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Source : Unsplash / Jon Flobrant
Parentalité

Je suis la belle-mère d’une petite fille de 7 ans et même si je l’aime, ce n’est pas toujours facile

À 32 ans, Rivka est passée de jeune femme célibataire à belle-mère d’une petite fille de 7 ans. Un rôle qu’elle a endossé avec plaisir, mais qui n’est pas dépourvu de difficultés… Pour Madmoizelle, elle témoigne de cette expérience qui marque son quotidien et sa nouvelle compréhension du monde.

Je me souviens du jour où je me suis dit « je veux un mec comme lui dans ma vie ». Sa sœur (mon ancienne colocataire) et moi, nous prenions le thé, un matin comme à notre habitude, nous discutions des potins. Elle me racontait les galères que son petit frère avait dans son couple. Son petit frère, je l’avais rencontré une fois, lors d’un dîner, je l’avais trouvé charmant, mais sans plus. Il se battait comme un fou pour garder sa famille à flot, cherchant du travail, s’occupant de sa famille et essayant de travailler sur son couple, en vain. J’étais admirative de son courage, de son sens des responsabilités et de sa détermination. Pour moi, il était l’homme avec un grand H, le super héros qui va sauver sa famille et qui va s’en occuper.

Toutefois, à cette époque, il était marié, je ne pouvais qu’espérer trouver ces valeurs chez quelqu’un d’autre. Quatre ans plus tard, j’apprends par mon ancienne coloc (j’avais déménagé depuis) que son petit frère s’est séparé de sa femme et qu’il a la garde exclusive de sa fille âgée de 6 ans. J’ai ressenti un soulagement pour sa liberté et lui ai souhaité une longue vie. À une soirée, fraîchement séparé de mon ex (relation à distance où le gars m’a vendu du rêve et des paillettes, mais rien de concret), je l’ai revu. Il brillait de mille feux. Normalement, dans ces soirées qui se déroulaient une fois dans l’année, nous prenions bien 2 heures pour raconter nos aventures. Sauf que cette fois, Monsieur était trop occupé pour s’occuper de moi. Le lendemain, j’ai chopé son numéro, et je lui ai demandé de boire un café, car j’avais un truc important à lui dire. Lors de notre café, Monsieur m’a fait très vite comprendre qu’il était intéressé. En fait, nous étions intéressés l’un par l’autre depuis très longtemps, mais c’est ce jour-là qu’on a décidé d’être ensemble.

À lire aussi : Mon copain a un enfant et je ne me sens pas prête à être belle-mère

Ma rencontre avec sa fille, le début d’une histoire d’amour

Étant l’ancienne colocataire de sa grande sœur et étant une amie très proche de la famille, j’avais déjà rencontré sa petite puce depuis ses quatre ans. Donc j’étais dans les parages… Elle me connaissait. L’introduction de mon histoire d’amour avec son père s’est faite très doucement et par étapes. Les six premiers mois, nous avons décidé de cacher notre histoire à la famille de mon copain. Étant une amie très proche et lui n’étant toujours pas divorcé, nous ne voulions pas avoir de jugement sur notre histoire. Par conséquent, la puce était tout le temps avec nous à nos rendez-vous galants. Mon copain expliquait que j’étais « sa meilleure amie ». Je me levais à 5 heures du matin pour quitter la maison avant que la puce ne se lève.

Si je peux dire quelque chose, dans les familles recomposées, l’enfant est la clé, c’est l’enfant qui permettra que l’histoire d’amour fonctionne ou non.

La puce, me connaissant avant, et ayant grand besoin d’une présence féminine dans son quotidien, m’a accueillie les bras ouverts. Il faut dire que je n’ai jamais rien forcé avec elle, je n’ai pas cherché à me définir par rapport à elle. Par exemple, lorsqu’elle ne me disait pas bonjour ou ne parlait pas, je ne me vexais pas, je la laissais tranquille. Dès les premiers mois, la puce et moi avons tissé des liens très forts. Son père travaillant beaucoup, j’allais dès le début la chercher à l’école et je m’en occupais en faisant des activités avec elle. Étant aussi très tactile, je n’ai jamais eu de problème à la prendre dans mes bras et à lui donner toute l’affection dont elle avait besoin. Parfois, quand nous n’étions que toutes les deux, elle m’a confié que j’étais comme sa maman et cela restait entre nous. Je lui ai expliqué que j’étais sa maman de cœur et que pour moi, elle était comme ma fille. Oui, elle l’a été dès le premier jour.

Je me demande si la puce n’était pas plus prête que son père pour cette histoire d’amour. Par exemple, dans les débuts, nous ne nous tenions pas la main devant elle, ni ne nous embrassions. Une fois, elle a même mis ma main sur celle de son père. Son père s’était énervé, ce qui avait donné lieu à une dispute entre nous, j’étais repartie chez moi le cœur brisé.

Trouver sa place dans une histoire d’amour à trois

Au lieu de créer une histoire d’amour à deux, nous en créons une à trois. Et ce n’est pas simple du tout, surtout pour moi. La vérité, c’est que je n’ai pas porté d’enfant, je n’ai pas choisi d’être maman. Tout ça m’est tombé dessus d’un seul coup, car je suis amoureuse d’un homme qui a une petite fille et c’est un package. Ce package a des besoins, des exigences, surtout des souffrances, des traumas de l’histoire d’amour passée, il est autosuffisant, il n’a pas besoin de toi pour fonctionner et être indépendant, c’est une cellule, pleine d’amour, de liens et d’histoire. Et toi ? Bah tu es un outsider avec tes traumas, tes peurs et ton petit cœur et tu t’incrustes.

Ce n’est pas simple, car même si j’ai beau l’aimer comme ma fille, elle ne m’aimera jamais comme sa mère. Je ne cherche pas à rivaliser avec sa maman. Mais lorsqu’elle souffre dans son cœur et que je sais qu’elle a besoin de sa mère, je me mets à souffrir comme elle. Je lui caresse les cheveux, tout en espérant que le peu que je puisse lui donner épongera son petit cœur brisé.

Ce n’est pas simple non plus lorsqu’ils ont des instants père-fille. Cette complicité, ce lien, je ne le vivrai pas avec elle, malgré mon amour pour elle. Je les regarde de manière pudique, presque envieuse, sans les interrompre. Je n’ai jamais de dessins avec écrit mon prénom avec un gros cœur lorsqu’elle rentre de l’école.

Ce n’est pas simple lorsque mon copain et elle exigent que je sois parfaite, toujours sourire, de répondre aux besoins de tout le monde et de ne surtout pas me plaindre. Lors de moments de grosse fatigue physique et morale, ou si je gaffe, on me le reproche deux fois plus qu’une maman normale. Non, je ne suis plus la gentille maman du cœur, ou la copine chérie, je suis la marâtre

Ce n’est pas simple quand les gens de l’extérieur me prennent pour la baby-sitter et que je suis « trop gentille avec mon chéri et sa fille ». La condescendance des gens me tue. Combien de mamans sont venues me voir, en me disant que mon copain « a de la chance » que je m’occupe de la petite comme ça ? Moi, cela me paraît être une évidence : tu aimes quelqu’un, donc tu dois aimer ses enfants et les traiter comme les tiens. Apparemment pour d’autres personnes, non. Je suis la baby-sitter de mon copain, mais gratuite. On ne me considère pas comme une maman, mais comme une belle-mère qui n’aime pas sa belle-fille et qui la garde par dépit, pour rester avec l’homme.

Ce n’est pas simple non plus lorsque je me dispute avec mon copain pour des broutilles et que sa fille intervient. Je suis obligée de garder mon sang-froid, car je suis l’outsider, ce que je vais dire ou faire risque de me porter préjudice. C’est ultra-difficile, lorsque j’éduque la puce et qu’elle ne m’obéit pas et me défie. Je ne sais jamais si son père va accepter la punition ou les remontrances. C’est sa fille, pas la mienne.

Ce n’est pas simple car je fais partie de ces nombreuses femmes qui dorment en culotte et seins à l’air, qui aime me balade à poil dans ma maison ou sécher avec la serviette sur le lit tout en me mettant de la crème hydratante. Là, c’est impossible. La nudité et les balades en sous-vêtements se font de manière discrète car pour une maman c’est normal, mais pour une belle-mère, c’est de la pédophilie. Je ne rentre pas dans la salle de bain quand la petite se douche. Je tourne mon regard lorsqu’elle est nue. Et surtout, à part en cas de cauchemar ou de maladie, je refuse qu’elle dorme dans le lit parental.

Où j’ai trouvé mon équilibre dans tout ça

La vérité, c’est que j’ai gardé mon appartement et lorsque c’est trop pour moi, je m’y réfugie. Mon copain a sa fille dans sa vie depuis 7 ans, il s’est habitué à être tout le temps avec quelqu’un qui demande des trucs 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Pas moi, et je pars du principe que je dois faire ce processus de transition. Je dois prendre mon temps. Si je suis à bout, je rentre chez moi pour respirer un peu, même s’ils me manquent très vite.

L’équilibre s’est aussi fait grâce à mon ami. Lorsque je reprends sa fille, il n’intervient pas. Je me souviens d’une fois où la petite ne voulait pas m’écouter. Au bout de la troisième fois, je l’ai menacée de la punir (sorry, l’éducation bienveillante). Son père était à côté, elle s’est retournée pour le regarder. Il n’a rien dit, silencieux, il a continué à faire ce qu’il faisait. Elle savait qu’il écoutait la discussion, le fait qu’il ne soit pas intervenu m’a permis de me faire écouter, mais surtout de me donner une légitimité auprès de la petite. Oui, j’avais le droit de lui imposer mes règles et oui, son père était d’accord. L’équilibre s’est mis doucement en place lorsque son père lui a dit qu’il m’aimait et que nous allions peut-être un jour former une petite famille tous les trois. J’ai finalement eu le droit à ma place dans les dessins familiaux. Il n’y avait plus la puce et son papa, mais la puce, son papa et moi sur les peintures. L’équilibre se met en place lorsqu’au restaurant, elle veut être au centre et nous séparer et que si son père refuse, elle doit choisir un côté. Le fait que le papa soit à mes côtés et me soutienne m’aide énormément.

L’équilibre se met en place parce que cette petite, elle peut me dire maman aujourd’hui et m’appeler par mon prénom demain, je m’en fiche. Moi ce qui m’importe, c’est qu’elle sache que je suis là pour elle. Je ne peux pas lui donner l’amour de sa mère, mais un équilibre avec son père, une stabilité, un roc où elle pourra toujours se reposer, se réfugier, où personne ne lui demandera de ne pas être elle-même. Je suis là et elle peut compter sur moi dans toutes ces étapes de sa vie. Pour moi, cette puce est comme ma fille, je ne fais aucune distinction entre mes futurs enfants et elle. Je lui apporterai tout ce dont elle a besoin et me battrai pour elle, sa réussite et son bien-être. Je répondrai présente à toutes les questions qu’elle aura quand elle aura l’âge de nous en vouloir à mort car l’amour c’est ça, c’est accompagner son enfant.

En conclusion, pour ma part, je ne me sens pas belle-mère mais maman de cœur. J’aime ma vie et je suis très épanouie dans mon nouveau rôle. Si j’ai besoin d’une pause, je la prends pour mieux me ressourcer et être plus forte. J’impose ma présence progressivement respectant l’espace des uns et des autres. Cette histoire d’amour à trois n’aurait jamais existé sans le soutien constant de mon ami et de sa fille. Il faut aussi une volonté au sein de la cellule de nous accepter et de nous aimer tels que nous sommes. Ils en avaient tous les deux envie, donc j’ai plongé.

Si j’ai un conseil à donner aux familles recomposées, c’est de prendre le temps de vous adapter à la nouvelle situation. Nous venons tous avec nos traumas, nos souffrances, et il n’est pas obligatoire de vivre les événements trop vite. Soyez naturel·le et écoutez-vous. Je dirais aussi de cacher votre histoire d’amour aux regards des autres, surtout lorsqu’elle est atypique. Je pense que la force de notre histoire à mon ami, sa fille et moi, c’est que nous avons pu nous construire à l’abri des regards et des commentaires (peu agréables) des autres.

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Les Commentaires

18
Avatar de Kettricken
1 août 2023 à 08h08
Kettricken
@Lylia-B
Contenu caché du spoiler.
4
Voir les 18 commentaires

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