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Cinéma

Parasite est le grand gagnant des Oscars 2020 !

Parasite, le dernier film de Bong Joon-Ho (Okja, Le Transperceneige), a remporté 4 Oscars. Voilà pourquoi tu devrais le voir sans plus tarder.

Mise à jour du 10 février 2020 — 

Après avoir été sacré à Cannes en 2019, Parasite continue son ascension fulgurante, jusqu’à même entrer dans l’Histoire…

Parasite, sacré 4 fois aux Oscars

La 92ème cérémonie des Oscars s’est tenue lundi 9 février à Los Angeles, et a été largement dominée par Parasite.

Le film de Bong Joon-Ho a remporté pas moins de 4 Oscars : Meilleur film, Meilleur réalisateur, Meilleur film en langue étrangère, et Meilleur scénario original. 

Il est le premier en langue étrangère de l’histoire à remporter l’Oscar du Meilleur film.

Un succès qui ne m’étonne que peu, puisque ce drame social faisait figure de grand favori, avec 1917 de Sam Mendes.

Pour en savoir plus sur Parasite, je t’invite, douce lectrice, à lire la suite de cet article, publié le 20 juin 2019.

Article initialement publié le 20 juin 2019 — 

Dans beaucoup d’esprits, la Palme d’Or c’est forcément un film d’auteur ronflant qui dure 4h25. Et… ça s’est vérifié pendant quelques années !

Pourtant, si je tire un bref bilan des derniers longs-métrages palmés, cette thèse est facilement démontable.

Toutes les Palmes d’Or ne sont pas des films chiants

En 2017, par exemple, c’est The Square, l’un des films les plus cyniques et drôles de l’année, qui avait été sacré. 

Deux ans plus tard, Cannes a grondé sous les tonnerres du nouveau lauréat Bong Joon-Ho, maître tout puissant du suspense et qui l’eut cru, de l’humour, qui a décroché la Palme d’Or pour Parasite !

Alors je défie quiconque de renouveler ses médisances sur la supposée ronflance des œuvres qui séduisent la Croisette.

Parasite, de quoi ça parle ?

Ki-taek vit avec toute sa famille dans une maison insalubre de Séoul et survit grâce à des petits boulots très mal payés.

Lorsqu’il décroche un job de professeur d’anglais pour la riche famille Park, il met en place une arnaque avec sa mère, son père et sa sœur pour remplacer tous les employés et devenir, en somme, calife à la place du calife.

Mais une fois le doigt mis dans l’engrenage du mensonge et le palais éduqué au luxe, plus moyen de faire machine arrière…

Parasite est un film HILARANT

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Dans la grande salle du cinéma George V ce week-end, les spectateurs ont ri de bon cœur entre deux sursauts.

C’est là le premier atout de Parasite : son esprit. 

Bong Joon-Ho joue du sarcasme pour construire ses personnages et surtout étoffer son récit pour qu’il gratte, qu’il irrite. Eh ouais, Parasite, ça fait rire… parfois jaune.

Ça n’est ni politiquement ni moralement correct, et c’est ça qui est jouissif.

Les démunis de l’histoire sont par exemple prêts à tout pour goûter au luxe des Park : conduire au licenciement des employés, mentir, menacer.

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Sauf que de fraudeurs sans morale, ces personnages repassent vite à victimes d’un système qui délaisse les nécessiteux.

En tant que spectatrice, j’ai vite cherché à excuser leurs magouilles, car la fin justifie les moyens.

Bong Joon-Ho est suffisamment bon storyteller pour que dès les premières secondes le récit saisisse et qu’il soit impossible d’en sortir, notamment parce qu’il est grinçant à souhait.

Parasite, ça happe, ça aspire et ça emprisonne.

J’ai été capturée par l’intrigue autant que par la créature aquatique de The Host, quatrième film de Bong Joon-Ho.

De la même manière, mais sans avoir recours au fantastique, Bong Joon-Ho met le doigt sur les dysfonctionnements d’une société qu’il connaît bien, et la critique avec cynisme.

En fait, Parasite, c’est une satyre drôlissime de la lutte des classes.

Parasite revisite le film de maison avec brio

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La baraque des Park est le lieu central de l’intrigue, et c’est autour d’elle que tout se joue.

C’est pour elle que les personnages s’affrontent et se mentent, c’est en son sein qu’ils se cachent, et c’est d’en sortir qui effraie tout le monde.

La maison représente le luxe, la sécurité, l’opulence auxquels les héros n’ont jamais eu droit.

Mais cette demeure cache un immense secret. C’est lui d’ailleurs qui menace la pérennité de l’arnaque de la famille de Ki-taek.

S’il venait à être dévoilé, ce serait retour à la case départ pour les joueurs…

La baraque est donc à la fois un élément de sécurité et de danger pour chacun des personnages du film.

Bong Joon-Ho donne sa propre définition de la fiction de maison, et c’est la meilleure que j’ai vue depuis The Haunting of Hill House, série sortie l’année dernière sur Netflix.

Parasite se fait fin analyste des disparités sud-coréennes

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Déjà dans Snowpiercer, le Transperceneige, excellent film de science-fiction sorti en 2013, le cinéaste filmait deux mondes distincts : celui des riches, celui des pauvres.

Rien de très nouveau, mais transposer ces grandes disparités sociales de la ville à un train, ça c’était une idée innovante. Une idée mise en place par Jacques Lob et Jean-Marc Rochette dans la bande-dessinée dont le film s’inspire.

Le pitch ?

Les derniers survivants d’un monde post-apo ont pris place à bord du Snowpiercer, un train gigantesque condamné à tourner autour de la Terre sans jamais s’arrêter.

Dans ce microcosme futuriste de métal fendant la glace s’est recréée une hiérarchie des classes contre laquelle une poignée d’hommes, entraînés par l’un d’eux, tente de lutter.

En gros, l’objectif des pauvres qui bouffent des cafards tout au fond du train, c’est de progresser à l’avant, chez les riches qui vivent le petit doigt en l’air, et renverser leur pouvoir.

Ce train, c’est la métaphore de la pyramide sociale. Et dans Parasite, on retrouve sensiblement la même. 

Les pauvres qui vivent en sous-sol comme des rats, des PARASITES, tendent à grimper les échelons jusqu’à vivre dans une maison haute de plafond, avec d’immenses fenêtres qui ouvrent sur une nature verdoyante.

Les petits espaces se transforment en grands volumes, la sensation d’écrasement se substitue à celle de légèreté etc. Bref, la maison incarne tous les plus gros désirs des arnaqueurs.

Mais à la différence de Snowpiercer, le putsch, le moyen d’accéder à leurs désirs, se fait ici par la ruse et le langage, non par la violence.

Parasite passe de la comédie à la tragédie

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Parasite fait marrer, et c’était mon premier argument en faveur du film.

Mais au fur et à mesure que la fiction progresse, elle s’enfonce dans la tragédie.

Le rythme frénétique des rebondissements précipite les spectateurs dans une zone de turbulences. Et la salle de cinéma est sens dessus dessous.

Parasite, c’est une vraie expérience, qui se rapproche pas mal de Mademoiselle, le dernier Park Chan-wook.

Lui aussi jouait avec les faux-semblants pour semer le trouble dans l’esprit des spectateurs.

Les deux films ont aussi pour point commun un casting exceptionnel.

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J’aimerais d’ailleurs, avant de clôturer cette critique, saluer la performance magistrale de chacun des acteurs, de Song Kang-Ho, comédien fétiche du cinéaste, à Cho Yeo-jeong, superbe révélation.

Parasite, un film engagé ?

Parasite n’est pas un film optimisme, pas plus qu’il n’est foncièrement l’inverse, mais fait dans le compromis.

Bong Joon-Ho cogne sans retenue sur tous, les seigneurs comme les petites gens, bien que son cœur appartienne à la seconde catégorie.

Il rappelle que sans un minimum d’effort d’un côté comme de l’autre, aucun vivre ensemble n’est possible.

Alors comment faire bouger les lignes ? Et si c’était par le cinéma ?

À lire aussi : Voici où trouver des memes par et pour les meufs !


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Les Commentaires

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Avatar de Saoirse
11 février 2020 à 08h02
Saoirse
Il serait temps d'arrêter de considérer les Oscars et Hollywood comme le centre du monde au niveau du cinéma... Je suis heureuse pour l'équipe du film mais hélas Parasite c'est un peu le sommet de l'iceberg qui cache de nombreuses autres perles inconnue hors des cercles cinéphiles(rien que ses films Memories of Murder et Mother), les autres cinéastes sud coréens, mais aussi japonais, hong kongais etc... Espérons que ça permette à certains de s'aventurer un peu plus hors des sentiers battus.

Je terminerai par cette citation de Bong Joon Ho lui-même :
«Quand vous aurez surmonté la barrière des deux centimètres de sous-titres, vous découvrirez des films étonnants».
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