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Cinéma

Snowpiercer, la critique (semi) dessinée

Mymy et Cy. sont allées voir Snowpiercer, et elles vous en font une critique à quatre mains entre écrit et dessin !

— Texte de Mymy et dessins par Cy. ! Critique garantie sans spoiler.

Actuellement en salles, Snowpiercer, adaptation ciné de la BD française Le Transperceneige, sortie dans les années 80-90, me faisait bien fort de l’oeil. Et comme Cy. aime bien l’univers BD, les réalisateurs sud-coréens et le cinéma en général, je l’y ai traînée avec moi dans la jungle parisienne.

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Pas dure à convaincre.

Du Transperceneige à Snowpiercer

Le Transperceneige est une BD absolument géniale à l’histoire compliquée. Prévue pour le dessinateur Alexis qui n’a pu réaliser que quelques planches avant de mourir en 1977, la BD a connu un second souffle sous la plume de Jean-Marc Rochette, puis un troisième avec Benjamin Legrand, qui l’a terminée en 2000.

Le synopsis est simple : environ vingt ans après une erreur humaine ayant déclenché une nouvelle ère glaciaire, les dernier-e-s survivant-e-s de l’humanité vivent dans un train fonçant à toute allure autour du monde, sans jamais s’arrêter. Mais ce n’est pas un univers d’équité : à l’avant, les passagers de première classe vivent dans le luxe et le confort, tandis que les resquilleurs sont parqués à l’arrière, entassés sur des couchettes insalubres. Un passager de la queue décide de se frayer un chemin jusqu’à la locomotive pour en prendre le contrôle et mettre fin à ces inégalités.

Ce contexte atypique ainsi qu’une histoire originale ont donné au Transperceneige une certaine aura qui peut expliquer son adaptation cinématographique haut de gamme : Boon Joon-ho, réalisateur sud-coréen connu pour l’excellent The Host, Chris « Captain America » Evans dans le rôle-titre et une brochette de noms prestigieux pour les personnage secondaires (Tilda Swinton, Jamie « Billy Elliott » Bell, le talentueux acteur sud-coréen Song Kang-ho…).

Et si j’étais heureuse de voir une BD française qui m’avait tant frappée avoir droit à une adaptation de luxe, la cerise sur le gâteau fut Boon Joon-ho en charge de la réalisation : ça me permettait d’espérer un film plus atypique qu’un blockbuster américain sur fond de lutte des classes (oui, je pense à toi, Time Out).

Snowpiercer et le timing compliqué

Snowpiercer est un énorme succès en Corée du Sud avec plus de 2 millions de spectateurs pour sa première semaine. Mais en France, il n’a engrangé que 270 000 entrées dans le même laps de temps, ce qui est correct mais pas dingue. La raison ? Facile…

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Eh oui : face à Gravity mais aussi à Thor : Le Monde des TénèbresSnowpiercer et son univers étrange ont eu du mal à s’imposer, même si le film est loin d’être un flop. Une BD pas aussi culte qu’un comics, des acteurs prestigieux mais qui n’ont pas tous la confiance du public (j’avoue que Chris Evans ne m’avait pas rassurée au début), un bouche-à-oreilles de malade pour Gravity… bref, pas les meilleures conditions de sortie.

Raison de plus pour foncer le voir en salles les madZ, c’est un ordre ! 

Snowpiercer, une grosse production pas comme les autres

Je parlais plus haut du fait que le nom de Boon Joon-ho m’avait donné de l’espoir : non, Snowpiercer n’est pas vraiment un film à gros budget avec un scénario ultra-prévisible et des rôles prémâchés.

Le thème, très souvent traité, de la critique sociale et des inégalités est ici abordé de façon intéressante grâce au train, personnage à part entière, que l’on découvre au fil des wagons aux côtés de Curtis, le héros. Un miracle de technologie construit par le mystérieux et vénéré Wilford, moqué en son temps pour ce projet fou pour milliardaires, mais sauveur, malgré tout, de l’humanité.

Voiture après voiture, on découvre les divers outils du pouvoir en place, mais aussi quelques explications sur la façon dont le train arrive à faire le tour du monde malgré l’ère glaciaire, les inventions qui permettent de générer du chauffage, de la nourriture…

Même si le coeur du film est la révolte menée par Curtis et son avancée dans le train, Boon Joon-ho prend le temps de jouer avec le rythme des scènes pour mieux nous immerger dans cette humanité quasiment condamnée et sa drôle de psychologie collective. On peut finir une scène d’action en quatre minutes et en passer dix à contempler par les fenêtres la nature gelée, une ville engloutie par les glaces, et à comprendre la détresse des personnages face à ce monde disparu.

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Les décors extérieurs comme intérieurs sont d’ailleurs magnifiques, on sent une belle inspiration graphique venue de la BD, transcendée par l’oeil de Boon Joon-ho et la photographie du film. La misère de l’arrière du train, les salles des machines froides et automatisées, le luxe opulent des wagons première classe permettent de créer diverses ambiances toutes plus superbes les unes que les autres.

Certaines scènes sont très dures ; la violence physique semble plus réelle que dans beaucoup de blockbusters (où les personnages n’ont qu’une virile écorchure à l’arcade après avoir échappé de justesse à une explosion), plus crue, plus mesquine aussi. Et rappelons-le, Cy. a tendance à avoir BEAUCOUP d’empathie… et pour le coup moi aussi !

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Si certains rôles manquent un peu de profondeur (il faut dire qu’il y a beaucoup de personnages), il faut noter que les « gentils » et les « méchants » ne sont pas des archétypes dont on peut quasiment prévoir les répliques à l’avance, et ça, ça fait vraiment du bien !

Snowpiercer, film bourré de talent(s)

Je tiens à m’excuser platement pour toutes les critiques envers Chris Evans que j’ai pu grommeler dans ma barbe avant d’aller voir le film : il est très bon. Là où Captain America m’avait laissé l’image d’un boute-en-train beau gosse et gendre idéal, Snowpiercer m’a révélé un acteur complexe, très crédible dans son rôle de leader-malgré-lui et en passe de prendre la place de Noah Wyle dans mon coeur — c’est dire.

J’ai aussi été soufflée par Song Kang-ho (le cinglé dans Le Bon, la Brute et le Cinglé, excellent film totalement WTF), au personnage si torturé qu’on l’a d’abord confondu avec Choi Min-sik, l’acteur d’Old Boy ! Il incarne un ingénieur toxicomane « embauché » par les révolutionnaires car il peut leur ouvrir les multiples portes leur barrant l’accès à la locomotive.

Cy., de son côté, a été conquise par Jamie Bell et son personnage, Edgar, le bras droit de Curtis, un loubard* en colère contre le système prêt à tout pour aider à la rébellion. Bon, elle a aussi voulu lui faire plein de trucs un peu sexuels et du coup ça lui a foutu un coup quand je lui ai dit que c’est Billy Elliott qui a TRÈS bien grandi.

*Oui j’utilise des mots estampillés 1963 j’ai le droit.

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De l’autre côté de la barrière sociale, on retrouve la meilleure actrice du monde et je défie QUICONQUE de mettre ce fait en cause, j’ai nommé l’irremplaçable, la magnifique, l’illustre femme de ma vie Tilda Swinton !

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Bon euh magnifique c’est plus au naturel que là hein.

Elle incarne Mason, représentante de l’autorité dans les bas-fonds du train, adoratrice de Wilford et contre toute attente, c’est un des éléments comiques du film tant sa folie lui permet de dépasser toutes les limites en matière de WTF (et big up à cette petite barrette si seyante).

Dans le clans des riches, on aperçoit aussi Alison Pill, a.k.a. Maggie dans The Newsroom, dans une scène d’anthologie que je ne vais pas vous dévoiler pour ne pas gâcher la surprise — mais c’est assurément une des séquences les plus frappantes du film, et l’une des plus représentatives de ce drôle de rythme évoqué plus haut.

Snowpiercer, ce film-OVNI

Tout n’est pas parfait dans Snowpiercer : le rythme étrange ne convaincra pas tout le monde, on passe un peu vite sur certains éléments techniques concernant la vie à bord du train et certaines scènes ne sont pas du tout expliquées — ce qui peut s’expliquer par le fait qu’on navigue dans les wagons avec Curtis, qui n’en sait pas beaucoup plus que nous, puisqu’il ne s’était jamais aventuré en-dehors des wagons de queue.

Cependant, c’est un film assez unique dans son genre et dont la beauté justifie à elle seule le prix d’une place de cinéma (en espérant que votre salle soit un peu mieux que la nôtre) ! Sans rien révéler, la fin risque de vous laisser sur le cul ; je n’ai toujours pas décidé si je la trouvais géniale ou un peu moisie… si vous avez déjà fait un tour au cinéma, venez donc donner vos avis dans les commentaires !


Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.

Les Commentaires

45
Avatar de guerredesmiroirs
11 mai 2014 à 22h05
guerredesmiroirs
J'ai beaucoup aime le debut, par contre la fin.. Bof.
Contenu spoiler caché.
1
Voir les 45 commentaires

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