Dans une étude menée par l’Université norvégienne de sciences et technologies (NTNU), plus d’un million d’enfants nés entre 1991 et 2012 ont été suivis entre 4 et 17 ans via les registres de santé mentale. Les résultats indiquent clairement que les plus jeunes de la classe (nés en octobre à décembre) se voient diagnostiquer un trouble mental bien plus fréquemment que leurs camarades nés au début de l’année scolaire.
Effet d’âge relatif et surdiagnostic du TDAH
Ce phénomène, décrit sous le terme “effet d’âge relatif”, montre un bond de 20 à 80 % de diagnostics de TDAH chez les plus jeunes élèves, par rapport aux plus âgés de leur classe. Les chercheurs attribuent ce biais non pas à une pathologie intrinsèque, mais à une moindre maturité comportementale et cognitive chez les enfants les plus jeunes, perçue à tort comme symptôme de TDAH.
Risque particulier pour les enfants prématurés
Les enfants nés prématurément et tard dans l’année scolaire montrent un risque encore plus marqué : les filles prématurées nées en fin d’année présentent un diagnostic renforcé d’affections émotionnelles comme l’anxiété et la dépression. Cette double vulnérabilité souligne l’urgence d’une approche plus fine et nuancée de leur évaluation scolaire.
Contexte plus large : une preuve mondiale
Ces conclusions rejoignent les constats d’une méta-analyse (32 études sur les effets de l’âge relatif) qui établit que les plus jeunes de la classe bénéficient d’un sur-risque de TDAH de près de 38 % et se voient prescrire des traitements psychostimulants près de 28 % plus souvent. Ce biais de diagnostic a été observé dans de nombreux pays, quelle que soit la politique éducative ou les pratiques de traitement.
Des pistes pédagogiques et politiques
Les chercheurs et professionnels pointent des pistes d’adaptation concrètes : permettre une entrée décalée à l’école pour les enfants nés en fin d’année, offrir un soutien pédagogique renforcé, ou ajuster les seuils d’évaluation en fonction de l’âge réel de l’enfant. L’objectif : aider les jeunes élèves à trouver leur place dans un système souvent calibré pour des enfants plus matures.
Ce que les parents peuvent mettre en œuvre
Les parents ont un rôle clé pour éviter un diagnostic précipité :
- Informer l’école si leur enfant est très jeune dans sa promotion.
- Demander une phase d’observation avant toute orientation vers un diagnostic ou traitement.
- Insister pour que les professionnels utilisent des critères tenant compte de la date de naissance de l’enfant.
- Promouvoir une approche multidisciplinaire (psychologie, éducation, pédiatrie) pour évaluer la maturité de l’enfant.
Les mots d’experts
Christine Strand Bachmann, co-autrice de l’étude NTNU, souligne que la conception actuelle du système scolaire ne tient pas assez compte de la diversité de maturation : « nos résultats montrent que les plus jeunes membres de la classe ont tendance à être diagnostiqués d’une maladie mentale plus fréquemment ».
Une lecture éclairée pour mieux accompagner
Pour les parents d’un enfant né en fin d’année, cette étude est un appel à la vigilance : ne pas interpréter des comportements “immatures” comme forcément pathologiques. À l’ère d’un diagnostic médicalisé, le fait de replacer l’enfant dans son contexte développemental est indispensable.
L’effet d’âge relatif constitue un biais puissant dans le diagnostic du TDAH. Avant de médicaliser, interrogeons l’impact de la date de naissance sur les attentes scolaires. Une meilleure adaptation du système pourrait épargner des traitements hâtifs et injustifiés.
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