins et à votre manière de fonctionner.

Cela peut inclure de rencontrer plusieurs personnes et de faire un choix ensuite. N’hésitez pas à poser des questions à votre psy sur sa manière de travailler, il faut que vous vous sentiez en confiance avec lui ou avec elle.

Il existe d’ailleurs plein de méthodes de travail différentes : certains font des séances très courtes (15-20 minutes), d’autres plus longues (45 minutes à une heure). Certains partent des souvenirs, d’autres d’événements présents.

Il se peut aussi qu’avant de commencer la thérapie à proprement parler, il ait besoin de faire son anamnèse, qui est une sorte de bilan de vous, votre histoire, de l’environnement dans lequel vous évoluez et de votre fonctionnement psychologique.

C’est parfois déroutant pour le patient (ça l’a été pour moi) mais cela va lui permettre de mieux vous accompagner par la suite.

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Une séance, ça se passe comment ?

Lors d’une séance de psychothérapie, on part souvent d’éléments de notre quotidien, ce qui peut être surprenant au début.

Par exemple, une séance souvent commence par :

« Ça va comment en ce moment ? »

On part des « petits riens » du présent pour analyser le passé. Un dîner de famille, un rendez-vous galant raté, une remarque d’une amie, une citation d’un film, une vidéo YouTube… Tous ces éléments ont été, dans mon cas, le départ d’une analyse.

J’ai senti qu’ils avaient remué quelque chose en moi, alors je les ai notés pour ne pas oublier ma réaction et mon ressenti sur le moment.

Lors des séances suivantes, j’ai lu ces notes avec ma psy pour comprendre pourquoi ces éléments avaient provoqué quelque chose chez moi : en effet, mes réactions sont autant de fils qui me relient à ma pelote de laine intérieure, et quand je tire dessus, j’analyse mes réactions.

Moi quand j’épie mes propres réactions à l’insu de mon plein gré #therapylife

Ça me permet de relier ces événements à d’autres que j’ai vécus, par des échos, des similitudes. J’identifie alors un schéma qui revient sans cesse, et en analysant ce schéma, je finis par comprendre pourquoi à ce moment là, j’ai réagi de telle manière, ce qui bloque, pourquoi, et comment je peux m’en libérer.

À lire aussi : Je suis dépressive — Témoignage

Allez voir le psy, ça ne sert à rien, t’façon

Une thérapie, cela peut être ponctuel, pour résoudre un blocage momentané, ou s’étaler sur du plus long terme dans le cadre d’un travail plus en profondeur.

Pour cette dernière option, on fait le choix de résoudre plusieurs blocages, en remettant en question l’ensemble de notre fonctionnement ; c’est une recherche de notre authenticité.

Dans une psychothérapie, il n’y a souvent pas une progression linéaire.

La mienne, j’ai l’impression qu’elle est très longue, mais c’est aussi parce que je suis d’un naturel lent. Je ne dis pas ça négativement : une thérapie, ça permet aussi d’apprendre à vivre à son rythme.

La leçon numéro 1 que j’ai retenue de ma thérapie

Il y a des moments dans la thérapie où on avance très vite, où on analyse rapidement et on libère une tension dans un temps court.

Parfois, c’est aussi beaucoup plus long à analyser, on aura l’impression de tourner autour du pot pendant des mois. Souvent, c’est parce qu’on aborde les sujets qui nous dérangent le plus : on déconstruit des choses qui nous semblent fondamentales et inattaquables, et sans même le faire exprès, on résiste.

À lire aussi : C’était mieux avant, quand on savait prendre son temps…

Est-ce que j’ai appris des trucs incroyables sur moi ?

Parfois, faire une thérapie nécessite de parler de choses qu’on n’a pas forcément envie de dire. Ces moments là peuvent être très durs à vivre, surtout au début.

C’est le foutoir complet dans ta tête. Tous tes repères bougent. Des tensions peuvent se régler et réapparaître à d’autres endroits.

C’est là que le rôle du psy est fondamental, car c’est comme un soutien, une béquille sur laquelle on se repose.

Et en même temps, pour moi, ça a été des moments essentiels : je me suis rendu compte que j’étais comme tout le monde. Que ce que je disais était d’une grande banalité, que je n’avais pas à en avoir honte. Qu’il n’y a pas de mal à reconnaître nos faiblesses, à se dire que là, ça va pas.

Mais qu’il était important que je le dise pour que je m’écoute enfin.

Au début, j’avais effectivement l’impression de découvrir des trucs de ouf. Mais très souvent, ça l’est juste pour soi !

Ma tête quand je comprends pourquoi je déteste retourner dans le jardin de ma grand-mère

Parfois, ce qu’on résout n’est pas le problème pour lequel on est venu au départ.

Pour ma part, la raison pour laquelle j’ai commencé ma psychothérapie fut réglée dans les six premiers mois. J’ai continué ensuite car j’avais l’impression de commencer un véritable réaménagement intérieur. Mon but à présent est d’aller au bout de cette démarche.

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Moi, le psy j’irai pas, c’est trop cher

Au début de la thérapie, on trouve que les séances coûtent chers (surtout si on doit annuler un rendez-vous et qu’on doit quand même le payer, histoire vécue).

Effectivement, c’est autour de cinquante euros la séance d’une heure, en moyenne.

Moi moyen sereine quand je règle ma séance de thérapie

Ça n’est pas donné, c’est le moins qu’on puisse dire, et ce serait trop facile de faire comme si l’argent ne comptait pas. Moi, je considère vraiment ça comme un investissement. Le but est d’aller mieux.

C’est du temps et de l’argent que j’ai dépensé pour prendre soin de moi, sur le long terme et en profondeur.

Ça peut paraître totalement niais mais c’est ça : dans une thérapie, on sent qu’on va mieux quand on a compris qu’on est dans le vrai. On sait comment on fonctionne, on en a conscience. On connaît nos forces et nos faiblesses. On les a acceptées et apprivoisées.

Cependant, pour ceux qui souhaitent commencer ou poursuivre une thérapie, mais qui n’ont pas les moyens financiers (#budgetétudiantmagueule), il y a plusieurs solutions qui existent.

Vous pouvez consulter via votre fac (le service médical, séance gratuite), un centre médico-psychologique (séance gratuite), les centres de santé pour étudiants (SIUMPPS, séance gratuite), les points Jeunes Écoute (se renseigner auprès de sa ville, séance gratuite) ou des associations comme APSOS (tarif de 8 euros la séance).

Par contre, les délais d’attente peuvent être plus ou moins longs, donc cela dépend de votre besoin.

À lire aussi : Les étudiants français souffrent (de plus en plus) du stress et du manque de sommeil

Aujourd’hui, je vais bien, et c’est peut-être grâce à ma thérapie

En six ans de thérapie, il n’y a pas eu de transformations spectaculaires.

Par contre, mes vieux amis me font parfois la réflexion qu’ils me trouvent moins timide, plus sûre de moi, de mes choix, de mes projets de vie.

Je doute encore mais raisonnablement, je ne souffre plus de stress chronique, je suis plus tolérante avec moi-même et les autres.

Ma thérapie m’a permis de comprendre que c’était à moi d’inventer ma vie, la forme que je voulais lui donner (malgré mon histoire, l’héritage familial, culturel et sociétal).

En posant des bases solides, elle m’a ouvert des horizons inattendus par rapport aux perspectives réductrices de mes propres peurs et névroses.

Nous sommes capables de beaucoup plus que ce que nous pensons. Il y a peu de choses qui sont sans issue ou qui ne changeront jamais.

Moi, je n’ai pas fini ma thérapie, mais elle m’a déjà permis d’être bienveillante avec moi.

Moi quand je sens que j’ai gagné une petite victoire sur ma vie <3

Et ça, ça n’a pas de prix.

À lire aussi : Comment choisir son ou sa psy ?

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Les Commentaires

16
Avatar de MaryPoppinz
27 mai 2017 à 11h05
MaryPoppinz
Contenu spoiler caché.

N'hésitez pas à demander à votre médecin de famille, celui qui vous connait un petit peu et qui pourra peut-être vous orienter vers un professionnel qui vous correspond.

Edit : j'ai une amie qui est en formation de somatothérapeute et ça a l'air vachement bien. Renseignez-vous !!
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