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Mode

Quand les hommes portaient jupes et talons : ce podcast détricote l’histoire genrée des vêtements

Pourquoi les vêtements pour femmes n’ont-ils pas de poches ? Depuis quand crop-tops et talons sont genrés comme féminins ? Parce que les vêtements n’ont pas de genre, seulement une histoire, le podcast Les mains dans les poches déconstruit nos perceptions des fringues. 

De la liberté plein les poches. C’est ce que propose la marque française, éthique, et féministe Hello World, à travers des vêtements conçus pour être beaux, regorger d’espaces de rangement bien pensés, et durer. Ce, dans des matières recyclées (pour les vestes) ou upcyclées (pour les chouchous).

En plus de leur campagne de financement participatif qu’elles viennent de lancer, les trois copines qui ont co-fondé la griffe — Héloïse Dung, Sarah Herbain, et Layla Gras — égrènent sur toutes les plateformes d’écoute (comme Apple Podcasts, Spotify, ou Deezer) un passionnant podcast baptisé Les mains dans les poches.

La grande Histoire genrée derrière les petits détails de nos vêtements

Aussi instructif que divertissant, chaque épisode d’une dizaine de minutes seulement détaille la grande Histoire derrière les détails loin d’être anodins de nos vêtements : « sans Révolution française, les femmes auraient des poches » ; « sans guerriers perses, pas de talons » ; « sans footballeurs américains, pas de crop-top » ; « Sans soldats romains, pas de mini-jupe », etc.

Autant d’histoires pouvant intéresser aussi bien les fashionistas que les déconsommatrices, puisqu’on est toutes concernées par le vêtement ! Et c’est ce que nous explique Héloïse Dung.

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Interview de Héloïse Dung, co-fondatrice d’Hello World et du podcast Les Mains dans les poches

Madmoizelle : Comment vous êtes-vous rencontrées, Sarah Herbain, Layla Gras, et vous ? Et comment est né ce projet de podcast Les Mains dans les poches, adossé à votre marque Hello World ?

Héloïse Dung : On s’est rencontrées dans une agence de pub, où Sarah a d’abord été ma tutrice de stage. On y a aussi rencontré Layla Gras, une créative qui travaille tous les visuels d’Hello World et qui signe notamment l’illustration du podcast Les Mains dans les poches. 

Le podcast est né assez naturellement quand on parlait du lancement de la marque. On voulait faire plus que créer des vêtements : on voulait, à notre échelle, avoir un vrai impact sur leur perception.

Ça fait des années que je me passionne pour l’histoire et la sociologie des vêtements, alors j’avais envie de partager toutes les informations que j’avais emmagasinées jusque là. En faire un podcast s’est rapidement imposé comme une évidence.

Pourquoi un podcast natif audio alors que la mode est un secteur si visuel ? Qu’est ce que ce médium vous permet de faire mieux qu’ailleurs ?

Le problème que j’ai rencontré personnellement en m’intéressant à l’histoire des vêtements, c’est combien les informations sont compliquées à trouver. Par exemple, pour le premier épisode sur les poches, j’ai mis des mois à trouver une source à la fois fiable et complète — et c’était une thèse en anglais, donc difficilement accessible.

Le podcast, c’est un médium relativement démocratique pour faire tomber du mieux qu’on puisse ces barrières d’accès. Ça nous permet de proposer facilement un contenu à la fois instructif et divertissant.

En podcast mode, on trouve beaucoup de témoignages, mais assez peu de ressources pédagogiques. Après, on a aussi conscience des limites de l’audio, c’est pourquoi le podcast se complète de ce qu’on appelle un visioguide sur le compte Instagram d’Hello World [dans les stories à la Une], afin de permettre aux personnes qui le voudraient d’aller plus loin et de voir les pièces dont on parle dans Les Mains dans les poches.

On réfléchit aussi à d’autres formes pour continuer de démocratiser l’histoire et la sociologie du vêtement.

En quoi la mode représente un bon moyen pour mieux comprendre l’histoire, l’économie, et les études de genre, comme vous le prouvez en dix minutes par épisode hyper accessible ?

Selon moi, ça fait très longtemps que le vêtement a largement dépassé sa simple fonction de nous protéger des éléments pour se transformer en mode qui raconte quelque chose, une histoire. Roland Barthes [philosophe et sémiologue français, 1915-1980] en parle d’ailleurs comme d’un langage [notamment dans Systèmes de la mode, 1967]. C’est bourré de sens, de significations culturelles, religieuses, économiques etc.

S’intéresser au vêtement peut donc contribuer à comprendre toutes ces dynamiques d’un point de vue à la fois intime et globale. Rien que les talons par exemple : leur arrivée en Europe via des délégations militaires perses raconte beaucoup des rapports politiques, de genres, et de classes de l’époque.

Comme on a toutes et tous un rapport au vêtement, réfléchi ou non, ça permet aussi de mieux se figurer ce qu’on raconte, car on peut le raccrocher à une expérience propre, une histoire intime.

Pourquoi la mode est-elle renvoyée à un sujet superficiel dans l’imaginaire collectif alors même qu’elle reflète et excite tant les passions, comme le prouvent les dernières sorties de Macron et Blanquer autour du crop-top par exemple ? 

Cela correspond à une période dont on parle beaucoup dans le podcast : la Grande Renonciation masculine. Pour simplifier, vers la Révolution française, la société s’est réorganisée afin de rompre avec les valeurs monarchiques. Cela correspondait au début de l’ère industrielle où l’on a commencé à prôner la sobriété et l’efficacité comme symboles de pouvoir. Si bien que tout ce qui tenait du vêtement d’apparat, qui occupait une place importante dans l’ancien système avec les rois, a été relégué au niveau du futile.

Depuis ce nouveau système de valeurs autrement plus patriarcal, la parure, la mode, la beauté et tout ce qui était désormais jugé comme superficiel, est laissé aux femmes. Sauf que la mode reste politique, liée aux enjeux de pouvoir, et donc un point que les hommes ont toujours cherché à contrôler, même depuis cette période de grande renonciation qui fait qu’on la renvoie à quelque chose de trivial et superficiel.

Cela a beau être perçu comme une affaire de femmes, c’est quand même contrôlé par des hommes, qui votent des lois, comme l’ordonnance de 1800 interdisant aux femmes de s’habiller en homme, par exemple.

Aujourd’hui, on a tellement pris l’habitude de dénigrer le vêtement, qu’on en oublie combien c’est un objet porteur de normes sociales. Quand Blanquer enjoint les lycéennes à s’habiller de manière républicaine, il passe à côté de leur propos qui consistait à dénoncer l’hypersexualisation des corps féminins dans certains règlements scolaires.

Le podcast s’adosse à votre marque, Hello World, dont vous venez de lancer la campagne de pré-commande (qui vous sert de financement participatif). Les premières pièces sont une veste à 7 poches ainsi qu’un chouchou doté d’une poche. Pourquoi avoir commencé par ces deux objets ?

On a voulu commencer par le vêtement le plus significatif des inégalités de vestiaire genrées en matières de poche : la veste. Si les poches intérieures, si pratiques, sont quasi systématiques dans les vestes au rayon homme, c’est vraiment l’inverse côté femmes. J’apprends presque tous les jours à des amis mecs que les meufs ont rarement de poches intérieures et ils réalisent alors combien ça peut être injuste. Alors on dessiné cette veste en matières recyclées à 7 poches dont 2 à l’intérieur.

On a aussi imaginé des chouchous à poche, pensé comme une poche de secours. Un peu pour remplacer ce qu’il peut arriver de mettre dans son soutif quand on ne porte que des vêtements sans poche : pour y glisser un ticket de vestiaire en boîte de nuit ou des clefs quand on va au sport, par exemple.

Tout en ayant été taillés dans des fins de rouleaux de grandes maisons (Schiparelli, Givenchy), ces chouchous restent accessibles niveau prix, donc c’en devient un symbole démocratique. 

Dans quelle mesure systématiser les poches dans les vêtements féminins comme l’ambitionne votre marque Hello World pourrait bien révolutionner la vie des femmes ?

Les poches peuvent donner aux femmes de la liberté. Un vêtement sans poche, c’est un vêtement dans lequel on n’est pas libre. Ça pousse à avoir un sac, ou les mains prises, d’autant qu’on ne peut pas les mettre dans ses poches. Ne pas disposer de poche, c’est perdre en autonomie.

Trouver des vêtements à poche aux rayons femme tient du parcours de combattante, alors des vêtements durables et esthétiques avec des poches, c’est quasi mission impossible. On veut donner le choix aux femmes d’avoir des poches ou non et rien que ça, ça tiendrait d’une révolution.

Si vous aviez un conseil à donner à une femme qui veut lancer son entreprise, quel serait-il ? 

De se lancer. Que ce soit moi, Sarah ou Laïla, je vois beaucoup de femmes qui n’osent pas se lancer. De manière générale, on va beaucoup plus se remettre en question qu’un homme, souffrir du syndrome de l’imposteur, etc. En lançant notre entreprise, j’ai aussi découvert la solidarité incroyable entre les femmes.

Depuis le lancement de notre campagne de financement participatif, on est shadowbanned par Instagram, ce qui nous met vraiment en péril, mais beaucoup d’entrepreneuses qui nous connaissent nous soutiennent en faisant des recherches contre ce shadowban, en repartageant notre campagne, etc. Donc le deuxième deuxième, ce serait de ne pas hésiter à demander de l’aide. 

Écouter Les Mains dans les poches sur : Apple Podcasts, Spotify, ou Deezer

Soutenir Hello World en pré-commandant sur leur campagne Kiss Kiss Bank Bank.

Crédit photo : Layla Gras pour Hello World


Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.

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