Le montage des dessins animés est devenu fou
Avant les années 1980, un plan de dessin animé durait environ huit secondes. Huit secondes pour comprendre, ressentir, suivre une émotion. Aujourd’hui, la moyenne tourne plutôt autour de deux secondes, parfois moins.
C’est ce qu’explique la médecin urgentiste Julieta Quesada sur son compte Instagram.
Concrètement, nos enfants voient trois à quatre fois plus de changements visuels que nous au même âge. Leurs héros courent, sautent, disparaissent, changent de décor à toute vitesse, dans un festival de sons et de couleurs qui stimule une chose bien précise : l’attention réflexe.
Celle qui fait qu’on se retourne quand on entend un bruit fort. L’attention réflexe n’a rien à voir avec l’attention volontaire, celle dont ils ont besoin pour écouter la maîtresse, lire une histoire ou finir une tour en Duplo sans tout envoyer valser.
Le cerveau, lui, n’a pas évolué aussi vite
Julieta Quesada cite dans son post l’étude d’une équipe de chercheuses de l’Université de Virginie, qui s’est penchée sur la question en 2011.
Leur idée était simple : voir si quelques minutes d’un cartoon très rapide pouvaient avoir un effet immédiat sur le cerveau d’enfants d’âge préscolaire.
Elles ont donc réuni soixante enfants de 4 ans et les ont répartis en trois groupes :
- le premier a regardé un dessin animé ultra-rythmé (une célèbre éponge jaune vivant sous la mer, pour ne pas la nommer),
- le deuxième un dessin animé éducatif plus tranquille,
- le troisième a simplement dessiné.
Neuf minutes plus tard, les enfants ont passé plusieurs petits tests de logique et de contrôle de soi : résoudre un puzzle, retenir des chiffres, patienter avant de manger une friandise… Résultat : ceux qui avaient regardé le cartoon rapide ont obtenu les scores les plus bas, et de loin.
En clair, moins de dix minutes de visionnage suffisent à diminuer leur capacité à se concentrer, à planifier et à se contrôler. Le cerveau est littéralement surstimulé.
Pourquoi ça pose problème (et pourquoi ce n’est pas une fatalité)
Le souci, ce n’est pas que les enfants regardent des dessins animés modernes. C’est qu’ils s’y habituent. Leur cerveau s’adapte à ce rythme effréné et peine ensuite à rester attentif quand il ne se passe “rien” : à l’école, dans une conversation, ou même pendant un jeu calme.
Les dessins animés d’autrefois laissaient le temps de faire des liens : “il a pris la balle, il la lance, elle tombe, il est triste”. Les nouveaux formats enchaînent les actions si vite que ces connexions émotionnelles et cognitives se perdent.
À l’inverse, des programmes plus lents comme Petit Ours Brun, T’choupi, Puffin Rock ou Moominvalley aident les enfants à développer l’empathie et la régulation émotionnelle. Ils laissent le temps au cerveau de respirer, d’intégrer, de ressentir.
Pas besoin de bannir Pat Patrouille du salon (promis). Mais on peut équilibrer.
- Alterner les dessins animés rapides avec des contenus plus doux.
- Éviter les séances trop longues d’un seul trait.
- Laisser des moments “sans rien” entre deux épisodes : jouer, s’ennuyer, rêver, bricoler.
Parce que c’est dans ces temps morts que le cerveau assimile, trie et apprend à se poser.

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