Parler d’argent, en France, c’est encore tabou. Pourtant, c’est un sujet passionnant, et par certains aspects… féministe ! Dans notre rubrique Règlement de comptes, des personnes en tout genre viennent éplucher leur budget, nous parler de leur organisation financière (en couple ou solo) et de leur rapport à l’argent. Aujourd’hui, c’est Lucie* qui a accepté de nous ouvrir ses comptes.
- Prénom : Lucie*
- Âge : 34 ans
- Profession : DRH dans la fonction publique territoriale (je suis titulaire), conseillère municipale et sapeur-pompier volontaire
- Salaire net avant prélèvement à la source : 2 757 € (dont prévoyance de 51 €)
- Salaire net après prélèvement à la source : 2 666 €, 52 € en qualité de conseillère municipale et 100 € environ en tant que sapeur-pompier volontaire ; 1 546 € pour son mari
- Personnes (ou animaux) vivant sous le même toit : son mari, 2 chiennes, 2 boucs, 2 chèvres, une brebis et un mouton
- Lieu de vie : à la campagne, à 30 minutes de Rennes (Ille-et-Vilaine)
La situation et les revenus de Lucie
Lucie, 33 ans, est directrice des ressources humaines (DRH) dans la fonction publique territoriale. Après avoir exercé sept ans ce métier en tant que contractuelle, elle est désormais titulaire depuis trois ans. Ce qui lui fait dix années d’ancienneté à ce poste. La jeune femme occupe aussi un poste de conseillère municipale et est sapeur-pompier volontaire.
« Lissé sur l’année, mon poste de conseillère municipale me prend sept à huit heures par mois, entre les conseils municipaux et les commissions. Mon activité de pompier minimum me prend 60 heures par mois, qui comprennent une prise de garde, un week-end de garde plus une matinée de sport et d’entraînement pompier. Cette quotité peut augmenter en fonction du nombre d’interventions.
Ce qui me plaît, tout comme mon métier dans la fonction publique territoriale, est d’être au service de mon pays et de la population. Ancienne militaire, ce sont vraiment des valeurs importantes pour moi d’aider les autres. »
Mariée depuis trois ans, elle vit avec son époux dans la campagne bretonne, à cinq minutes en voiture du bourg du village « qui dispose de tout (supermarché, magasin de vêtements, de chaussures, cabinet médical, boucherie, boulangerie, bar, restaurant…) » et à trente minutes de Rennes. Ensemble, ils ont acheté en mars 2021 une maison de 140 m2 avec 5 000 m2 de terrain, où ils vivent entourés de leurs animaux : deux chiennes, deux boucs, deux chèvres, une brebis et un mouton.
Pour son job de DRH, Lucie touche un salaire net de 2 666 €. À cette rémunération s’ajoutent 52 € d’indemnité en tant que conseillère municipale et 100 € environ par mois pour son activité de sapeur-pompier volontaire. « Pour information, une heure d’astreinte (garde) est payée 0,72 € de l’heure et les interventions et entraînements 8,34 €. »
Son mari, lui, touche un salaire mensuel net de 1 546 €, et n’est pas soumis au prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu. Au total, le couple touche donc 4 363 €.
Quand on demande à Lucie son sentiment vis-à-vis de sa rémunération, elle dit s’estimer « payée correctement » même si elle aspire à toucher plus à court terme.
« En effet, mon poste requiert beaucoup de technicité, d’heures supplémentaires non rémunérées (catégorie A dans la fonction publique) et des réunions en soirée. Je ne m’estime pas riche mais un peu au-dessus de la moyenne. Pour ce qui est de la rémunération totale dans notre couple, nous sommes dans la moyenne car mon mari gagne beaucoup moins que moi. »
Le rapport à l’argent de Lucie et son organisation financière
Lucie a grandi dans une famille de classe moyenne qui a connu de « grosses difficultés financières » quand elle était enfant, lorsque son père a perdu son emploi.
« Nous avons dû déménager et aller aux Restos du Coeur, je n’ai pas toujours mangé à ma faim. »
Souvent à découvert, les parents de Lucie n’ont pas toujours ses choix de carrière, notamment lorsqu’elle a privilégié son bien-être, quitte à rogner sur son salaire. « Nous nous sommes déjà disputées à ce sujet. »
Aujourd’hui, Lucie est très organisée dans sa gestion financière, même s’il lui arrive de faire quelques écarts.
« J’essaie de tout budgétiser. Je ne suis jamais à découvert mais j’arrive assez peu à épargner. Je suis généreuse de nature et adore recevoir donc mon budget alimentation peut facilement augmenter quand j’organise des repas chez moi. »
Côté organisation, elle et son mari disposent d’un compte courant pour régler les factures du quotidien. Ils ont aussi conservé chacun leur compte courant pour leurs dépenses personnelles. « Cette organisation nous convient pleinement et permet à chacun de faire ce qu’il veut de ce qu’il lui reste. »
Les dépenses de Lucie
Comme beaucoup d’entre nous, le premier poste de dépense de Lucie et de son mari est le logement : son emprunt immobilier leur revient à 1 050 €. Ils remboursent aussi 104 € par mois pour l’installation d’une pompe à chaleur.
En tant que propriétaires, Lucie et son mari doivent payer la taxe foncière : cela leur coûte 120 € par mois. Ils s’acquittent aussi de 100 € de facture EDF et 30 € d’eau tous les mois. Les assurances leur reviennent à 85 € : 30 € pour la voiture de Lucie, 30 € pour celle de son mari, 15 € pour leur maison et 10 € de garantie accident de la vie. Ils règlent 95 € mensuels de mutuelle pour deux.
Autre poste de dépense important pour le couple : les télécoms et les abonnements. Pour leurs deux téléphones, Lucie et son mari payent 60 € par mois, ainsi que 15 € d’abonnement internet. À cela s’ajoutent 18 € par mois pour Netflix, Disney+ et MyTF1 et 120 € d’abonnements à des jeux vidéo. Lucie s’acquitte seule de ces deux dernières sommes.
Le couple paye par ailleurs 17 € de frais bancaires (12 € pour Lucie, 5 € pour son mari).
Les transports pèsent sur leur budget : Lucie doit régler 250 € d’essence tous les mois ; son mari 150 €.
« Habitante en campagne, mon seul moyen de locomotion est la voiture. Mon secteur n’est pas suffisamment desservi en transport, sinon je les prendrais volontiers. »
« Mon mari a des besoins énergétiques très importants »
Chaque mois, pour se nourrir, Lucie et son compagnon dépensent en moyenne 720 € : 600 € chez Lidl et environ 120 € au marché « pour les fruits et légumes et produits de la mer ».
« Je privilégie la composition des aliments, leurs provenances et si possible bio. J’aime acheter en local. Pour le midi, je fais des lunch-box pour mon mari et moi et je déjeune une fois par semaine en extérieur pour 25 à 30 € par semaine. »
Lucie prend actuellement intégralement à sa charge ce budget conséquent, qu’elle justifie ainsi :
« Mon mari est également pompier et a travaillé pendant douze ans dans le domaine du sport et a des besoins énergétiques très importants. Il vient de changer de métier mais fait toujours autant de sport. Gagnant plus que mon mari, cela m’a semblé naturel de prendre en charge ces frais et cela nous convient pleinement. »
Par ailleurs, le couple possède de nombreux animaux, dont il doit s’occuper. Pour l’achat de foin, les croquettes, les vermifuges, Lucie règle seule en moyenne 50 € par mois.
Concernant les dépenses dites « féminines », la trentenaire les chiffre à 160 € par mois environ. Cette somme comprend ce qu’elle règle chez le coiffeur, chez la prothésiste ongulaire, mais aussi les soins esthétiques et le maquillage.
« J’ai fait il y a trois ans l’épilation laser et j’ai un implant contraceptif. Je dépense une dizaine d’euros par mois en protections hygiéniques. J’aimerais passer aux protections lavables mais j’ai très peur des fuites, ayant des règles très abondantes. Pour le maquillage, le budget annuel est d’environ 100 €. Par contre, chaque mois je dépense 40 € pour me faire les ongles, 60 € chez le coiffeur (j’ai les cheveux très longs qui nécessitent de l’entretien) et 40 € en soins esthétiques. »
Enfin, dernière dépense qui pèse sur le budget de Lucie : les cigarettes, qui lui reviennent à 143 € tous les mois.
Les dépenses loisirs de Lucie
Lucie aime aller au cinéma, les dîners à l’extérieur et le sport, qu’elle pratique en salle. Et ces loisirs ont un coût, qu’elle estime à environ 330 €.
Son abonnement à la salle de sport lui revient à 30 € par mois et elle paye un abonnement annuel de cinéma de 16 €, qui lui permet de payer 5,50 € sa place au lieu de 10,20 €. C’est un investissement rentable, puisqu’elle s’y rend environ deux fois par mois.
Pour se vêtir, Lucie dépense environ 60 € par mois.
« J’achète principalement sur Vinted pour le quotidien, je suis très favorable à la seconde main pour des questions écologiques évidentes mais quand j’ai besoin de quelque chose de spécifique pour le travail, j’achète chez Helline, qui est un site internet avec des vêtements de très bonne qualité. »
Enfin, le couple commande des chèques vacances : cela leur revient chacun à 50 € sur huit mois. De quoi s’assurer ensuite de payer moins cher lorsqu’ils sont en escapade.
L’épargne de Lucie et ses projets d’avenir
Même si elle dit ne pas réussir à épargner beaucoup, Lucie parvient régulièrement à mettre de côté entre 300 et 500 €, qu’elle place sur un livret A ou qu’elle utilise pour aménager sa nouvelle maison.
« Ce sont des achats que je prends en charge, ayant des revenus plus importants. J’ai peu d’économies car celles-ci sont passées dans le paiement de notre mariage en 2020, pour lequel nous avons tous les deux pris à part égale dans nos économies. »
Dans un avenir proche, Lucie envisage de changer de voiture, la sienne devant rendre l’âme d’ici « deux ou trois ans maximum ». Et, d’ici un ou deux ans, elle aimerait faire un beau voyage au Japon avec son mari.
Merci à Lucie* de nous avoir ouvert ses comptes.
* Le prénom a été modifié.
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Les Commentaires
Et alors ça ne me choquerait pas qu’elle paye plus que “sa part” si c’est bien le cas.
Il devrait y avoir des questions sur ce sujet dans le questionnaire à mon avis!