Daronne est la reine des conseils pas si cons enrobés d’une louche d’humour plus ou moins subtil. La voici de retour pour voler au secours d’une lectrice !
La question pour la Daronne
Chère Daronne,
Les polémiques récentes sur l’allaitement me font sentir comme un gros caca. J’ai essayé d’allaiter mon premier, ça m’a fait mal, il voulait téter non-stop, j’ai prétendu que c’était trop compliqué et que je n’avais pas assez de lait, mais la vérité, c’est que j’ai détesté ça. Pour mon deuxième, je n’ai même pas essayé.
Évidemment, ils m’ont bien foutu la honte à l’hôpital, mais j’ai tenu bon même si je me suis sentie comme une grosse nulle. Hormones bonjour. Je pensais que le doss était enterré, mais avec toutes ces polémiques (légitimes, hein, je ne dis pas.) et les armées de pro-allaitement qui sortent du bois, bah même si je soutiens totalement leur cause, ça me fait me sentir comme une mère en mousse.
Help !
Elisa
La réponse de la Daronne
Ma petite gourde de grenadine,
Je suis navrée que tu te sentes ainsi. Et je maudis ceux qui te font des réflexions. Qui sont d’ailleurs les mêmes qui font des réflexions aux mères allaitantes. Car mon petit doigt me dit que sous couvert de conseils et de réflexions idéologiques, ces gens ont surtout envie de se défouler et de déverser leur aigreur existentielle et qu’il n’y a pas meilleure cible qu’une jeune mère désireuse de faire au mieux, coupable par défaut.
Car ainsi va la vie : la maternité est systématiquement livrée avec l’option « culpabilité » et ça, les gros cons l’ont bien compris et en profitent à mort.
En tant que mère, tu as toujours tort
Il est important que tu le saches : en tant que mère, que femme même, tu feras toujours mal. Que tu donnes le biberon, ou que tu allaites. Tu seras toujours jugée par un pan de la société qui a une opinion (uniquement basée sur des perceptions personnelles, comme toute bonne théorie scientifique sérieuse, n’est-ce pas ?), et qui considère que ça lui donne le droit d’ouvrir son gros clapet.
Tu seras aussi jugée par tes sœurs qui à force d’injonctions contradictoires et de standards impossibles à atteindre, sont devenues complètement zinzins, au point de s’acharner contre les copines.
Il suffit de voir les discussions qui ont découlé de ces différentes polémiques : les allaitantes ont l’impression de vivre dans un monde qui leur fout la honte (à raison), les biberonneuses ressentent une pression énorme à allaiter (avérée). Finalement, personne n’est content. C’est cool. Mais tu sais quoi, dans ce monde où tout le monde perd quoi qu’il arrive, j’ai envie de te dire que foutu pour foutu autant faire le choix avec lequel on se sent bien.
Le biberon ou le sein : un choix personnel
La vérité, c’est que si tu prends un troupeau de petits humains, tu ne peux pas discerner les enfants allaités de ceux qui ne l’ont pas été… Si les études tendent à prouver que, il ne s’agit que de chiffres, de moyennes et de statistiques. Elles mêmes influencées par de nombreux facteurs environnementaux, où, quand, quelle eau, quelles conditions, l’œuf, la poule, tout ça, tout ça.
Comme j’adore l’empirique et qu’il semblerait qu’il soit aujourd’hui totalement admis d’illustrer des théories générales avec sa propre expérience, je vais plutôt te donner un exemple : Mes enfants ont été allaités longtemps. Suffisamment longtemps pour qu’on me fasse souvent remarquer que c’était très très chelou. (Décidément, ils ne peuvent pas nous laisser tranquilles deux secondes nous les mères).
Eh bien, petits, mes gamins étaient TOUT LE TEMPS MALADES, un enfer. Si tu savais le nombre de nuits que j’ai passé pliée en deux sur une chaise pendant que ces messieurs dames cuvaient leur bronchiolite dans leur lit d’hôpital…
À contrario, leurs deux meilleurs copains qui n’ont pas été allaités ne chopaient JAMAIS rien ! C’est injuste. Alors que les mecs allaient à la crèche et à l’école… Coïncidence ? Je pense bien que oui, car la vérité, c’est que quand les conditions d’hygiène sont bonnes et que l’enfant accède à tout ce dont il a besoin, biberon ou nichon, ça ne change rien. Oui, j’ai basé cette conclusion sur mon expérience personnelle, qu’est-ce-que tu vas faire ?
Le bien-être des mères, ce truc important
Parfois la question ce n’est pas de savoir ce qui est le meilleur pour le bébé, mais pour la daronne. Pas toujours, mais parfois.
Dans le cas de l’allaitement, les différences à long terme entre ceux qui ont consommé du LM et ceux qui ont consommés du LA sont minimes, voire très probablement inexistantes.
Et la personne la plus impactée moralement et physiquement par le mode d’alimentation du petit bourriquot, en fait, c’est avant tout la daronne (et le daron, enfin en théorie, tu vois ce que je veux dire). Il me semble évident que ce qui prime, c’est donc son choix à elle, sans hésitation aucune ni culpabilité.
Alors biberon, allaitement, LM, LA, l’important c’est de choisir ce qui nous convient, et de res-pec-ter le choix des voisines. Hein. Suivez mon regard. Acceptez-vous les un.es les autres, bordel.
Il est temps de prendre un peu de recul sur ces questions
C’est vrai qu’on parle beaucoup du sujet de l’allaitement récemment. L’alimentation de l’enfant est une question centrale après tout, puisque quand on ne le nourrit pas, il meurt.
Mais la faute (entre autre) aux algorithmes des RS, et à nos sphères où l’on aborde souvent exclusivement les mêmes sujets, on peut rapidement avoir l’impression que le monde entier ne parle QUE de ça. Cet effet loupe vient renforcer des injonctions et une pression déjà énorme face à des sujets sur lesquels on a l’impression de jouer notre vie, mais qui s’avèreront presque anecdotiques à long terme.
Car en vrai, la période du lait, biberon ou sein, ne dure que quelques mois ou au maximum quelques années. Très bientôt ces débats qui nous animent et nous divisent (pourquoi, on est débiles ou quoi ?) nous paraitrons bien loin. Notre jeunesse nous paraîtra bien loin. Elle sera bien loin. Car nous serons tous mort. VOILA. ALLEZ SALUT.
Je te laisse, j’ai rendez-vous chez le notaire pour rédiger mon testament.
La bisette
Ta daronne
Crédit photo image de une : Anastasiia Stiahailo
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Les Commentaires
J'espère juste que tu resteras pas avec des regrets. T'as fait comme t'as pu, avec le contexte que tu avais (forte pression de l'entourage et du personnel médical) et tu t'en ai super bien sortie. Heureusement, à leur âge il y a plus personne qui t'imposera de les allaiter.