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Un an plus tard : Comment parler de la guerre en Ukraine aux enfants ?

La guerre en Ukraine fait rage depuis maintenant un an. À nos marmots, qui ont du mal à comprendre ce gros bordel, que dire ? On a demandé à des experts.

Article initialement publié le 10 mars 2022.

Triste anniversaire. Un an s’est écoulé depuis le début de l’invasion russe en Ukraine. Et il reste difficile, pour nos enfants, de comprendre réellement ce qu’il se passe, surtout avec les fake news qui peuvent circuler. Mais il faut tout de même essayer de les rassurer.

Les questions continuent de fuser : « Est-ce que c’est la troisième guerre mondiale ? », « Est-ce que les gens meurent ? », « C’est loin l’Ukraine ? ». Et les parents peuvent se trouver bien désemparés, ne voulant pas angoisser leurs petits brins d’innocence et de pureté, préservés quelque temps encore de la brutalité du monde.

Tout protégés qu’ils peuvent être du brouhaha du monde, ils ont souvent accès à des informations qui passent et peuvent être inquiétés par des bruits qui circulent dans les écoles. Il faut alors répondre à leurs craintes, si craintes il y a. Plutôt que les laisser seuls avec des bribes d’actualités, mieux vaut donc les informer et les rassurer. Mais de quelle manière ?

Nous avons interrogé Caroline Goldman, psychologue pour enfants et adolescents, docteur en psychopathologie clinique, auteure de File dans ta chambre ! Offrez des limites éducatives à vos enfants, et la rédactrice en cheffe de Astrapi, Marion Joseph.

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Foxy Dolphin/Canva)

D’abord, faut-il forcément en parler ?

Rien ne sert de forcer à tout prix la discussion. Pour Caroline Goldman, on peut répondre aux sollicitations ou créer un échange, lors d’un moment propice, si l’on sent des inquiétudes de part et d’autres. Elle nous explique s’il faut leur en parler ou non :

« Seulement s’ils vous posent des questions ou que vous vous sentez si torturé par l’évènement que votre enfant ne peut que le sentir. »

Pour Marion Joseph, on peut aussi remarquer des changements dans les jeux qu’ils peuvent avoir — comme jouer à la guerre —, dans les paroles, ou encore pour les plus grands des remarques, mêmes ironiques, sur le ton de l’humour du type : « C’est pas la peine que je range ma chambre vu que c’est la troisième guerre mondiale. »

S’adapter en fonction de l’âge de l’enfant

De 2 à 6 ans

La rédactrice en cheffe d’Astrapi, Marion Joseph, précise qu’il faut voir en fonction de l’âge :

« Pour les petits, ça peut être des dessins particuliers. Il faut être hypervigilants. Et bien sûr répondre aux questions s’il y en a. De toute façon, ils vont en entendre parler. Donc il faut partir de leurs inquiétudes pour en parler. »

Dans Le Monde, la pédopsychiatre Marie Rose Moro précise également les besoins en fonction de l’âge de l’enfant :

« Avant 3 ans, on ne va pas attendre que des questions soient posées — elles ne le seront pas. Mais si l’on sent son enfant inquiet, si l’on voit par exemple qu’il change de comportement, on peut nommer les choses, la “guerre“. Cela peut aider. »

À partir de 3 ans, l’idéal est d’essayer de s’adapter à leurs connaissances, d’expliciter suivant leurs questions et représentations. Un enfant en dessous de 5-6 ans aura une capacité très limitée à comprendre, ce n’est pas pour autant qu’il ne faut pas en parler.

Peut-être aura-t-il surpris des images, entendu des conversations ou ressenti un certain stress. Mais il faut alors le faire avec des mots simples, notamment lorsqu’il pose des questions.

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Sergey Nivens/Canva)

À partir de 6 ans

Marion Joseph nous rapporte des propos entendus d’un enfant de 6 ans dans une cour de récré :

« Il paraît qu’Emmanuel Macron a envoyé une bombe sur l’Ukraine. »

On ne peut pas les laisser avec ce genre de craintes. Pour Caroline Goldman également, plus on en sait et mieux on se porte, pour soi et pour les autres :

« Aujourd’hui, on a appris de l’histoire que plus on est éduqués, plus on a été à l’école, plus on nous a entraînés à “penser“, et mieux on arrive à dominer notre destructivité. »

Cela vaut aussi pour les enfants, autant que faire se peut, et en s’adaptant à leur sensibilité et à leur capacité à comprendre.

Quel ton et quelle attitude adopter ? Comment expliquer ?

Une fois qu’une discussion est enclenchée, Marion Joseph nous le dit, il est important de rester au niveau de leurs questions :

« Il ne faut pas non plus leur faire un exposé hyper long sur tout ce qui se passe. On peut voir où ils en sont par rapport à leur inquiétude et à leur tristesse. »

Elle ajoute :

« À partir de tout ce qu’ils voient, entendent et écoutent, ils font une espèce de mélange. Ils ont besoin qu’on mette des mots concrets, qu’on les rassure comme on peut. »

L’idéal est donc d’employer des mots simples et concrets :

« Il faut être dans le concret. Rassurer en mettant des mots sur ce qu’il se passe. Que se passe t-il ? Où ?

Dire aussi qu’il y a une grosse solidarité. Dire ce qui est fait pour empêcher la guerre de devenir plus importante. Dire qu’il y a des gens qui œuvrent pour la paix. Dire factuellement les choses.

Et expliquer que ce n’est pas parce qu’on s’inquiète que ça va se produire. »

Pour le ton, rien ne sert d’être trop solennel non plus. Pour Caroline Goldman, la façon de dire les choses, avec une certaine décontraction (si cela est possible) peut également être rassurante :

« conseil : n’inquiétez pas vos enfants, vous pouvez utiliser des mots durs mais ajoutez-y un peu d’ironie, de sarcasme, de sourires… pour qu’ils sentent qu’il y a une soupape de sécurité entre l’information et leurs propres vies.

Pensez à l’hôtesse de l’air dans l’avion : si elle sourit malgré les secousses, ça rassure tout le monde sur le fait qu’on ne va pas s’écraser. Vous êtes les hôtesses de l’air et les stewarts de vos enfants… en toutes circonstances et pour toujours ! »

Des mots simples, de l’explication et si possible une mine pas trop sombre !

Que dire concrètement sur la guerre en Ukraine ?

Dans le cas précis de cette guerre, l’origine vient en grande partie d’un gros naze, Poutine, que les enfants sont souvent capables d’identifier. Un peu comme dans les dessins animés, il y a un grand méchant.

Pour Caroline Goldman, il est intéressant d’expliquer aux enfants que les conflits peuvent avoir pour origine un dirigeant détestable :

« Je pense important de leur expliquer les racines de la guerre, qui se trouvent parfois liées à des réalités géopolitiques objectivement menaçantes, mais aussi, parfois, aux personnalités de chefs. Ce qui revient à les sensibiliser au caractère parfois évitable du conflit, comme c’est le cas aujourd’hui : si un autre dirigeant avait été à la place du président russe, les choses se seraient probablement passées autrement. »

Comme l’explique la psychologue, dans la vie, on peut côtoyer le pire mais aussi le meilleur :

« Cet évènement est une nouvelle occasion de les sensibiliser au fait que la nature humaine est capable du meilleur et du pire. En chaque homme, chaque femme, chaque enfant, chaque personne âgée, il y a des capacités d’amour et aussi de destruction.

Le meilleur des enfants peut, en cinq minutes, à la fois aller câliner son chat et tirer les cheveux de son frère sans raison. La meilleure des mamies peut nous dire qu’elle nous aime puis, juste après, gronder injustement un serveur parce que sa viande n’est pas assez cuite, etc. »

Marion Joseph nous expose aussi cette idée. On peut dire aux enfants l’ambivalence humaine :

« L’humain est capable du meilleur comme du pire. La violence existe mais beaucoup de gens œuvrent aussi pour la paix. Chacun peut contribuer à l’idée de paix au quotidien. Même si les enfants ne peuvent rien faire bien sûr mais insister sur l’idée de paix. »

On peut aussi leur dire qu’en France, on est à l’abri. C’est ce que nous dit Caroline Goldman :

« Petite séquence cocorico : nous avons encore la chance de pouvoir rassurer nos enfants sur la distance entre ces événements et nous, et surtout sur la stabilité géopolitique de notre pays. Nous avons un président et un régime politique qui nous protègent de ces risques d’abus de pouvoir. Sensibilisons-les à cette chance. […]

En France, on a beaucoup de chance parce qu’on vote pour le président qu’on préfère, et il ne peut pas rester longtemps président. Seulement deux fois. Comme ça c’est bien, ensuite quelqu’un d’autre prend sa place avant d’avoir la possibilité d’abuser de son pouvoir et de faire n’importe quoi, de devenir méchant. »

Pour expliquer ce conflit, il peut être utile de s’appuyer sur des ressources et notamment des cartes, qui permettent de situer les pays, ce qui peut aider les enfants en âge de comprendre à se représenter le conflit, et la distance, avec une idée de celle qui nous sépare des pays concernés.

Pour aller plus loin et s’appuyer sur des documents, l’éditeur Bayard jeunesse notamment, met à disposition des enseignants et des parents des ressources sur le sujet.

Des ressources supplémentaires

Cet article de Bayard explique le conflit aux 6-10 ans, avec carte à l’appui

Le podcast Salut l’info !, qui décrypte l’info pour les 7-11 ans, explique la guerre en Ukraine

Image en une : Getty Images/Canva


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