Avant de commencer, étouffons dans l’œuf les nombreux commentaires indignés que je vois déjà pleuvoir sur ma tête à la seule lecture de ce titre : non, je ne suis pas réac’, ni vieux jeu, et encore moins passéiste.
Je suis tout simplement nostalgique d’un temps vite oublié par beaucoup et qui, pourtant, nous permettait d’apprécier une vie bien différente de celle qu’on conçoit aujourd’hui…
Car aujourd’hui, tout va trop vite.
Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaîîîtreeeee
Je suis de cette génération née avec les premiers ordinateurs, à l’époque où ces nouveaux venus se limitaient au traitement de texte sur fond noir, trouvant peu à peu leur place dans nos foyers, juste à côté du Minitel.
Je suis de cette génération qui a vu naître les téléphones portables, encombrants, munis d’antennes télescopiques et dont les touches faisaient plus de bruit qu’il n’est permis.
C’était mieux av… ah ben c’est les mêmes vêtements en fait.
Je suis de cette génération qui sait ce que sont les disques vinyles, les tubes cathodiques et les téléphones fixes filaires. Je suis également de cette génération qui a souvent enregistré la radio sur des cassettes audio, regardé les films à succès sur des K7 vidéo estampillées EMTEC BASF, et survécu sans Internet.
Je suis enfin de cette génération qui a vu le tout disparaître, se transformer et évoluer, à la vitesse grand V… Tu le sens le coup de vieux, là ?
Non pas que je regrette l’évolution technologique : je reconnais que, très souvent, nos gadgets électroniques sont d’une grande utilité, et j’y suis moi-même accro — je travaille même sur les Internets, c’est dire.
Malheureusement, il suffit qu’inopinément un orage endommage nos prises de courant, et nous voilà pour beaucoup paralysé-e-s, incapables de réfléchir sans notre bon ami Google, perdu-e-s sans notre boîte mail délivrant du courrier H24, coupé-e-s du monde extérieur et de nos ami-e-s devenus virtuel-le-s.
Quand la technologie nous lâche lâchement, à cause de mère Nature (« Quelle emmerdeuse celle-là, à toujours mouiller nos escarpins en daim, aggraver le retard des trains, griller nos box et givrer les pare-brises le matin ! »), le temps nous semble souvent long, l’attente du technicien interminable, et pour certains l’épreuve est presque insurmontable… Mais comment on faisait, avant
?
Avant, on prenait le temps
On prenait le temps d’écrire manuellement, tout en sachant que la réponse n’arriverait pas avant au moins plusieurs jours (oui oui).
On s’appelait plus souvent, pour se donner rendez-vous ou prendre des nouvelles de vive voix, au lieu de « poker » frénétiquement et de « liker » à tout va comme le font maintenant beaucoup de gens. Pas de « Nan mais tu comprends pas, c’est génial pour rester en contact… Même pas besoin de se voir ! Gain de temps phénoménal ! » qui vaille !
On savait plus apprécier ce qu’on avait, au lieu de nous plaindre d’en avoir trop et de nous perdre dans l’ouragan numérique qui nous submerge chaque jour que le dieu de l’Internet fait, à base de « Y a trop de trucs à faire. Je sais plus quoi faire. Je suis fatiguée. Si j’allais me coucher ? ».
Et puis on s’est presque tou-te-s laissé-e-s embarquer dans le tourbillon technologique, décidant que, dorénavant, tout devrait aller plus vite, des moyens de locomotion aux moyens de communication, en passant par notre mode de consommation. Tout est rapide, tout est fast dans notre façon de parler, de travailler, de nous déplacer, de manger et même de nous aimer.
On ne sait souvent plus attendre, laisser les choses évoluer. Il nous faut des réponses et des résultats dans la minute, voire dans la seconde. On est presque tou-te-s pressé-e-s, stressé-e-s, touchés de plein fouet par la « maladie du siècle » qu’on a nous-mêmes créée, et qui, dans les cas les plus extrêmes et à grands coups de pilules, nous permet de décompresser…
Mais pas trop longtemps ! On n’a pas le temps ! Il faut rendre ce dossier avant mardi, aller à la gym tous les mercredis, voir tel-le ami-e ou déposer les gamins chez mamie.
On se retrouve pour manger ? Ok mais faudra faire vite fait : un McDo frites/Coca, emballez c’est pesé ! On aura qu’à profiter des dix minutes de tramway pour discuter. Le nez sur l’ordinateur, la tête dans les écouteurs, les autres dans le collimateur (« Rhaa mais qu’est-ce qu’ils sont lents, les gens ! Allez, allez, j’ai pas le temps ! »)… C’est un quotidien qui me fait peur.
Le progrès, le vrai
Alors bien sûr, tout n’est pas à jeter, il y a du bon dans le progrès. Mais quand ce dernier nous oblige à oublier les choses essentielles, il devient un danger. Mon conseil, c’est : rangeons un moment nos smartphones, éteignons nos téléviseurs, nos tablettes et autres ordinateurs. Allons prendre l’air, ouvrons un bouquin, regardons par la fenêtre sans penser à demain.
Profitons juste de l’instant, de la famille, des amis, des enfants, qu’on oublie un peu trop souvent. Ressortons nos tabliers et réapprenons à cuisiner, avant de faire une partie de jeu de société. Retrouvons le temps de vivre ! Aujourd’hui, à mes yeux, c’est ça le vrai progrès.
Et vous, vous la vivez comment, cette nouvelle société connectée qui va toujours plus vite ?
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