La musique, ce super pouvoir (trop souvent sous-estimé) qui dope la confiance des enfants

Chanter, jouer, écouter : des exercices d’émotions

Les travaux de Yannan Dong compilent plus de vingt études expérimentales menées entre 2020 et 2025. Leur conclusion est sans équivoque : les enfants qui participent régulièrement à des activités musicales présentent des niveaux nettement plus élevés d’intelligence émotionnelle, d’empathie et de coopération que ceux qui n’y prennent pas part.

En pratique, quand un enfant apprend une chanson, il ne fait pas que mémoriser des paroles. Il apprend à écouter, à gérer le trac, à s’exprimer devant les autres. Ces micro-expériences nourrissent sa confiance, sans qu’il s’en rende compte.

Les chercheurs notent par exemple une amélioration de 31 % des capacités d’expression émotionnelle chez les élèves suivant un programme musical structuré, et une hausse de 45 % des comportements collaboratifs dans les activités de groupe.

La puissance du collectif

Les effets les plus marqués apparaissent dans les pratiques musicales collectives : chorales, orchestres, percussions ou comédies musicales. Jouer ou chanter à plusieurs, c’est apprendre à accorder son rythme à celui des autres… littéralement.

Les neurosciences confirment ce lien : la musique active les zones du cerveau liées à la reconnaissance des émotions et à la régulation du stress. Quand des enfants chantent ensemble, leurs rythmes cardiaques ont même tendance à se synchroniser. Un phénomène observé dans plusieurs études, qui expliquerait ce sentiment de cohésion ressenti dans les groupes de musique.

À l’école, ces expériences se traduisent par une meilleure entente entre élèves, moins de conflits, et plus d’entraide. Comme le résume la chercheuse : “La musique donne aux enfants des outils concrets pour gérer leurs émotions et coopérer au quotidien.”

Commencer tôt, pour des effets durables

L’âge joue un rôle important. Les études longitudinales montrent que les enfants exposés à la musique avant 8 ans conservent à long terme de meilleures aptitudes sociales et une plus grande stabilité émotionnelle.

Ce n’est pas une question de talent ou de “don musical” : c’est le cerveau qui, à cet âge, est particulièrement plastique. La musique stimule alors les zones liées à la mémoire, à la régulation émotionnelle et au langage.

Mais il n’est jamais trop tard pour s’y mettre. Les adolescents et préados tirent eux aussi des bénéfices mesurables, notamment sur la confiance en soi et la capacité à exprimer leurs émotions. Même une pratique amateur ou ponctuelle (atelier d’impro, chorale, jeu d’instruments en groupe) produit des effets positifs.

Quand la musique devient une éducation émotionnelle

Les programmes qui combinent musique et expression corporelle ou théâtre (comme les ateliers de “drame musical”) renforcent encore ces effets : les enfants y développent une plus grande aisance à parler de ce qu’ils ressentent et à comprendre les émotions des autres.

Dans une école roumaine suivie sur un an, les enfants ayant participé à ces ateliers ont montré une nette progression en confiance et en communication, comparée à un groupe témoin. Et surtout, ces compétences — empathie, gestion des émotions, écoute — se maintiennent dans le temps, jusqu’à un an après la fin de l’expérience.

À la maison aussi, quelques notes suffisent

Bonne nouvelle : on n’a pas besoin d’un piano ni d’un solfège parfait pour faire profiter son enfant de ces bienfaits.

Mettre de la musique en famille, chanter ensemble, improviser une chanson du soir ou fabriquer un petit instrument… Ce sont autant d’occasions de créer du lien, d’apaiser les émotions et de donner à l’enfant le droit d’expérimenter.

En classe comme à la maison, la musique aide les enfants à mieux se connaître, à comprendre leurs émotions et à trouver leur place parmi les autres. Alors non, elle ne sert pas seulement à “faire joli dans le programme”. Elle apprend à oser, à coopérer, à créer et à se faire confiance.

Et si, plutôt que de couper les budgets des cours de musique, on les considérait enfin pour ce qu’ils sont : un investissement dans des enfants plus heureux, plus équilibrés… et plus confiants ?