Le Beyfortus, une protection immédiate… encore trop peu utilisée
En théorie, tout est simple : depuis 2023, les bébés peuvent recevoir le Beyfortus (nirsevimab), un anticorps monoclonal injecté une fois, qui agit dès les premières heures. Une seule dose, et le nourrisson est protégé pendant toute la saison de la bronchiolite. Dans les maternités, les bébés nés entre septembre et janvier le reçoivent automatiquement, juste avant la saison épidémique. Résultat : une couverture quasi idéale.
Mais pour les enfants nés entre février et août, c’est une autre histoire. Ces bébés-là, trop grands pour être protégés à la maternité mais encore très vulnérables, doivent recevoir l’injection en médecine de ville. Et c’est là que ça coince : seuls 46 % d’entre eux ont reçu leur dose, d’après la Société française de pédiatrie.
Christèle Gras-Le Guen, pédiatre au CHU de Nantes, l’explique très simplement au micro de France Inter : les pédiatres prescrivent massivement le Beyfortus, mais “c’est moins le cas de nos confrères généralistes”. Pourtant, le produit est disponible, remboursé, et recommandé sans ambiguïté. « C’est vraiment le moment de le faire », insiste-t-elle. Car une fois que le virus circule activement, l’intérêt préventif diminue, comme un parapluie qu’on ouvre après l’averse.
Une efficacité qui a déjà changé le visage des épidémies
Depuis deux ans, la France dispose de deux leviers pour réduire les formes graves de bronchiolite : la vaccination de la femme enceinte, et le Beyfortus pour les nourrissons. Et les effets sont visibles. Pendant les derniers hivers, les services pédiatriques ont observé une chute très importante des hospitalisations. Le pédiatre Christophe Batard en donne une mesure frappante : 80 % de passages en moins en réanimation, aux urgences, ou en hospitalisation chez les nourrissons protégés.
Dans un pays où la bronchiolite reste la première cause d’hospitalisation des moins d’un an, ce n’est pas un détail. Beaucoup de parents ont connu l’angoisse des nuits passées à surveiller une respiration sifflante, ou l’hospitalisation en urgence pour détresse respiratoire. Le Beyfortus ne supprime pas totalement la maladie, mais il évite la grande majorité des formes graves. Pour les familles, c’est un stress en moins ; pour les services hospitaliers, un souffle de répit.
Pourquoi si peu d’injections en ville ?
Le “raté” de la campagne de rattrapage n’a rien d’un caprice administratif : il reflète surtout les difficultés de coordination entre les maternités (où les injections sont simples et systématiques) et la médecine de ville (où les parents doivent, eux, demander la prescription).
Plusieurs facteurs s’entremêlent :
- des médecins généralistes parfois moins habitués à ce nouveau protocole ;
- des parents persuadés que leur bébé, né hors saison, n’est pas concerné ;
- la méconnaissance du remboursement automatique (30 % par l’Assurance maladie, le reste par les complémentaires, ou 100 % pour les bénéficiaires de la C2S et de l’AME).
Pour les parents : ce qu’il faut faire maintenant
Si votre enfant est né entre le 1er février et le 31 août 2025, il est concerné par la campagne de rattrapage. L’injection peut être faite à tout moment, tant que la saison épidémique n’a pas démarré pleinement dans votre région et dans la plupart des cas, on est encore dans les temps.
Le principe est simple :
- prendre rendez-vous chez le médecin généraliste ou le pédiatre ;
- obtenir une prescription ;
- acheter l’injection en pharmacie ;
- la faire administrer au cabinet médical.
Cela ne demande souvent qu’une ou deux étapes supplémentaires par rapport à un vaccin classique, mais la protection est immédiate. C’est précisément l’un des grands avantages du Beyfortus : il agit dès l’injection, sans délai d’installation.
Une conclusion simple : protéger maintenant pour éviter les urgences plus tard
La bronchiolite revient chaque année, implacable, et personne ne peut vraiment y échapper. Mais grâce au Beyfortus, les nourrissons ont aujourd’hui un bouclier efficace, à condition d’y accéder. Pour les bébés nés au printemps et au début de l’été, les pédiatres répètent la même chose : il n’est pas trop tard.
Si vous hésitiez encore, considérez que c’est le bon moment pour poser la question à votre médecin. Mieux vaut un rendez-vous anticipé qu’une nuit aux urgences. Votre bébé n’en sera que mieux protégé, et vous, sans doute, un peu plus serein·e pour les mois d’hiver à venir.
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