Une épidémie d’ampleur inédite
Après plusieurs années de faible circulation, la coqueluche a connu une résurgence impressionnante en 2024. Selon le dernier bilan publié par Santé publique France, plus de 162 000 cas ont été estimés en médecine générale, contre seulement six en 2023. Les urgences ont recensé plus de 7 000 passages et près de 1 500 hospitalisations.
Le pic épidémique a été atteint au cœur de l’été, entre juillet et août, avant une baisse progressive à l’automne. Une flambée qui a surpris les autorités par son intensité et sa rapidité de propagation.
Cette recrudescence s’inscrit dans un cycle épidémique naturel de la coqueluche, observé tous les trois à cinq ans. Mais la reprise a été plus tardive qu’attendu après la pandémie de Covid-19, qui avait temporairement freiné la circulation de nombreux virus respiratoires.
En conséquence, un « réservoir » de personnes non immunisées plus large que d’habitude, favorisant la diffusion de la bactérie Bordetella pertussis.
Les nourrissons, premières victimes de la flambée
Comme souvent, les bébés de moins de six mois ont été les plus touchés par les formes graves. En 2024, le réseau hospitalier RENACOQ a rapporté 500 nourrissons hospitalisés, dont 74 % âgés de moins de six mois.
Parmi eux, cinq décès ont été enregistrés, tous chez des enfants non vaccinés.
Ces chiffres traduisent une vulnérabilité majeure : avant deux mois, les nourrissons ne sont pas encore éligibles à la vaccination. La protection repose alors sur la vaccination des femmes enceintes, qui permet le transfert d’anticorps au fœtus. Bonne nouvelle toutefois : la couverture vaccinale des futures mères a bondi à 62 % en 2024, contre 43 % l’année précédente, et atteignait même 75 % en fin d’année.
Chez les enfants nés en 2023, la couverture vaccinale complète à 21 mois avoisine 92 %, un taux élevé mais encore insuffisant pour bloquer totalement la circulation du microbe.
Des formes graves aussi chez les plus âgés
Si les nourrissons concentrent la majorité des hospitalisations, les adultes ne sont pas épargnés. Sur les 46 décès enregistrés en 2024, 22 concernaient des adultes de plus de 50 ans, dont 15 de plus de 80 ans. Chez eux, la coqueluche survient souvent après une baisse d’immunité, plusieurs années après la dernière dose de vaccin.
Cette situation a conduit la Haute Autorité de santé à renforcer, dès l’été 2024, ses recommandations : toute personne en contact régulier avec un nourrisson (parents, grands-parents, professionnels de santé ou de la petite enfance) devrait recevoir un rappel vaccinal tous les cinq ans. Les assistantes maternelles et le personnel des crèches sont particulièrement concernés.
La vigilance reste de mise en 2025
Après un été 2024 sous tension, les indicateurs montrent une accalmie. Au premier semestre 2025, le taux de positivité des tests PCR est redescendu à 5,5 %, contre 22 % sur la même période un an plus tôt.
Les passages aux urgences et les hospitalisations ont retrouvé des niveaux « pré-épidémiques », selon Santé publique France. Seule La Réunion connaît encore une recrudescence notable.
Mais les experts appellent à ne pas baisser la garde : la coqueluche suit souvent des cycles de deux ans. Les pics de 2012-2013 et de 2017-2018 ont montré que la vigilance devait se maintenir, notamment au printemps et en été, lorsque la maladie circule le plus.
Une prévention encore perfectible
Malgré une forte mobilisation, les autorités sanitaires rappellent que la coqueluche n’est pas une maladie bénigne. Elle se manifeste d’abord par une toux persistante, souvent confondue avec un simple rhume, avant d’évoluer en quintes violentes, parfois accompagnées d’apnées chez le nourrisson.
La transmission est rapide au sein des familles : dans plus de la moitié des cas, le contaminant est un parent ou un frère ou une sœur.
Pour freiner la circulation du virus, la vaccination reste la meilleure arme. Elle est recommandée dès 2 mois, avec des rappels à 11 mois, 6 ans, puis à l’adolescence et à l’âge adulte.
Les professionnels de santé, eux aussi, doivent s’assurer que leur immunisation est à jour, en particulier s’ils travaillent auprès d’enfants ou de femmes enceintes.
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