2025 : le pire bilan jamais enregistré pour les crèches privées et associatives
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 2025 pourrait marquer un tournant funeste pour le secteur de la petite enfance. En seulement sept mois, 193 procédures collectives ont été enregistrées pour les crèches et micro-crèches (code APE 8891A), contre 154 pour toute l’année 2024. Par projection simple, ce chiffre pourrait grimper à 333 d’ici à décembre, soit une multiplication par six en trois ans.
Ces faillites massives concernent principalement les structures privées et associatives, souvent plus fragiles que les crèches publiques face aux hausses de charges, aux obligations réglementaires et à la pénurie de personnel qualifié. Pour les parents, ce sont des places supprimées, des projets familiaux retardés, et parfois même l’obligation de renoncer à une reprise d’activité.
Des aides publiques non dépensées, une urgence criante
Ironie de la situation : l’État dispose bien de moyens pour soutenir ces établissements… mais une large part des crédits alloués à la création de places en crèche reste inutilisée. En 2023, 313 millions d’euros n’ont pas été dépensés ; en 2024, 222 millions. Pour 2025, la tendance semble identique.
Face à l’hémorragie, le Comité de filière Petite Enfance – composé de représentants du secteur – a adopté une résolution réclamant la réaffectation de 200 millions d’euros non utilisés, dans un communiqué diffusé le 31 juillet 2025.
Dans le but d’éviter des fermetures massives, en soutenant les crèches existantes par une revalorisation de 2 % de la Prestation de service unique (PSU), et en élargissant les critères d’aide aux micro-crèches, encore trop restrictifs.
L’absence de solutions de garde freine la natalité
Cette hémorragie de places d’accueil arrive au pire moment. Car en parallèle, le gouvernement affiche une volonté politique claire de relancer la natalité, notamment à travers le plan Vautrin. Celui-ci propose plusieurs leviers : meilleure reconnaissance de l’infertilité sociétale, congé de naissance mieux indemnisé, promesses d’amélioration de l’accueil du jeune enfant.
Mais sur le terrain, ces annonces entrent en contradiction avec la réalité : des familles sans solution de garde, des professionnelles en burnout ou en reconversion, et des structures obligées de fermer faute de moyens. Loin d’être un simple détail, l’accès effectif à un mode de garde reste le point de bascule pour beaucoup de familles dans leur décision d’avoir un enfant ou non.
Entre ambitions politiques et crise de terrain
D’un côté, un gouvernement qui reconnaît, enfin, que la natalité dépend aussi de conditions sociales concrètes. De l’autre, une désintégration silencieuse, mais massive du tissu d’accueil de la petite enfance. En l’absence de mesures rapides, les efforts du plan Vautrin risquent de rester lettre morte, pris dans le gouffre entre promesses politiques et effondrement des structures.
Pour les parents, cette situation génère un sentiment d’insécurité. Pour les professionnels, un ras-le-bol généralisé. Et pour les enfants, une invisibilisation inquiétante de leurs besoins essentiels. Redonner confiance aux familles passera forcément par une action d’urgence pour sauver les crèches existantes — avant qu’il ne soit trop tard.
Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.





































Les Commentaires
Il n'y a pas encore de commentaire sur cet article.