Pour Audrey, 37 ans, ce projet de tour du monde en famille est né fin 2022, lors de vacances aux Canaries. En observant ses enfants, Timothé, 8 ans et Juliette, 6 ans, devenir complices alors qu’ils se chamaillent habituellement tout le temps, s’est dit avec son conjoint : pourquoi ne pas partir plus longtemps ? D’autant plus qu’en vacances, elle pouvait enfin prendre le temps de tout avec ses enfants.
Finalement, elle et son conjoint en ont parlé aux enfants et ont écouté leurs envies respectives :
« Ils voulaient rester en contact avec leurs classes et ne voulaient pas dormir dans des endroits sales, faire des randonnées tous les jours, ni changer de ville trop souvent.»
En septembre 2023, un peu moins d’un an plus tard, c’est le grand départ : 18 mois de voyage prévus en sac à dos pour un tour du monde à quatre !
Difficile de s’engager dans un tel projet sans l’aval de chaque membre de la famille, parent et enfant confondu.
Tout le monde n’apprécie pas forcément de voyager à long terme, de perdre sa routine ou pour les adolescents, de s’éloigner de ses amis. Et c’est bien là le premier frein que certaines familles peuvent rencontrer.
Ainsi, Catherine, 52 ans, qui est partie sur un voyage au long cours en voilier il y a plus d’un an avec ses fils de 10 et 14 ans, aimerait bien faire durer encore son voyage, mais les enfants commencent à se plaindre du manque de leurs amis. Et puis se pose la question de l’école…
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La difficulté du suivi scolaire
En France, l’école n’est pas obligatoire, seule l’instruction l’est… Ce qui signifie qu’il n’est pas question de ne pas avoir un minimum de suivi scolaire pendant un long voyage. Plusieurs méthodes sont envisageables, à commencer par suivre les cours du CNED, les cours réglementés de l’éducation nationale à distance.
Du côté de Catherine, qui est Suisse, c’est le directeur d’école de ses fils qui a donné tous les contenus nécessaires pour leur faire cours… Mais pas les corrections ! Résultat, elle apprend avec eux, mais elle avoue que c’est parfois vraiment difficile. Depuis quelques semaines, elle et son mari ont demandé du soutien à un professeur suisse qui suit ses fils en ligne une heure par semaine.
« Pour moi, le suivi de l’école est le pire côté d’un voyage en famille. Cela donne lieu à des discussions quasi-quotidiennes, car les garçons n’ont pas forcément envie de suivre leurs cours, mais qu’il le faut ! »
Audrey, qui a des enfants plus jeunes, se contente pour le moment d’exercices de maths et de français trouvés dans des cahiers de vacances. Elle admet également la difficulté de la tâche : ni elle ni son conjoint ne sont enseignants, et les enfants font parfois de la résistance.
Une aventure riche en apprentissages
En plus de l’école, la gestion de la vie quotidienne peut prendre un tout autre ordre. Sur Illika, le voilier sur lequel navigue la famille de Catherine, les enfants sont responsabilisés : ils aident à la navigation, mais aussi à la vie quotidienne, par exemple, nettoyer le pont, aider au bricolage (il y en a sans cesse sur un bateau), à la cuisine ou à la vaisselle… Ils sont devenus extrêmement débrouillards et l’entourage de Catherine lui dit qu’ils sont matures.
« L’avantage principal est de pouvoir partager ces moments spéciaux de découverte ensemble. Au début du voyage, on a navigué en Europe, aux Canaries, dans des régions que je connaissais bien et pourtant, les redécouvrir en famille m’a permis de tout vivre et d’apprécier différemment. Aussi, en passant plus de temps avec, on les connaît mieux ! »
Audrey a également remarqué l’impact positif que ce mode de vie a eu sur ses enfants en quelques mois seulement :
« Ils vont plus facilement vers les autres, ils ont appris l’anglais et peuvent commander à manger seuls par exemple. Ils prennent aussi notion de la valeur de l’argent, de leur condition en France. De manière générale, ils ont grandi ! »
Seul point négatif selon Audrey, l’absence de moment « soupape » pour se ressourcer en tant que parent. Parfois, elle aimerait revoir ses amis le temps d’une soirée.
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L’épineuse question du budget
Difficile de donner le budget exact que coûte ce genre de voyages (il faut prendre en compte le type de voyage, la composition de la famille…), mais impossible d’en nier le coût, potentiellement inaccessible sans forte épargne ou rendement mensuel. Sur le site Tourdumondiste, un article avance des budgets allant de 12 000€/an (pour un voyage en vélo d’une famille de 4)… à 45 000€ pour un voyage en sac à dos pour 4.
Les budgets voyage omettent souvent l’investissement que coûte un voilier ou même un camion aménagé, à lui seul, plusieurs dizaines (parfois centaines) de milliers d’euros, à investir avant même de financer la vie courante en voyage.
Audrey, qui a décidé de voyager en transports locaux, s’est résignée à vendre sa maison (qui avait pris de la valeur grâce à la période Covid) pour financer ce rêve. Elle détaille sur son Instagram ses dépenses pour sa famille de 4 : 31€/jour et par personne en Thaïlande, 35€ à Bali… Soit plus de 4 000€ par mois.
Pour autant, Audrey ne regrette aucunement cet investissement et conclut :
« N’écoutez pas vos peurs. Nous n’avons qu’une vie, nos enfants qu’une enfance. Si vous avez envie de découvrir le monde avec eux, et que vous en avez les moyens, allez-y ! »
Vous pouvez suivre les aventures d’Audrey et sa famille sur leur page Instagram
Vous pouvez suivre Catherine et sa famille sur leur site internet
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