Une alerte sur une « nouvelle vague » de dépendance
Dans un récent rapport, l’OMS révèle qu’environ 100 millions de personnes vapotent aujourd’hui dans le monde, parmi lesquelles au moins 15 millions d’adolescents âgés de 13 à 15 ans. Ce constat pose une redoutable question : pourquoi autant de jeunes se tournent vers les cigarettes électroniques ?
L’organisation ne minimise pas les progrès accomplis dans la réduction du tabagisme depuis les années 2000 : le nombre de fumeurs est passé de 1,38 milliard à 1,2 milliard en 2024, malgré la croissance démographique globale.ais selon l’OMS, l’industrie du tabac riposte avec de nouveaux produits contenant de la nicotine, à l’affût d’un public plus jeune, afin de relancer ses profits.
Etienne Krug, directeur des déterminants de la santé au sein de l’OMS, s’inquiète : les cigarettes électroniques, souvent présentées comme un moindre mal, peuvent en réalité précipiter les plus jeunes dans une addiction plus précoce, sapant ainsi les gains de trois à quatre décennies de lutte antitabac.
Ce qui rend les ados particulièrement vulnérables
Le cerveau adolescent est en pleine maturation, notamment au niveau des circuits de la récompense et du contrôle des impulsions. L’exposition à la nicotine à un âge précoce module ces circuits de façon durable, favorisant l’installation rapide d’une dépendance.
Par ailleurs, selon l’OMS, dans les pays disposant de données fiables, les enfants seraient neuf fois plus susceptibles que les adultes d’adopter le vapotage. Ces chiffres soulèvent un signal d’alarme : le message que véhicule le vapotage auprès des plus jeunes pourrait normaliser l’usage de produits nicotiniques (puis du tabac) dans le futur.
Enfin, l’OMS pointe le rôle agressif du marketing, notamment via les réseaux sociaux, et les “échappatoires” législatives qui permettent aux industriels de contourner les restrictions imposées aux produits du tabac classiques. Face à ces stratégies, la réglementation peinerait à suivre.
Ce que réclame l’OMS aux États
L’OMS appelle à renforcer la législation autour des nouveaux produits nicotiniques. Elle réclame notamment :
- la suppression des failles réglementaires qui permettent aux industriels de cibler les jeunes (par exemple : interdire tous les arômes dans les produits du tabac ou à base de nicotine, car ils “masquent le goût âpre” et rendent les produits plus attractifs pour les jeunes.)
- une interdiction stricte de publicité, de promotion et de parrainage liés aux e-cigarettes ;
- l’intégration des cigarettes électroniques dans les mêmes restrictions que le tabac (lieux publics, taxes, contrôles) ;
- une sensibilisation accrue des parents, des écoles et des professionnels de santé aux risques précoces de dépendance.
L’alerte lancée par l’OMS rappelle que le vapotage n’est pas un terrain neutre. Si certains le présentent comme une alternative “moins nocive” au tabac, il peut, aux mains des plus jeunes, déclencher une spirale de dépendance. Pour protéger les enfants, il faut dépasser le débat binaire fumer / ne pas fumer et considérer le vapotage comme une nouvelle priorité de santé publique. Le plus tôt se fait la prévention, le mieux le risque pourra être maîtrisé.
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