Le 12 décembre 2018
Comment c’est loin, le film des Casseurs Flowters, alias Orelsan et Gringe, est disponible sur Netflix France !
L’occasion de (re)lire ma critique disponible ci-dessous… et de (ré)écouter Gringe, invité de The Boys Club, mon podcast sur la masculinité.
Comment c’est bien, Comment c’est loin
Le 9 décembre 2015
La semaine dernière, toute l’équipe de Comment c’est loin est venue présenter le film au MK2 Bibliothèque de Paris.
Orelsan, Gringe, Skread, Ablaye, Bouteille, le co-réalisateur Christophe Offenstein… une belle brochette est montée sur scène après la projection pour répondre aux questions du public.
Mais aussi raconter une drôle d’expérience de tournage, celle de deux potes, deux rappeurs, deux presque-frères ayant décidé de raconter sur grand écran leurs galères et leurs espoirs, qui ont failli se diluer pour de bon sous la pluie caennaise.
Comment c’est loin la motivation
Aurélien et Guillaume approchent de la trentaine.
Le premier bosse de nuit dans un hôtel (« Jusqu’à retourner dans l’hôtellerie plier des serviettes », scandait Orelsan dans Raelsan).
Le second ne fout rien à part lui tenir compagnie pendant des heures, s’écrouler sur leur canapé nul et tromper sa meuf.
Rien ? Ah, si : Orelsan et Gringe font du rap ! Enfin… ils ont fait UN freestyle, il y a cinq ans, et n’ont pas terminé le moindre morceau depuis.
Du coup, ultimatum : ils ont 24h pour boucler un son, sinon exit les producteurs, exit le studio (où ils logent), exit surtout leur seule bouffée d’air frais dans un quotidien désespérément gris.
Mais quand ça fait presque 30 ans qu’on a la flemme, dur de se motiver.
Astuce DIY : fais un trou dans ton canap en mousse pour y mettre ton mug
Commence alors le compte à rebours qui va sceller le destin de deux glandeurs talentueux, mais bien trop paralysés pour agir.
De micro-pulsions d’énergie à repos bien mérité (non) en passant par des errances hypnotiques dans les rues de Caen, des engueulades et pas mal de pintes,
Aurélien et Guillaume ont 24h pour garder en vie Orelsan et Gringe.
Sinon ça sera la copine, l’appart, Pôle Emploi, la cravate chaque matin, le monospace, la médiocrité qui leur fait si peur qu’ils n’osent plus bouger un orteil de peur d’y tomber.
Sans se rendre compte qu’ils y sont peut-être déjà immergés. Et comment c’est loin le succès…
Comment c’est pas très loin de la réalité
En vrai, Orelsan et Gringe sont des bosseurs. Il faut l’être pour accomplir tout ça — plusieurs albums, des tournées, une série sur Canal+, un long-métrage.
« On fait des trucs, et les personnages du film aussi font des trucs », explique Orel au public après la projection ; « c’est juste pas des trucs reconnus par la société comme utiles ».
Une interaction poignante entre Aurélien, en roue libre, et son père en route vers le boulot fout le malaise dès la première partie du film : comment c’est dur de devenir quelqu’un quand ton daron te maintient la tête sous l’eau…
Comment c’est loin n’est pas autobiographique, mais pas complètement de la fiction non plus, évidemment.
Il y a du réel dans ce canapé défoncé, dans cette ville qui donne envie de tourner en rond au fond d’une pinte, dans ces errances et ces petits jobs.
Par exemple, Gringe a reparlé pendant le débat de la période où il déchirait les tickets à l’entrée du cinéma, déjà évoquée dans Ils sont cools.
La frontière est volontairement floue, et ça rend plutôt bien : on ne cherche plus à deviner ce qui est vrai, on se laisse porter.
Comment c’est bon ce son
Comment c’est loin sort en compagnie d’un album inédit des Casseurs Flowters, qui fait office de bande-originale améliorée comptant plus d’une dizaine de titres.
Plusieurs se retrouvent dans le film, où on entend aussi des versions différentes de sons déjà connus (notamment 16h22 — Deux connards dans un abribus ou 20h13 — La nouvelle paire).
Et c’est un vrai kif, quand on aime le groupe, de savourer ce mélange de nouveautés et d’incontournables !
J’attends la sortie de l’album en écoutant sans cesse À l’heure où je me couche, premier extrait entêtant aux accents de défaite, mais également plein d’une volonté de s’en sortir.
« Je veux plus être absent d’ma propre vie, à regarder nos petites histoires passer à côté de la grande », énonce Gringe… et c’est un peu ce qu’on ressent en sortant de Comment c’est loin. Une vraie envie de se sortir les doigts un bon coup.
Comment ça fait du bien.
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