Koh-Lanta revient pour une seconde moitié de mandat ! Un programme qui a beaucoup promis mais hélas, il a fallu faire barrage et sortir un totem d’immunité. On se lance dans cette seconde partie dans un véritable espoir de réunification des Français devant leur écran, mais peu semblent y croire — surtout quand le présentateur se plante sur les sondages !
Un véritable jeu démocratique qui remonte même aux origines du bazar où, en Grèce antique, on pratiquait l’ostracisation en piochant des items colorés. Aujourd’hui, dans Koh-Lanta, la seconde partie de la réunification ; une sortie improbable ; une crucifixion mathématique ; des paresseux ; et un conseil foutraque.
(Promis, j’ai bu de l’eau.)
Nous en étions rendus à la joute orale printanière entre Colin « on est baisés » et Louana « je m’en fous ». C’est l’impasse — comme le souligne Denis, toujours aussi sagace. Il s’en ramène donc, les bras ballants, pour procéder à l’implacable tirage au sort.
Seulement voilà, Colin est écrasé par les probas, et sa colonne vertébrale en prend un coup. Hurler des jurons devant l’intégralité du pays voisin n’y fera rien, il tombe complètement dans la rhétorique de Louana qui fait le taf (fun fact : 150% des promesses qui ont valeur d’ultimatum ne sont pas à prendre en compte dans Koh-Lanta, et promptes à éveiller des soupçons dans la vraie vie).
Louana lui propose même de « mettre le nom [qu’il] veut » dans l’urne, ce à quoi un petit malin s’empressera de glisser un vote rouge dans un joli tour de prestidigitation.
And the loser is… (les mathématiques)
Les petits malins, ce sont aussi les monteurs : ils saisissent au vol l’occasion de créer un suspense, un peu comme quand un personnage important récolte la troisième place sur les poteaux (addendum : cela fait vraiment vraiment longtemps qu’un personnage réellement charismatique n’a pas émergé, d’ailleurs).
Bien sûr, intégrer Louana dans le teaser dans la semaine dernière était déjà un spoiler passif en soi… mais, sincèrement, qui oserait risquer sa place à 66% ? Pas grand-monde, les loulous.
D’ailleurs, grosse arnaque statistique de la part de Denis qui, je le pense (n’hésitez pas à me corriger en commentaires), a présenté les choses de manières biaisée. En comparant une chance sur deux et une chance sur trois, il a évoqué « un gap de 16% » — mais il oublie le « comportement » de l’autre boule ! On parle de 33% et 66% de chances de tomber sur le bon scénario, le gap est donc… de 33%.
Colin avait deux fois moins de chances, et c’est tout ; le contraire serait un poil malhonnête, et accusateur. Denis Brogniart, je crois en votre probité, mais sur ce coup vous proférez billevesées et coquecigrues.
C’est parti pour le rituel gênant où un candidat apprend de l’un de ses potes (ou d’un parfait inconnu) que son aventure se termine arbitrairement. J’ai, moi-même en tapant cette phrase, un souvenir de Coumba, et le petit frisson de gêne s’impose.
Alors Colin, qui va passer à la casserole ce soir ? Trois, deux, un…
C’est une fin de tournage pour Setha. Il y a plus de gens qui d’abord se tournent vers Colin (lequel va faire son petit cinéma dans la jungle — attention mec, tu es maintenant la cible alpha) puis vers Setha qui est légitimement dégoûtée.
Vous vous demanderez, et c’est bien normal : pourquoi Setha ? Eh bien, pourquoi la vie ? Pourquoi l’être, pourquoi le néant ? Personne n’a la réponse, ni moi, ni Saint Augustin, ni les parchemins de la Mer Morte et surtout pas Denis Brogniart et sa narration. Nul ne le sait.
La vérité toute nue est cruelle : Setha est une cible acceptable.
Le prévenu bredouille on ne sait quoi sur ses performances individuelles, dans un stade du jeu où ce système de valeurs est précisément inversé. La dernière chose qui mettait un peu de lol dans nos vies, le narratif du collier quantique, nous est retiré avec les espoirs de la graphiste gameuse. Au moins, comme l’art survit aux artistes, la construction sociale du collier est reléguée à Yannick. Donner aujourd’hui un bluff à quelqu’un, et demain, le monde !
C’est parti pour le conga de l’humiliation pour Colin, où tout le monde y va de son petit message passif-agressif — « Oui mais moi j’ai des valeurs, j’ai des enfants, et je n’aurais pas trahi », etc. Pas cool. Peu auraient fait mieux sous cette pression.
Un faux collier, deux vrais colliers, trois votes automatiques qui vont partir… cette fois, avec une logique individuelle, Yannick est une méga-cible.
Un paresseux sachant paresser sait paresser sans ciller
Ça promet d’être foutraque, mais avant, une autre bouteille trouvée dans une bouillasse de marée basse annonce une de mes épreuves individuelles préférées, tous formats confondus — le paresseux. Ou le koala, pour Denis.
Dans des temps immémoriaux, l’épreuve était faite pour emphaser le temps qui passe ; elle commençait même parfois de nuit, pour filmer le lever du jour (saison 4).
Mais en 2022, ces koalas sont des spécimens bien raides : personne n’utilise ses jambes, tout le monde use de la force de ses pieds pour tenir sur des cordes de plus en plus fines. Et l’épreuve démarre à cinquante centimètres du sol, car la production a regardé Survivor Game Changers.
C’est un festival de jambes en crabe, qui amène à un impressionnant duel entre Bastien (cordiste de profession, rappelons-le) et Louana, laquelle triomphe.
Et maintenant (Denis écarte symétriquement des rideaux invisibles) C’EST LE CONSEIL DE TOUS LES DANGERS — en tout cas, c’est certainement celui où il y a le plus de votes dans le mix…
Faites vos jeux, rien ne va plus
Ça ergote fort pour le conseil big bang. Les ex-jaunes sont en minorité numérique (« les couleurs ne comptent plus », mais c’est marrant, tout le monde garde ses chiffons de couleur) et nous avons une séquence rare : de la politique et de la stratégie.
Tout le monde vole dans les plumes de tout le monde en secret, dans une grande partie de poker menteur où seule une personne ne sait pas qu’elle est réellement en train de se faire plumer.
Comme tout est bon pour que les ex-rouges éjectent un ex-jaune, Yannick et Colin sont des cibles toutes trouvées.
Heureusement que Denis est là pour rappeler que Yannick a son handicap juste avant le vote, c’est un vrai bro. Le présentation doit donc se fader un grand total de DIX-SEPT [17] votes.
Ça se conclut sur un improbable 7-6-3-1 visant…
Colin devient le premier juré de cette saison, et c’est enfin une de mes rares bonnes prédictions qui se réalise. C’est un blindside : jamais il ne l’a vu venir, celui qui devait survivre au moins trois conseils selon les bons soins de Louana s’est fait avoir ! Elle n’a pas voté pour lui, et c’est sa justification. Colin a subi le piège du bullshit job.
Ils furent treize, et deux vont être éliminés la semaine prochaine. Je vais donc me fendre d’une ultime prévision pour les poteaux : mon choix se porterait sur Ambre (le choix le plus logique, pour l’équilibre des compétences et son « montage »), Yannick (juste pour camper mes positions) et Géraldine (qui a des alliances secrètes avec tout le monde, dont Alexia Laroche-Joubert si ça se trouve).
D’autres détails d’importance
- « Même avec deux boules noires, j’aurais tiré la boule » — oui, l’éliminé-dég des ambassadeurs sort souvent les plus grandes citations de la saison. Moi aussi, dans les grands moments de détresse, j’essaie de faire de l’humour.
- « Moi mes enfants, je leur inculque des valeurs » et gna gna gna gna. Le nom de famille de Nicolas est maintenant Gna gna gna. Nicolas Gna gna gna. C’est dit.
- JC : « Les couleurs ça a plus trop de sens selon moi ». Aussi JC, en votant : « Oui euuuuh désoooooo mais euhhhh tu es jaune et euuuuuh moins d’affinités écoutez ».
- Pauline et Yannick ont donc survécu à leurs histoires de bracelets, aucune malédiction n’a eu donc de réel effet après le premier épisode, sinon pour désigner Lili un peu arbitrairement. On aime quand les narratifs paient.
- C’était l’un des meilleurs épisodes de la saison et le TOTEM MODZI était en vacances. Hasard, coïncidence ???
Les Commentaires
Merci de me soutenir sur le côté sel quand les gens disent qu'ils ont des valeurs eux. Et que c'est pour leurs enfants.
Par contre je ne suis pas d'accord sur l'aspect meilleur épisode. J'ai ressenti des émotions (beaucoup de sel principalement) mais aussi beaucoup d'ennui.
Il faut militer pour que l'épisode de la réunification ne soit plus coupé en deux.
Et quand c'est le cas, qu'ils arrêtent de meubler et/ou étirer : c'est ennuyeux.
Enfin je me demande si les rouges qui font une promesse mais s'asseoient dessus au prétexte que "Collin n'a pas de valeurs donc on le vire" (et Nicolas qui a des valeurs car il a des enfants) croient réellement à cette droiture et ces valeurs qu'ils affichent.
D'habitude la prod met des appartés où ça dit "j'ai dit que j'avais des valeurs mouhaha la bonne blague !". Là soit la prod est pas cool pour qu'on rage sur twitter et que #kohlanta finisse en TT, soit les candidats reprochent un truc et puis font pareil.
Je veux regarder Kohlanta, pas le bal de l'hypocrisie.
En clair, je veux voir des gens en prendre d'autres pour des cons, mais qu'ils me mettent dans la confidence. Pas qu'ils me prennent pour une conne.