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Je viens d’une famille où il était normal de faire boire les enfants.
Quand j’étais petite, mon père versait dans mon biberon du matin un peu de liqueur de pêche, pour aromatiser et il disait que ça nous détendait. Certainement que nous étions plus calmes !
Plus tard, à l’adolescence, il était normal qu’à table, avec mes frères et sœurs, en famille ou quand mes parents avaient des amis, nous buvions.
C’était un verre de vin, et ça ne choquait personne, car mes parents buvaient aussi beaucoup. Mais comme aujourd’hui certaines personnes boivent de l’eau ou du café.
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Prendre conscience
Je viens du Berry, à côté de Châteauroux, et c’est en quittant ma ville natale pour faire mes études en région parisienne que je me suis rendu compte que tout ça n’était pas normal. Aujourd’hui, je pense que c’est une question de génération. Mes parents et ma famille avaient cette habitude, et il n’y avait rien de mal à leurs yeux.
Moi, en arrivant en région parisienne, j’ai compris plusieurs choses. La première, c’est que je n’aime finalement pas vraiment le goût de l’alcool. Ayant moins d’occasions de boire, j’ai donc naturellement réduit ma consommation.
Chez mes parents, il y a encore des cubis de vin dans la cuisine, c’est normal. Chez moi, on ne trouve pas d’alcool. Plus tard, j’ai rencontré mon mari qui lui, à l’inverse de moi, vient d’une famille qui ne boit pas ou très peu d’alcool. Il a été très surpris de voir la consommation d’alcool de ma famille, et m’a aidé à me rendre compte que ce n’était pas normal.
Nous avons eu 3 enfants, qui sont aujourd’hui adultes, à qui nous avons essayé de montrer que l’on pouvait s’amuser sans boire, être joyeux sans boire.
Surtout, on leur a rapidement expliqué que la consommation de leurs grand-parents et certains oncles et tantes n’était pas la norme, que ça appartenait à une façon de faire d’un autre temps.
Aider les personnes qui souffrent de l’addiction
Rencontrer mon mari et avoir la possibilité de m’extraire de mon milieu m’ont vraiment aidé à prendre conscience des problèmes d’addiction, c’est pourquoi je n’ai aussi jamais fumé de cigarettes. Et je n’ai jamais eu d’addiction, aux jeux par exemple.
Cela dit, cela m’a aussi donné l’envie de m’investir auprès d’associations qui aident les personnes qui se débattent avec l’addiction.
Il existe dans ma famille une sorte de pudeur, ce qui fait que je n’ai jamais confronté mes parents et mes frères et sœurs sur leur consommation d’alcool. Je crois que je n’oserai pas.
D’ailleurs, ils nous ont souvent “reproché” de ne pas boire, nous disent que nous sommes trop rigides. Ce qui prouve que je n’aurais rien pu leur dire. Ma mère m’a même un jour reproché d’être devenue, “trop parisienne”. Aujourd’hui, mes parents ont 93 et 96 ans et ils boivent toujours régulièrement, mais un petit verre seulement. Ils n’ont pas eu de problème de santé en particulier, ce qui ne prouve pas à mes yeux que l’alcool ne pose pas problème, bien au contraire.
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