Quand j’étais enfant, j’aimais l’école — et j’aimais à peu près tout : les enseignements, les récrés, les devoirs à la maison… Je suis allée jusqu’à obliger mon pauvre petit frère à faire du travail imaginaire pour faire durer le plaisir (très sympa, la sœur qui ne respecte pas « l’interdiction » des devoirs à la maison).
Que disent les scientifiques sur ce fameux sujet des devoirs à la maison ? Quelles sont les hypothèses et suggestions des chercheur•ses ? Et vous, qu’en pensez-vous ?
Les devoirs peuvent être utiles, mais sous des tas de conditions
Harris Cooper, chercheur en neurosciences, a recoupé les résultats de 60 recherches menées sur les devoirs entre 1987 et 2003. Selon ses analyses, ils pourraient avoir un impact positif sur la réussite académique des élèves (c’est-à-dire sur leurs notes et sur leur réussite à des tests), mais sous deux conditions :
- la corrélation positive entre les devoirs à la maison et la réussite scolaire serait surtout observable dans les classes supérieures (après l’école primaire),
- il faudrait avoir une quantité « juste » de devoirs — en avoir trop serait contre-productif.
Le chercheur suggère par ailleurs que les devoirs pourraient également aider les élèves à acquérir des habitudes d’apprentissage, de l’auto-discipline, de l’autonomie pour résoudre des problèmes, etc.
Mais, d’un autre coté, Harris Cooper pointe la fatigue physique et émotionnelle apportée par les devoirs
, la perception négative du travail à la maison si celui-ci limite le temps de loisir…
Les devoirs, la motivation… Et le sentiment d’auto-efficacité
En interrogeant des élèves, des chercheur•ses (Xu et Corno, 1998 ; Black, 1996) se sont aperçu•es que ceux-ci jugeaient les devoirs comme une étape importante du processus d’apprentissage — mais cette étape peut devenir une source de stress, de désengagement et de démotivation si les devoirs sont jugés disproportionnés, inadaptés, inutiles, ou s’ils limitent trop fortement le temps de loisir quotidien.
D’autres auteur•es soulignent l’importance du « sentiment d’auto-efficacité » (c’est-à-dire, selon la définition d’Albert Bandura, de la perception que l’on fait de notre propre compétence) : ce sentiment pourrait jouer un rôle non négligeable dans les pratiques liées aux devoirs — et, ensuite, dans la réussite scolaire.
Si l’on considère que les devoirs ont une corrélation positive avec la réussite scolaire, on pourrait penser que plus on se sent capable, plus on accorde de temps et d’attention aux devoirs, et mieux l’on réussit… Dans ce cas, est-ce ce travail ou le sentiment d’être « capable de » qui a une influence sur notre réussite ?
Pour Harris Cooper, le débat lié aux devoirs est loin d’être scientifiquement tranché et, pour le chercheur, le travail à la maison devrait prendre en compte les individualités de chacun•e. On pourrait difficilement attendre la même chose de chaque élève : leurs performances pourraient aussi être liées à leur niveau propre de développement, à leur vie personnelle, au milieu dans lequel ils évoluent…
Pour aller plus loin
- Sur le travail d’Harris Cooper
- Un article de Kristen Weir pour l’APA
- Un article de la Revue des Sciences de l’Éducation
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