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Je n’ai jamais consommé beaucoup d’alcool et jamais trouvé beaucoup de plaisir à en boire. J’ai toujours eu une consommation ponctuelle liée à des situations de sociabilité comme des réunions familiales, apéros entre amis ou entre collègues. À bien y réfléchir, je n’ai jamais consommé de l’alcool toute seule.
Se sentir en décalage
Mes premiers verres datent du lycée et des premières soirées où chacun teste ses limites (et souvent les dépassent). J’ai souvent été celle qui aidait les copains/copines trop saouls à se coucher, leur faisant prendre des douches lorsqu’ils se vomissaient dessus, les mettait en PLS… La parfaite infirmière !
Je rentrais toujours chez moi de ces soirées en me sentant en décalage, à moitié envieuse et dans l’incompréhension.
Quel besoin de se mettre dans ces états ? Pourquoi tout le monde y trouvait du plaisir ? En rigolait alors que ça n’avait pas l’air dingue la tête dans les toilettes ?
La vie étudiante, boire plus et finir en mauvais état
Je suis partie faire mes études dans une autre ville où je ne connaissais personne. J’ai découvert la vie étudiante, les soirées jusqu’au matin et ce qu’était la consommation d’alcool à excès. Là encore, je me sentais en décalage. Là où je passais une bonne soirée à boire quelques pintes, mes voisin.e.s buvaient beaucoup plus et finissaient en mauvais état.
Je passais de bonnes soirées, mais je restais rarement jusqu’à la fin : la compagnie de gens saouls n’est pas toujours très agréable.
Il y avait toujours un moment de bascule dans la soirée où il n’était plus possible de partager quoi que ce soit (discussion, blague, danse ou même un moment posé).
Pendant ces études, je me suis fait un groupe d’ami.e.s qui ont un rapport à l’alcool assez similaire au mien : détente oui, mais rarement surconsommé. Je me demande maintenant si le rapport à l’alcool et le comportement en soirée influence la naissance d’amitiés dans un sens ou l’autre. Personnellement, les gens buvant beaucoup d’alcool m’ont toujours impressionnée – un mélange de peur et d’envie de réussir à lâcher prise totalement au point de se rendre mal.
Dépasser le côté automatique de la consommation d’alcool
Aujourd’hui, j’ai 32 ans et j’ai un projet personnel sportif nécessitant d’être en très bonne forme physique. En janvier dernier, pour le défi et la forme, j’ai décidé d’arrêter de boire de l’alcool (traduction – dire stop à mes 5 verres d’alcool par mois environ). Ça ne m’a pas manqué. Par curiosité, j’ai continué pendant le mois de février, de mars, d’avril… Et ça ne me manquait toujours pas.
Au bout de quelques mois, j’ai adapté mes règles du jeu : je me suis donné le droit à des jockers. Pour des occasions particulières, souvent sociales, ou si j’ai très envie de boire un verre, j’ai le droit. Je me pose maintenant réellement la question si j’ai envie de boire de l’alcool ou si une alternative sans me ferait autant plaisir, si c’est la situation qui m’influence à boire un verre ou pas. Cette souplesse me permet de dépasser le côté « automatique » de boire de l’alcool et de dépasser l’effet « pression sociale ». Depuis le mois de janvier, j’ai bu deux verres.
À ne plus boire d’alcool, on doit constamment se justifier. Non, je ne suis pas enceinte, oui j’aime quand même faire la fête, non ce n’est pas un choix lié à une religion… Ça demande pas mal de patience, de second degré et de détachement d’accepter d’être jugée, plus ou moins frontalement, de personne « pas fun » car on ne boit pas d’alcool. On en est toujours là aujourd’hui malgré la sensibilisation.
Un choix qui fait réfléchir l’entourage
Pour autant, une fois le speech déroulé, de nouvelles habitudes apparaissent parfois : les ami.e.s ne viennent plus automatiquement avec une bouteille de vin à l’appart, on détaille un peu plus les options sans alcool dans les bars, on change de terrasse, car le Perrier-menthe est trop cher… Je pense que mon choix fait réfléchir mon entourage quant à leur propre consommation d’alcool. Mon copain boit moins, certaines amies me parlent de leur rapport à l’alcool, mes parents adaptent leurs apéros quand je viens chez eux… Ça fait réfléchir et surtout ça fait discuter et débattre.
Je souhaitais témoigner du fait que l’arrêt de l’alcool pouvait aussi être motivé par le souhait de maîtriser réellement ses propres envies !…
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