Vous avez sûrement déjà vu sur une multitude d’emballages de produits skincare l’expression « sans parabènes ». Mais savez-vous ce que c’est, et pourquoi tant de personne les fuient comme la peste ? Les parabènes font partie de la vaste famille des conservateurs, dont certains membres sont plus controversés que d’autres, comme va nous l’expliquer le docteur en biologie des cellules souches et skinfluencer, Cyrille Laurent.
Cyrille Laurent décrypte l’usage des conservateurs en cosmétiques dans le podcast Matières Premières
Les parabènes sont des conservateurs d’origine synthétiques qu’on ajoute donc dans les formules cosmétiques pour qu’elles puissent se conserver plus longtemps, sans tourner, devenir inefficace, irritante ou pire. Leur rôle est d’inhiber le développement des micro-organismes dans les produits cosmétiques. Les plus communs sont le methylparaben, le propylparaben ou encore le butylparaben (ce sont ces noms qu’on retrouve dans les listes d’ingrédients dites INCI). Le premier est suspecté d’être un perturbateur endocrinien, et ne peut être dosé à plus de 0,8 % dans les cosmétiques. Le deuxième est également suspecté d’être un perturbateur endocrinien, et ne peut être dosé à plus de 0,8 % non plus. C’est le troisième qui pose le plus question puisque le butylparaben est un perturbateur endocrinien avéré qui ne peut être dosé à plus de 0,8 % dans les cosmétiques. Depuis le 25 juin 2020, l’agence européenne des produits chimiques (ECHA) l’a ajouté à sa liste des substances extrêmement préoccupantes (SVHC). Le methylparaben, le propylparaben et le butylparaben sont tous les trois déconseillés d’utilisation dans les produits sans rinçage destinés à être appliqués sur la zone du siège des enfants de moins de trois ans.
À cause de leur effet perturbateur endocrinien suspecté pour le methylparaben et le propylparaben, et avéré dans le cas du butylparaben, tous les parabènes souffrent d’une mauvaise réputation, alors qu’ils s’avèrent très efficaces dès une toute petite dose, sans poser de souci pour la santé de la plupart des gens. C’est pourquoi, beaucoup de marques revendiquent formuler sans parabènes, et les remplacent par d’autres conservateurs sur lesquels on a parfois beaucoup moins de recul sur les potentiels effets néfastes pour l’humain et l’environnement.
Le phenoxyethanol, le remplaçant pire que les controversés parabènes ?
Dans la famille des conservateurs, le remplaçant le plus courant aux controversés parabènes est le phenoxyethanol. Même s’il peut exister naturellement dans le thé vert, celui qu’on utilise en cosmétique est un conservateur d’origine synthétique, également connu sous l’acronyme EGPhE. Moins connu du grand public, le phenoxyethanol est pourtant lui aussi controversé pour ses potentiels effets perturbateurs endocriniens. Depuis 2012, l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) recommande d’éviter de l’utiliser dans les produits cosmétiques destinés au siège des bébés, et de ne pas dépasser une teneur maximale de 0,4 % dans les autres produits destinés aux enfants de moins de 3 ans. L’ANSM souligne aussi des effets potentiellement néfastes sur la reproduction.
Le phenoxyethanol utilisé en cosmétique est aussi controversé pour son polluant processus de fabrication : l’éthoxylation. C’est un procédé chimique extrêmement polluant qui consiste à faire réagir du phénol et de l’oxyde d’éthylène à une température et une pression élevées. Pour de multiples raisons, le phenoxyethanol ne peut être concentré à plus de 1 % dans les cosmétiques en général par les fabricants. Et, en tant que particuliers, il vaut mieux le bannir d’utilisation sur les enfants de moins de 3 ans, et l’éviter si l’on est une femme enceinte ou allaitante.
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