Parfois, tout ce dont on a envie c’est de se mettre au fond d’un lit et de regarder la série la plus déprimante possible, pour entretenir notre mauvaise humeur passagère.
Sado-masochisme ? Purge ? Catharsis ? Nous ne saurions dire. En tout cas, si vous êtes en manque de programmes déprimants, nous avons tout ce qu’il vous faut pour combler cette carence.
La Terre est foutue, on va tous mourir, les humains sont irratrapables : voilà globalement le mood de ces cinq séries, à voir sans plus tarder.
Years and Years, sur MyCanal
La famille Lyons mène son petit train de vie à Manchester, entre boulots, crises d’adolescence et relations amoureuses. Mais le Brexit survient et le pays sombre dans un enfer politique et social.
Vivienne Rook, une célébrité rebelle devenue une femme politique majeure, divise l’opinion par ses prises de position très controversées. Son arrivée au pouvoir va bouleverser le pays et bien au-delà…
Years and Years, la série choc de Russell T Davies avec Emma Thompson, Anne Reid et Rory Kinnear, se déroule sur 15 ans et analyse les réactions, déconvenues et drames de plusieurs générations au sein même de la famille Lyons.
Comme toute œuvre d’anticipation, Years and Years soulève une question glaçante : est-ce que cet avenir est celui qui nous attend ?
Le programme est d’autant plus flippant qu’il collait au plus près de l’actualité britannique (et surtout à l’idéologie de Nigel Farage, fondateur du parti du Brexit) au moment de sa sortie, en 2019.
Le quotidien économique Financial Times qualifiait, lors de sa parution à la télévision, la série de la BBC de « vision cauchemardesque et tranchante de l’avenir ».
Si ça n’achève pas de vous convaincre de la regarder sans plus tarder pour déprimer un max et songer illico presto à prendre la prochaine navette pour Mars, on ne sait pas ce qu’il vous faut.
Voir Years and Years sur MyCanal
Station Eleven, sur HBO Max
Passionner la critique avec une série décrivant une mortelle pandémie, alors que ce même monde est ravagé par une pandémie dont on ne demande qu’à s’évader ? C’est le pari réussi de Station Eleven.
Portée notamment par une Mackenzie Davis (Halt and Catch Fire) au sommet de sa délicatesse farouche, Station Eleven se déroule dans un futur post-apocalyptique où évoluent les quelques survivants d’une épidémie fulgurante ayant décimé la quasi-intégralité de la population — une tragédie à laquelle nous assistons via des flash backs aussi poignants que terrifiants, car les histoires de port de masque non respecté et de personnes qui se barricadent loin des autres, c’est un peu trop réaliste en 2022.
Vingt ans après cette pandémie, donc, une troupe de voyageurs narre les œuvres de Shakespeare aux quelques groupes d’humains et humaines dont elle croise la route. En filigrane de ces pérégrinations et des dangers qui guettent les comédiens ambulants se raconte toute la douleur des pertes, des traumatismes, des deuils, et se dessine en creux l’envie presque irraisonnée de continuer à croire en la bonté de l’être humain, même lorsqu’on en a contemplé les pires aspects.
La série de l’année ? Peut-être peut-on l’affirmer, oui, tant elle colle à ce que nous traversons, et aux émotions qui nous rassemblent tous et toutes, avec ou sans pandémie. Dernier argument : Station Eleven étant l’adaptation d’un roman, c’est une mini-série qui ne dure que dix épisodes. Tous ont déjà été diffusés, tous ont été salués par la critique.
Station Eleven n’est pas encore diffusée en France, mais ça ne saurait tarder. Ajoutez-la à votre liste de séries à ne pas manquer !
The Third Day, sur OCS
The Third Day, c’est l’extase en forme de cauchemar.
Sortie en 2020, cette série portée par Jude Law et Katherine Waterston va vous faire abandonner toute foi en le genre humain.
Il faut dire que loin des monstres de The Witcher et autres Hellbound, le pire qui puisse arriver à notre héros, c’est de passer quelques jours avec ses semblables sur une île sans foi ni loi.
The Third Day raconte l’histoire d’un père qui pleure la perte de son fils, erre dans la forêt où celui-ci a été retrouvé mort et y est témoin de la tentative de suicide d’une jeune femme prénommée Epona.
Alors qu’il parvient à la sauver in extremis, elle lui confie habiter sur une île située dans l’estuaire de la rivière Blackwater, qui n’est accessible que quelques heures par jour.
Touché par Epona qui semble cacher de grands malheurs, Sam décide de la reconduire chez elle et de s’entretenir avec ses parents. Mais une fois sur l’île, ce père éploré découvre une population aux rites particulièrement étranges et comprend qu’il sera difficile d’en revenir en un seul morceau.
Hypnotique, surtout grâce à son impressionnante photographie, cette série créée par Dennis Kelly et Felix Barrett, revêt la forme souple d’un trip sous acide, qu’on aimerait pas expérimenter nous-même.
La démonstration faite série que l’homme est un loup pour l’homme.
Hellbound, sur Netflix
On le mentionnait comme exemple plus haut et il serait regrettable de ne pas lui dédier quelques lignes.
Car Hellbound est sans conteste l’un des programmes les plus violents et défaitistes de 2021, qui pourrait balayer vos dernières résistances au blues hivernal si toutefois il vous en restait à ce stade-là de l’article…
Dans Hellbound, Yeon Sang-ho et Kyu-Seok Choi — les créateurs du programme — parviennent à aborder la religion et ses dérives sans jamais verser ni dans le prosélytisme ni dans le pamphlet anti-religieux.
Cette série sud-coréenne filme une planète Terre où des créatures infectes sont envoyées pour expédier des humains directement aux enfers.
Une mission remise en cause par de nombreux vivants, qui s’interrogent sur la provenance réelle de ceux qu’on considère tantôt comme des anges, tantôt comme des créatures du diable.
Évidemment, et comme il est coutume de faire dans les thrillers dystopiques à l’instar de The Walking Dead, ce sont les hommes qui se révèlent rapidement plus dangereux que les créatures de l’enfer, se divisant pour mieux régner (surtout sur les plus fragiles), érigeant des sectes et propageant le chaos.
Autant dire qu’ils donnent moyennement envie de rester ici, à tailler le bout de gras avec eux.
Conversations with a killer : The Ted Bundy Tapes sur Netflix
Rien ne pourrait vous donner plus froid dans le dos que la réalité claire et nette, celle qu’on ne peut décrire que dans les documentaires !
Finissons donc avec la sordide affaire Ted Bundy, qui continue de fasciner le monde, Netflix, et nous avec, même plus d’une trentaine d’années après les faits.
Il faut dire que tout effrayant que soit généralement un serial killer, peu sont arrivés à la cheville de Ted Bundy, l’un des plus épouvantables tueurs en série du 20è siècle, qui a agressé, violé et assassiné beaucoup de jeunes femmes dans les années 70.
Il a admis avoir commis quelques 30 homicides dans sept États différents après avoir nié les faits pendant près de 10 ans.
Un homme décrit comme « un psychopathe sadique » par la biographe Ann Rule, qui rappelle — entre autres atrocités — que le meurtrier prenait plaisir à parfois retourner sur les lieux de ces crimes pour avoir des rapports sexuels avec les corps en décomposition de ses victimes.
Ted Bundy a été condamné à mort sur la chaise électrique à la prison Raiford à Starke en Floride, en 1989.
Dans Conversations with a killer : The Ted Bundy Tapes, Joe Berlinger raconte tout, des jeunes années du tueur en série à ses premiers meurtres jusqu’à ses évasions multiples.
Tout est si insensé que cette histoire semble avoir été façonnée de toute pièce par un écrivain fou, qui aurait eu un goût prononcé pour le sordide. Mais il n’en est rien, Ted Bundy a vraiment existé et a emporté dans sa folie la vie de dizaines de jeunes femmes.
Cette série est constituée d’images d’archive, de témoignages de proches et d’hommes de loi qui ont entouré le serial killer.
Un programme qui risque de vous faire reconsidérer votre amour pour votre prochain…
Voir Conversations with a killer : The Ted Bundy Tapes sur Netflix
Vous avez désormais cinq séries à consommer sur plusieurs plateformes, pour vous aider à passer un week-end à vous rouler dans la déprime.
Avec un peu de chance, après cette bonne catharsis, vous serez ravie d’aller au travail lundi !
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