Une promesse (enfin) sur le point de se concrétiser
Annoncé en grande pompe il y a deux ans, le congé de naissance s’apprête à devenir réalité. Le gouvernement vient de l’inscrire dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026. L’idée ? Offrir aux deux parents un vrai temps de respiration à l’arrivée d’un bébé, et rééquilibrer les débuts souvent désordonnés de la vie de famille.
Dans le détail, ce congé remplacerait l’actuel congé paternité et d’accueil de l’enfant. Il durerait six semaines au total, dont trois immédiatement après la naissance, et trois autres à poser dans les six mois qui suivent. Un format plus souple, mieux indemnisé aussi : la rémunération devrait être alignée sur celle du congé maternité, soit environ 100 % du salaire net, dans la limite du plafond de la Sécurité sociale.
En 2025, les plafonds de la sécurité sociale sont organisés comme suit :
| Périodicité | Montant |
|---|
| Plafond annuel (PASS) | 47 100 € |
| Plafond trimestriel | 11 775 € |
| Plafond mensuel (PMSS) | 3 925 € |
| Plafond hebdomadaire | 906 € |
| Plafond journalier | 216 € |
| Plafond horaire | 29 € |
L’égalité parentale en ligne de mire
Derrière ce nouveau droit, il y a un message politique : encourager un vrai partage des responsabilités parentales, dès la naissance. En France, seuls 7 pères sur 10 profitent du congé paternité, souvent pour des raisons financières ou parce que leur entreprise le regarde encore d’un mauvais œil.
Avec cette réforme, le gouvernement espère changer les habitudes et envoyer un signal fort : s’occuper d’un nouveau-né, ce n’est pas « aider », c’est être parent à part entière.
Mais la mesure répond aussi à un enjeu plus large : celui du recul de la natalité. Moins de 680 000 bébés sont nés en 2023, du jamais-vu depuis la Seconde Guerre mondiale. À travers ce congé, l’exécutif espère rendre le fait d’avoir un enfant un peu moins incompatible avec une vie professionnelle stable et des revenus décents.
Une réforme sociale… mais pas totalement inclusive
Sur le papier, la mesure semble plutôt juste. Sauf qu’un gros flou persiste : toutes les familles seront-elles concernées ?
Le texte ne mentionne pas explicitement les parents issus de PMA ou les familles adoptantes. Et ça, c’est problématique. Car ce n’est pas la première fois que les configurations familiales non traditionnelles passent à la trappe dans les dispositifs sociaux. On se souvient du congé paternité, qui n’a été accessible aux couples de femmes qu’après la loi de bioéthique de 2021.
Sans clarification rapide, le congé de naissance risque donc de reproduire les mêmes inégalités, en laissant sur le bord du chemin des familles qui n’entrent pas dans le moule classique du « papa-maman-bébé ».
Et tant qu’on y est, d’autres zones d’ombre subsistent : qu’en est-il des parents séparés, des naissances multiples, ou encore des familles recomposées ? Le gouvernement promet des précisions « avant l’été 2026 ». Mais on le sait : entre l’annonce politique et la réalité des décrets, il y a souvent tout un monde.
Une avancée qui interroge les moyens
Côté coulisses, cette réforme sociale tombe dans un contexte budgétaire tendu. Intégrée au projet de financement de la Sécurité sociale, elle fait grincer quelques dents à Bercy. Une indemnisation à 100 % pour les deux parents, c’est une belle promesse, mais c’est aussi des centaines de millions d’euros à trouver.
Le gouvernement défend l’idée d’un « investissement social », qui profiterait à long terme à la santé des familles et à l’égalité professionnelle. Mais pour les syndicats, le risque est clair : une mesure belle sur le papier, mais difficile à appliquer pour les travailleurs précaires, les indépendants ou ceux dont les employeurs rechignent à accorder des congés.
« Il ne suffit pas de créer un droit, encore faut-il que tout le monde puisse l’exercer », rappelle une représentante syndicale.
Et maintenant ?
Le congé de naissance, c’est un peu la nouvelle promesse douce-amère de la politique familiale française : ambitieuse, symbolique, mais encore fragile. S’il voit le jour en 2026 comme prévu, il pourrait transformer la façon dont on pense les premiers mois de vie d’un enfant, à condition que le texte n’oublie personne et que les entreprises suivent.
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