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Caméras dans les crèches : les pros de la petite enfance dénoncent une dérive sécuritaire

Alors que Ségolène Royal propose d’installer des caméras dans les crèches pour prévenir les violences, le Syndicat national des professionnel·le·s de la petite enfance (SNPPE) s’insurge. Pour les professionnel·le·s du secteur, cette idée révèle une méconnaissance profonde de la réalité du terrain et du rôle éducatif des structures d’accueil.

Une proposition qui passe mal sur le terrain

C’est une phrase, glissée dans les pages du dernier ouvrage de Ségolène Royal (Mais qui va garder les enfants ?, Fayard, octobre 2025), qui a mis le feu aux poudres. L’ancienne ministre y suggère l’installation de caméras dans les crèches et les classes afin de prévenir d’éventuelles maltraitances.

Une idée qu’elle présente comme une mesure de « protection » des tout-petits, mais qui, pour les professionnel·le·s de la petite enfance, frôle l’absurde.

Le Syndicat national des professionnel·le·s de la petite enfance (SNPPE) a réagi avec fermeté dès la parution du livre, dénonçant une proposition « totalement hors-sol ». Dans un communiqué publié le 28 octobre, il s’étonne qu’une figure politique d’expérience puisse faire preuve d’une telle « méconnaissance du secteur ».

Selon le syndicat, cette idée ne prend pas en compte la réalité du travail en crèche, où l’enjeu premier n’est pas la surveillance, mais la relation de confiance entre adultes et enfants, entre équipes et parents.

Une atteinte à la vie privée et à la relation éducative

Installer des caméras dans des lieux d’accueil du jeune enfant reviendrait, pour les professionnel·le·s, à violer des principes fondamentaux : le respect de la vie privée, la dignité des enfants et la liberté éducative des équipes.

Le SNPPE rappelle qu’une telle mesure serait contraire à la Convention internationale des droits de l’enfant et à la Charte nationale de l’accueil du jeune enfant, désormais intégrée au droit français depuis 2021.

Cette Charte, fruit d’un long travail mené avec les acteurs du secteur, place l’enfant au cœur du dispositif, avec des valeurs de bienveillance, d’écoute et de coéducation avec les familles.

Rien à voir, donc, avec une logique de contrôle ou de suspicion. « Les crèches ne sont pas des lieux de surveillance, mais d’éveil et de sécurité affective », martèlent les syndicats et associations.

Prévenir la maltraitance, oui… mais en soutenant les pros

Personne, dans le milieu, ne nie l’importance de lutter contre les violences en institution. Mais pour le SNPPE, la prévention passe avant tout par le soutien aux équipes : meilleure formation, encadrement renforcé, conditions de travail dignes. Pas par la mise sous caméra de personnels déjà épuisés.

L’organisation déplore qu’au lieu d’investir dans les ressources humaines, on continue à imaginer des réponses technologiques ou punitives.

« On veut protéger les enfants ? Alors donnons aux professionnel·le·s les moyens de travailler dans la sérénité, pas sous l’œil d’une caméra », plaide une éducatrice citée dans le communiqué.

Un secteur à bout de souffle

La polémique intervient dans un contexte déjà tendu : pénurie de personnel, burn-out, départs massifs vers d’autres métiers. Dans ce climat, la proposition de Ségolène Royal apparaît pour beaucoup comme la goutte de trop.

« C’est de reconnaissance et de stabilité dont le secteur a besoin, pas d’un climat de méfiance », rappelle le syndicat.

Car pour garantir un accueil sûr et de qualité, les études sont unanimes : ce n’est pas la technologie qui fait la différence, mais l’humain.

Des équipes formées, soutenues, stables. Des espaces où l’on peut parler, analyser les pratiques, apprendre de ses erreurs sans craindre d’être filmé·e.


Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.

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