La mort subite du nourrisson (MSN) demeure l’une des principales causes de décès chez les bébés de moins d’un an. Encore largement inexpliquée, elle survient souvent pendant le sommeil, sans signe avant-coureur. Face à cette angoisse parentale persistante, une double avancée scientifique attire aujourd’hui l’attention : la caféine, déjà utilisée en néonatalogie pour traiter les apnées des prématurés, pourrait également réduire les risques de MSN.
La caféine, un traitement néonatal à l’effet secondaire inattendu
Une étude observationnelle menée au Canada sur plus de 19 000 bébés prématurés (nés avant 31 semaines) entre 2010 et 2019 a révélé que ceux ayant reçu de la caféine dès les premières 48 heures de vie présentaient près de deux fois moins de risques de mourir subitement après leur sortie de l’hôpital. Plus l’administration est précoce, plus la protection semble efficace.
En parallèle, une revue américaine parue dans The Journal of Perinatology explore une hypothèse biologique cohérente : la caféine, en stimulant le système respiratoire et en réduisant les épisodes d’hypoxie intermittente (périodes de baisse d’oxygène dans le sang), renforcerait la capacité d’éveil du nourrisson pendant son sommeil. Or, cette capacité à se réveiller en cas de difficulté respiratoire est précisément déficiente chez les bébés victimes de MSN.
Intermittence hypoxique : un mécanisme central dans la MSN
Les chercheurs soulignent que de nombreux facteurs de risque reconnus (prématurité, tabagisme maternel, position ventrale, infections respiratoires) ont un point commun : ils exposent le nourrisson à une hypoxie intermittente. Cette privation partielle d’oxygène pourrait entraîner des lésions cérébrales au niveau du tronc cérébral, la zone qui régule respiration et éveil. Si l’enfant ne parvient pas à s’autorescuciter, la situation peut rapidement devenir fatale.
En limitant ces épisodes d’hypoxie, la caféine pourrait donc jouer un rôle préventif indirect, mais salvateur.
Un espoir pour les parents de prématurés
Pour les familles confrontées à une naissance prématurée, ces résultats apportent une lueur d’espoir. L’angoisse de la MSN, qui survient souvent sans signe avant-coureur, pèse lourdement sur les premiers mois de parentalité. Pouvoir s’appuyer sur un traitement connu, déjà intégré dans les soins néonataux, et désormais associé à une réduction du risque post-hospitalisation, constitue une avancée précieuse.

La caféine n’est pas un médicament miracle, mais un outil supplémentaire dans l’arsenal préventif. Administrée précocement, elle améliore la stabilité respiratoire et semble renforcer la résilience de l’organisme face aux épisodes critiques.
Des limites, mais un pas important
Les auteurs restent prudents : il s’agit d’une étude observationnelle, et non d’un essai clinique randomisé. Autrement dit, les scientifiques ne peuvent pas encore affirmer avec certitude que la caféine est seule responsable de la diminution du risque de MSN. D’autres facteurs pourraient entrer en jeu, notamment la qualité des soins ou la condition médicale générale des nourrissons traités.
Cependant, le lien observé est suffisamment robuste pour justifier des recherches plus poussées. Et, d’un point de vue pratique, il pourrait déjà inciter les unités néonatales à administrer la caféine plus tôt, dans les 48 premières heures de vie.
À retenir pour les parents
Si votre bébé est né prématuré, sachez que la caféine fait partie des traitements courants utilisés pour protéger son système respiratoire. Ce nouvel éclairage montre qu’elle pourrait aussi jouer un rôle préventif contre la mort subite du nourrisson.
Il ne faut cependant pas sombrer dans les conclusions hâtives sur la consommation de caféine pendant la grossesse ou l’allaitement. Les effets diffèrent selon les contextes : administrée médicalement, la caféine est soigneusement dosée. En revanche, une consommation excessive de la part de la mère pourrait exposer le bébé à des troubles du sommeil ou à de l’irritabilité, sans bénéfice prouvé.
La prudence reste donc de mise, mais une chose est claire : la recherche sur la MSN avance. Et chaque avancée, même modeste, est une victoire contre cette tragédie silencieuse.
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