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Plus jeune, je n’ai jamais vraiment beaucoup bu d’alcool. Je n’aimais pas trop faire la fête, donc ma consommation se limitait à un verre une fois de temps en temps, lors d’un diner ou pour célébrer un événement, anniversaire, mariage, etc.
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Dépression du post partum
Il y a 12 ans, je suis devenue maman d’une petite fille. C’est peu après mon accouchement que j’ai commencé à vraiment boire. Je pense environ 2 ou 3 mois après l’arrivée de ma fille. Je pense que je faisais une dépression post partum sans vraiment le savoir, car je trouve qu’on en parlait beaucoup moins à l’époque.
J’étais fatiguée, très stressée par ce nouveau rôle et agacée, aussi, par le père de ma fille, mon ex-mari, qui à ce moment-là laissait beaucoup de la charge mentale reposer sur mes épaules.
Nous nous disputions beaucoup. Un soir, ma fille avait je pense deux ou trois mois, je venais de la coucher et j’appréhendais le retour de mon mari. Alors, je ne sais pas pourquoi ni comment j’ai eu cette idée, j’ai pris une bière dans le frigo (destinée au départ à mon mari) et je l’ai bu pour me détendre. Effectivement, j’étais plus détendue quand il est rentré.
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Une bière, puis deux, comme un rituel
Mais une bière, juste un soir, est rapidement devenue une bière chaque soir, puis un soir sur trois je passais à deux bières, etc. C’est comme ça que, sans que je m’en aperçoive et assez rapidement, ma fille a eu 6 mois et je buvais chaque soir ma bière, c’était devenu mon rituel et il me faisait me sentir bien, dans une habitude aussi.
Moins d’un an plus tard, je me séparais du père de ma fille avec qui ça se passait très mal. La séparation s’est très mal passée, et nous avons dû rester habiter ensemble pendant encore un an, pour des raisons financières. C’était l’enfer. Entre temps, j’étais passée de la bière à l’alcool un peu plus fort. J’avais l’impression que ce n’était pas si grave de remplacer ma bière habituelle par un alcool plus fort, sauf que je ne me suis pas rendu compte que je buvais aussi beaucoup plus.
Ça a commencé à être un problème quand j’ai eu du mal à m’occuper correctement de ma fille.
« Ça a fait comme un électrochoc en moi »
Le soir, il n’y avait pas de problème, car elle dormait. Mais les lendemains matin ont été de plus en plus difficiles, et un jour, j’ai carrément oublié de lui mettre son manteau pour partir chez la nounou, en plein hiver. C’était au moment où son père quittait enfin l’appartement pour emménager dans un nouveau logement. Il a essayé de profiter de cette situation pour obtenir la garde exclusive de ma fille. Ça a fait comme un électrochoc en moi. J’ai fait le tour de la maison, j’ai ramassé toutes les bouteilles entamées qui pouvaient trainer dans les placards, et j’ai tout jeté.
Jusque-là, je n’avais parlé à personne de ma consommation d’alcool, même si je savais bien au fond que ce n’était pas normal.
J’ai compris rapidement que je ne pourrais certainement pas m’en sortir seule.
Je suis fille unique, et mes deux parents n’étaient déjà plus de ce monde à cette époque. Alors j’ai appelé une amie qui m’a donné le numéro des Alcooliques Anonymes. J’ai appelé et j’ai pu rejoindre un groupe de parole la semaine suivante.
J’ai eu la chance de pouvoir arrêter assez rapidement, car je n’ai que peu ressenti le manque. Je suis restée plusieurs semaines dans ce groupe mais j’ai pu m’estimer guérie assez rapidement ce qui est une vraie chance.
Mon ex-mari avait vu mon rapport à l’alcool se dégrader et ne m’avait rien dit car nous étions en très mauvais termes (c’est toujours le cas). J’ai pu lui montrer que je m’étais reprise en main et après des discussions assez houleuses, il a finalement retiré sa demande de garde exclusive. J’ai eu l’impression de renaitre.
Raconter son histoire pour sensibiliser
Depuis, je n’ai plus touché une seule goutte d’alcool, et je suis heureuse comme ça. Je n’en ai pas besoin ni pour m’amuser ni pour passer du bon temps. Au contraire, je crois que je préfère être en pleine possession de mes moyens.
Il n’empêche que je raconte souvent mon histoire quand je rencontre des gens, car elle montre à quel point même quand on a pas de penchant particulier pour l’alcool on peut tomber dedans très facilement et très rapidement. Pour moi, ça a été, mais pour d’autres personnes, ça peut être beaucoup plus grave.
Aujourd’hui, je m’estime heureuse de m’en être sortie, surtout pour ma fille.
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