2001, pour celles et ceux qui s’en souviennent, c’est la belle époque des téléphones à clapet, de la France championne du Monde et des Spice Girls, où l’on parle encore en francs. C’est aussi l’année où la toute première télé-réalité française, Loft Story, est diffusée sur M6, et fait alors scandale. Avec ses personnalités devenues instantanément des stars, comme la gagnante Loana ou Laure et Steevy, le Loft a révolutionné le petit écran français et pavé la voie pour un tout nouveau genre de programme : la télé-réalité.
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Un casting excellent
En 1999 aux Pays-Bas, une émission nommée Big Brother, où plusieurs personnes issues de la société civile, non rémunérées, sont enfermées dans une maison filmée quasiment en continu, propose de diffuser quotidiennement leur vie en direct, à la télévision. Cette façon totalement innovante de créer une émission télévisée attire tout de suite les producteurs du monde entier.
C’est par cette entrée que commence Culte, qui, en six épisodes, détaille comment une petite société de production est parvenue à vendre l’adaptation française à M6, puis assurer la sélection des candidats et la diffusion d’émissions quotidiennes. Plutôt que de se concentrer sur ce que le public connaît déjà du Loft, le coup de force de Culte est de nous emmener derrière les caméras, dans l’intimité des coulisses, où les producteurs jouent gros.
Ils sont trois, le premier est incarné par Anaïde Rozam, l’humoriste continue sa carrière au cinéma en campant Isabelle, l’alter-égo d’Alexia Laroche-Joubert, la productrice originelle (et co-productrice de la série), une jeune femme issue d’un milieu bourgeois dans le père désapprouve son intérêt pour la “télé-poubelle”. Le deuxième est celui de Karim, interprété par Sami Outalbali (Sex Education), qui joue un jeune producteur habitant en banlieue, qui doit composer avec une famille à charge.
Le dernier enfin est joué par César Domboy (Outlander), qui interprète Raphaël, l’un des associés de la boîte de production, un solitaire venu de la campagne qui veut faire ses preuves dans le milieu de la télé. “Ce qui m’a attiré dans le personnage de Raphaël, c’est qu’il s’agit d’un rôle moderne, beaucoup plus contemporain que ceux que je défends récemment, comme Outlander, une série en costume. J’avais hâte de me frotter à une époque que j’ai connue. J’ai pu poser des questions à des gens de ma famille, autour de moi, sur le Paris de l’époque, et interrogé les souvenirs que j’avais” détaille César Domboy.
Avec cet excellent casting et la diversité des personnages, la série développe des personnalités attachantes, en proie à de véritables doutes et crises existentielles, qui fait clairement la force de son écriture. Le personnage de Loana, joué par Marie Colomb rend également justice à la vraie Loana Petrucciani, victime d’une campagne sexiste ahurissante pendant et après le Loft, pour le rôle de bimbo écervelée que la société lui avait attribué.
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Une série pour raconter une époque
Ultra rythmée, la série nous emmène avec elle dans les coulisses effrénées de la production, qui rencontre moult obstacles depuis la création jusqu’à la diffusion. Désaccords avec la chaîne, problèmes de casting, difficultés à trouver le concept, scandale de la piscine, jalousie des concurrents, interpellation du CSA, rien ne leur est épargné !
Et c’est grâce à l’écriture ciselée des créateurs que Culte accroche dès les premières secondes, et donne immédiatement envie de tout binger “Il y a une très grosse qualité d’écriture, et un travail commun exceptionnel qui a été fourni, entre auteurs, acteurs et réalisateur” confirme César Domboy.
Car plus qu’une émission, Culte raconte aussi une époque, celle du début de la télé-réalité, dans une société française qui découvre tout juste le concept.
Derrière la diffusion du Loft, c’est toute la France qui se déchire, entre une jeunesse qui accroche tout de suite et une partie plus âgée qui juge le programme abêtissant. Une fracture qui reste encore bien ancrée, quand bien même les émissions de télé-réalité font désormais partie du quotidien télévisuel mondial. Avec une BO nostalgique ultra-calibrée, une belle réalisation et des performances exceptionnelles, la série a tout pour être le succès français de la fin d’année.
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
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