Votre entourage vous a déjà reproché d’être dans le déni concernant vos relations sentimentales et sexuelles ? Si vous avez un cœur d’artichaut optimiste, alors la tendance TikTok de la delulu girl (pour delusion qu’on pourrait traduire par délirante) est pour vous.
« En amour, il y en a toujours un qui souffre et l’autre qui s’ennuie », résumait Balzac.
Pour TikTok, les camps se diviseraient plutôt entre les personnes réalistes, et celles qui se bercent d’illusions dans une forme de déni optimiste. Pour ces dernières, une nouvelle expression désigne cet archétype peut être vieux comme le monde : delulu girl.
Ce surnom affectueux contracte le terme delusional en anglais, qu’on pourrait littéralement traduire par délirante. Quand certaines personnes se disent qu’un crush qui met plusieurs heures, voire jour, à répondre à un texto est un signe de désintérêt signifiant qu’on ferait mieux d’abandonner la mission, la delulu girl s’accroche et y lit plutôt un signe de personne particulièrement affairée, donc passionnée, et probablement passionnante. Sure, Jane…
Qu’est-ce qu’une delulu girl ou une personne delusionnal en amour ?
La delulu girl, c’est celle qui adore se faire des films, y compris les moins réalistes, et romantiser sa vie jusqu’à frôler l’érotomanie, résume le média i-D. Un peu comme le personnage de Carrie Bradshaw dans Sex And The Cityqui met plusieurs saisons à comprendre que son crush Big est un red-flag ambulant, et non le prince charmant. Si le hashtag #delulu compte 1,3 milliard de vues sur TiKTok, c’est peut-être aussi parce qu’on a besoin d’une bonne grosse dose de déni en matière romantique pour continuer de croire en l’amour en ces temps de crises sanitaires, environnementales, économiques et sociales.
Cela s’approche d’ailleurs du concept de limerence en psychologie (qui n’est pas une pathologie) : « état d’esprit involontaire d’un individu très amoureux, qui se caractérise par un puissant désir de réciprocité des sentiments, impliquant des pensées intrusives, obsessionnelles et compulsives », d’après le Wiktionnaire. Ce dernier cite la psychologue américaine Dorothy Tennov comme l’inventrice de cette notion dans son livre Love and Limerence: The Experience of Being in Love paru en 1979. Celle-ci n’avait sûrement pas lu Stendhal et son concept de cristallisation développé dans De l’amour en 1822… Tellement delulu.
Les terrains de rencontres amoureuses et sexuelles sont-ils de plus en plus minés ?
Alors que les anglicismes se multiplient pour désigner des pratiques et comportements plus ou moins violents en matière de dating (ghosting, breadcrumbing, orbiting, pocketing, cookie jarring… On ne sait plus quoi inventer pour désigner ce qui tient surtout de négligence et de maltraitance), peut-être qu’on peut aussi envisager que le terrain de la rencontre s’avère plus que miné aujourd’hui. Considérer d’arrêter les frais plutôt que de cultiver le déni. Histoire de prendre le temps de se demander si et pourquoi on est vraiment prêt·e·s à Désirer à tout prix, comme l’interroge Tal Madesta dans son essai autour des injonctions au couple et la course à la sexualité active qui serait forcément émancipatrice (spoiler : nope).
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
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