Comment perdre d’avance à Koh-Lanta ? Être une femme, être le plus âgé ou, Saint Totem vous en préserve, être les deux. Le taux de survie des doyennes de tribus dans un pilote de Koh-Lanta est quasiment nul, et cette édition TOTEM MODZI ne fait pas exception.
Ce 22 février au soir : deux perdantes, deux sorties prévisibles… et, on va le décortiquer ensemble, un peu inévitables, vu le design du jeu.
Koh-Lanta : Le Totem Maudit, c’est partiiii
C’est bon de vous retrouver. Un peu prématuré sans doute, avec ce rythme biannuel à l’américaine, mais il faut savoir que cette 28è saison (sans compter les annulées) a été tournée à cheval sur la diffusion de la précédente !
Quel plaisir d’enfin abandonner la Ligue Légendaire Deliveroo qui, on l’espère, permettra à ALP (la boîte de production derrière Koh-Lanta) de se remettre en question sur certaines choses…
Pour l’heure, le maître de cérémonie Denis nous accueille aux Philippines, dans l’archipel de Palawan et ses, verbatim, « myriades d’îlots karstiques ». Un lieu de tournage déjà choisi par l’émission en 2008, et par les nombreuses déclinaisons autour du monde — tant et si bien que je dois sincèrement avoir plus de vocabulaire philippin qu’italien ou espagnol.
On souhaite un bon courage (et une bonne chance) aux 24 nouveaux candidats et candidates qui tentent l’aventure. Les réseaux sociaux ne seront pas tendres avec vous ; même ces récaps, une mise en épingle d’une version montée des pires moments de vous-même, ne seront pas toujours des plus agréables à lire. J’essaie de toujours garder ça en tête, et de me montrer juste.
Alors bienvenue, et bonne chance.
24 personnes pour 39 jours, cela signifie une quinzaine d’épisodes minimum, mais aussi une plâtrée de prétextes à trouver pour virer deux personnes à la fois. Attendez-vous à une extravaganza d’éliminations-surprises et de doubles votes !
Pour deviner la suite, vous savez quoi faire : détectez les candidats sans « histoire », sans scénario, sans développement. Les invisibles sont ceux qui sortiront en dehors d’un vote, gardez ça en tête.
Debout les damnés du totem
Tandis que notre nouvelle batterie d’aventuriers converse en bonne intelligence, Denis arrive comme une fleur sur son bateau et nous expose le pitch de la saison. Le totem d’immunité a maintenant un frère jumeau maléfique, comme dans le jeu Crash Bandicoot. C’est le TOTEM MODZI, et malheur à ceux qui s’exposent à ses méfaits.
Le TOTEM MODZI t’insulte et boit dans ton Yop, c’est pourquoi il ne faut jamais arriver dernier à aucune épreuve, sous peine d’être la marionnette de la production. On adore.
Pas de passage en revue du casting, sinon ce récap ne verra pas le jour durant l’ère glaciaire actuelle — on fera ça la semaine prochaine, promis.
Ce premier épisode a réussi à caler 24 mini-portraits, tous très courts et particulièrement caricaturaux : tout le monde est réduit à un trait de caractère unique. Cette année, c’est Team LinkedIn contre Team Gros Bras contre Team Les Autres, grosse ambiance Divergente.
Une piste de casting qui peut marcher si elle est bien exploitée — les versions internationales ont tendance à prouver que les saisons à trois tribus marchent encore mieux si elles ont toutes une identité forte et, pour aider le spectateur, un code couleur vestimentaire. Hélas, Koh-Lanta ne répartit pas ses équipes au préalable… C’est dommage, c’est aussi une manière de prédire de bonnes séquences, en sachant très bien qui va interagir avec qui !
Dès les premières minutes, les monteurs et moi-même avons un favori en commun. Stéphanie est drôle, c’est une excellente narratrice (qualité rarissime dans Koh-Lanta, alors que ça devrait être un critère de sélection alpha) et elle fait du poker à dix heures du matin, signe d’un mode de vie transcendantal.
Pour éviter les malédictions implacables, il faut gagner. Et ne surtout pas perdre. L’important, c’est de gagner, et il ne faut pas perdre. Important : gagner. Mal : perdre.
On a compris Denis, merci.
Première épreuve, première malédiction du TOTEM MODZI
Les 24 candidats et candidates sont soumis à la même épreuve — sauter dans l’eau, faire un truc sur la plage et résoudre un puzzle, la structure optimale pour que chacun puisse avoir sa chance (et ne pas perdre, car il faut : gagner).
Alexandra et Jean-Philippe sont les premiers à résoudre leur puzzle en sept pièces. Une heure et quinze minutes (!) plus tard, Lili et Yannick sont les premiers totemodzisés : ils prennent un vote automatique par conseil jusqu’à la réunification.
Sauf que Lili a plus de 40 ans, et c’est une femme. Dans Koh-Lanta, c’est souvent une condamnation à mort pour une personne qui n’est pas médaillée olympique. Mais nous y reviendrons.
Déjà des équipes, et déjà du drama dans Koh-Lanta
Les deux gagnants sont sommés de composer leurs équipes (ils s’y attendaient s’ils ont regardé les quinze dernières saisons de l’émission). Mais ils ont un avantage stratégique, choisir un troisième capitaine, et une bonne idée émerge : cibler quelqu’un qui n’a pas le profil, pour constituer une mauvaise équipe !
Les deux capitaines se mettent d’accord sur Céline, infirmière, qui peine à cacher son dépit — « Fallait pas faire ça », souffle-t-elle. Denis cherche des noises et demande de justifier le choix, Jean-Philippe essaye de monter un storytelling positif, mais Alexandra s’esclaffe puis raconte tout ouvertement.
Wow. Comme votre serviteur au troisième verre, Alexandra dit compulsivement tout ce qu’elle pense. Il faut absolument lui demander où est caché Dupont De Ligonnès ! De son côté, Denis outrepasse ce que j’estime être ses fonctions en demandant tout haut d’expliquer un raisonnement stratégique. Ça, c’est hors-limites et contre-productif.
Les équipes sont donc :
- Les Nacpan en bleu avec Alexandra, Benjamin, Colin, Fouzi, Géraldine, Maxime, Olga et Samira.
- Les Ilog en vert avec Ambre, Franck, François, Jean-Philippe, Lili, Louana, Nicolas et Pauline
- Les Turung en mauve avec Anne-Sophie, Bastien, Céline, Jean-Charles, Mattéo, Setha, Stéphanie et Yannick.
Ainsi commence l’aventure, avec ses rituels : la recherche puis la découverte de l’eau, la confusion du manioc-de-la-production avec des racines urticantes, puis la première épreuve d’immunité, un Grand Classique Légendaire de Koh-Lanta.
Faute de petits jeux de kermesse, on passe aux activités de G.O. du Club Med : il faut ramper collectivement pour étendre des élastiques et choper des témoins. Mais surtout ! (Mode bras-roues motrices enclenché) Il faudra gagner ! Et surtout pas perdre !
Les bleus triomphent et les verts se plantent. La sentence est irrévocable, la malédiction du TOTEM MODZI s’abat : le conseil (geste parfaitement symétrique des deux index vers le bas) c’est maintenant.
Les femmes dans Koh-Lanta : maudites par les nouvelles règles, maudites par le jeu
Deux analyses s’imposent.
Cette histoire de TOTEM MODZI confirme que Koh-Lanta peut faire n’importe quoi, n’importe quand avec ses candidats, grâce à une liste de twists non-annoncés à l’avance. On est plus très loin de Secret Story qui manipulait H24 ses ouailles avec de faux choix, et l’arbitraire ou la suspicion d’arbitraire va rentrer en jeu…
L’objectif n’est pas d’être juste mais d’être un bon produit de télévision, j’entends. Mais la saison dernière s’enfonçait à force de n’être ni l’un ni l’autre. Il serait bon d’en tirer les leçons.
Anyway, revenons à nos moutons : maudite par son bracelet, maudite par le totem, et n’ayant pas la courtoisie d’avoir performé lors de la précédente épreuve… c’est beaucoup trop de signaux pour la pauvre Lili qui se mange un vote unanime, sans concertation.
Une cible facile, une moins bonne performance physique, n’importe quelle excuse est la bonne, et c’est un peu facile de cibler la femme la plus âgée dans un casting toujours rempli de sportifs. On peut aussi être une personne forte en étant, par exemple, un papa courage ou une mère de famille, en surmontant une dépression, en réussissant au taf ou, que sais-je, en faisant partie du personnel soignant pendant une pandémie ! Les Ilog n’ont clairement pas applaudi à vingt heures.
Désolé Lili, fallait pas perdre au puzzle de bienvenue. Au moins, elle peut refiler le bracelet à qui elle veut. Les autres auraient pu en faire un élément stratégique, ils vont devoir composer avec…
Lili n’aura même pas eu le temps de voir le véritable conseil (et sa direction artistique toujours inexistante, ouin) pendant les Turung se font la nique pour ne pas être la première victime de la tribu. Ça tombe sur Céline qui, malgré une tentative de bluff au collier, n’échappe pas au siège éjectable sur lequel elle était depuis le début de l’épisode, maraboutée par Alexandra et Jean-Philippe.
« Koh-Lanta c’est pas du poker », dit-elle, penaude. Ce à quoi Stéphanie, la fausse piste du soir, répond posément : « Ben si, et toi-même ».
Et en attendant la semaine prochaine…
- Je vous donne mon astuce pour prédire l’avenir dès les cinq premières minutes de la saison. Dans le générique, trois personnes n’ont pas de « plan épreuve » : difficile d’avoir un shot potable quand tu n’es pas assez longtemps sur la pellicule…
- La citation de la semaine est de Fouzi : « J’adore la personnalité d’Alexandra, assez stalinienne, très autoritaire et stricte ». Ça place ses billes pour le futur empire russe oklm.
- Je vous l’avais dit, ils ne peuvent pas s’en empêcher.
- Et n’oubliez pas, l’important c’est ? De ne pas perdre, voilà. À mercredi prochain !
Koh-Lanta est en replay sur TF1
Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.
Les Commentaires
Mais tellement !
"Je suis un battant, rien ne m'arrêtera."
"Convaincre les gens ? C'est mon quotidien et je compte bien m'en servir dans Koh-Lanta pour arriver à mes fins."
"On dit de moi que j'ai du caractère et c'est bien vrai. La personne qui aura le dessus sur moi n'est pas encore née !"
"Quand je veux quelque chose, je l'obtiens toujours. Et là, je veux gagner Koh-Lanta alors je gagnerai."
"Vous ne me connaissez pas encore vous allez très vite me connaitre, surtout que j'ai bien l'intention de rester jusqu'au bout."
"Je rêve de Koh-Lanta depuis 15 ans et aujourd'hui, ce rêve de vient réalité. Je suis donc plus que prêt alors préparez-vous à être étonné !"
"Je suis un grand séducteur, les gens je les mets dans ma poche en un claquement de doigts. Mon problème ne sera donc pas d'être éliminé mais de choisir entre tous ceux qui me voudront à leurs côtés."
"Je fais des arts martiaux depuis 20 ans. La maitrise physique et mentale est donc ma plus grande force. Ni la fatigue ni la faim n'auront d'emprise sur moi."
Une fois sur Koh-Lanta : ouiiiin.